Contenu
Grand format
Inédit
Tout public
288 p. ; 20 x 13 cm
ISBN 978-2-37654-009-0
Coll. "Parabellum"
Pas de chocolat
Savez-vous planter des bras À la mode, à la mode... Savez-vous planter des bras à la mode de chez... Qui peut bien s'amuser (excusez-moi du terme) à planter des avant-bras dans Rouen et ses environs ? C'est, a priori, le mystère que doit élucider le lieutenant Gantier. Évidemment, on imagine le décalqué du bulbe qui a retenu sa haine des Hommes pendant des années jusqu'à ce qu'un beau jour il lui arrive dans sa vie un événement déclencheur que le v'là devenu coupeur et planteur de membre supérieur. Comme qui dirait un serial killer qui utiliserait un sécateur et une binette pour s'exprimer et se faire connaître de ses semblables. Normalement, oui, c'est le genre de confrontation qui attend Gantier. Sauf que... Sauf que son dirlo lui demande de surveiller de près une de ses collègues, Lise Cortella, fille d'un ancien de la maison, qui ne croit pas au suicide de son père survenu vingt ans plus tôt. Norbert Cortella était un grand flic qui flirtait avec le Milieu et son autodestruction (on retrouva son corps calciné dans une bagnole) a toujours semblé douteuse à la jeune femme qui n'était alors qu'une enfant. Sa vocation policière est d'ailleurs née du désir de découvrir la vérité sur la mort de son paternel. Sauf que... Sauf que rapidement, cette mission en loucedé accapare Gantier, because la "coéquipière" remue beaucoup et que, du coup, ça remue aussi beaucoup autour d'elle. Et pas que des gens sympathiques et chaleureux. Sauf que l'on continue à retrouver des avant-bras, pis même ce qu'il reste d'un corps dans un immeuble abandonné. Sauf qu'il y aurait une histoire de diamants qui seraient venus d'Afrique au début des années 1990 et que le père Cortella n'y aurait pas été insensible, tout comme un roi de la pègre rouennaise d'ailleurs. Sauf que Caroline Mertz, capitaine et supérieure hiérarchique de Gantier, qui traverse actuellement une passe difficile du fait de sa vie privée, disparaît à un moment où un flic ne disparaît jamais, c'est-à-dire en plein milieu d'une affaire d'avant-bras retrouvés un peu partout dans Rouen et ses environs. Mais... on tourne en rond, là, non ? Eh bien, je vous ferai une réponse de Normand : peut-être bien que oui, peut-être bien que non. Ce qui est sûr c'est que Gantier est au centre d'un vaste merdier !
Patrick Morel nous livre un polar nerveux et efficace, mené par un héros intrépide, flic bourru certainement pourvu d'un grand cœur. Non, sérieusement, derrière tout ça, il y a trois vraies bonnes idées qui sont, d'une, celle de nous présenter un crime de serial killer et de nous emmener ailleurs, sur une autre affaire, interne, entre un flic chargé d'en surveiller un autre parce que celui-ci (enfin "celle-ci" puisque le flic est une femme) risque de déranger la poussière qui recouvre les vieux dossiers de la maison. De deux, que le personnage qui surveille (Gantier donc) soit bienveillant envers la collègue qu'il surveille et suffisamment policier pour que l'enquête de celle-ci lui donne envie d'enquêter également. De trois, que les crimes du sadique continuent et nous ramènent, comme ils ramènent Gantier, à une histoire qui semblerait finalement de trop alors qu'elle a autant d'importance que l'autre. En tout cas, je suis vraiment entré de plain-pied dans cette histoire anatomique aux personnages attachants. Attention, cependant, sur la fin ça s'essouffle un peu, comme semble s'être aussi un peu essoufflé l'auteur qui nous fait plusieurs fois le coup de terminer un chapitre sur une perspective d'action très prometteuse, action qu'il désamorce quelques pages plus loin, ou alors dont il se contente de nous offrir le compte rendu puisqu'elle s'est déroulée sans nous, ce qui est bien dommage !
Citation
L'avant-bras avait été planté à l'arrière de l'église, dans le parterre de pensées jaunes du monument aux morts. Un modus operandi rappelant celui du membre retrouvé à Saint-Martin-de-Boscherville, trois jours plus tôt. Un avant-bras plus court que les précédents, à la paume positionnée dos à la nef et aux attaches si fines qu'il y avait peu de doutes sur le sexe de la victime.