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À l'Ombre de la mort
Grand format
Inédit
Tout public
Traduit de l'allemand par Alain Huriot
Paris : Le Seuil, juin 2009
320 p. ; 22 x 14 cm
ISBN 978-2-02-096869-0
Coll. "Policiers"
Le projet "Europe" comme panier de crabes mafieux…
Trieste. La Porte des Balkans. Pas loin Bari, la ville boat people et la côte apulienne où flottent les cadavres d'hier et d'aujourd'hui. Presque les mêmes quand on y songe : des pauvres gens, victimes des nazis hier, des néo-nazis de l'ex-Yougoslavie aujourd'hui. Mia déboule d'Australie dans cette région qui fut le berceau de sa famille et qu'elle ne connaît pas. Elle vient pour y régler une question d'héritage : un entrepôt, oublié depuis des lustres par la population du coin, mais que l'on découvre à l'occasion bourré d'armes, de matériel militaire, d'explosifs en tous genres… Une découverte qui fait suffisamment de bruit pour alerter la presse et les états-majors du pays, y compris les services secrets, qui ont sur la conscience beaucoup à cacher…
Mia débarque, trop belle pour passer inaperçue, si bien que la voilà aussitôt embarquée dans de sales histoires, qu'un cadavre enveloppe plus qu'il ne devrait – le sien à elle toute seule. Un cadavre plus gênant donc que les maffieux qu'elle croise, voire ce vieux dossier de la Seconde Guerre mondiale particulièrement brûlant parce qu'il contient tous les noms des anciens tortionnaires de la République de Salo. Sans compter les Serbes pourchassés par le Tribunal International pour crime contre l'humanité, reconvertis en trafiquants de femmes, de clandestins, de drogue, d'armes…
Mille affaires dans lesquelles l'action de ce roman ne cesse de rebondir, sous l'œil coriace du commissaire Laurenti. Pas facile d'en démêler les nœuds, et pour cause : Trieste fut de 1947 à 1954 un "État libre", c'est-à-dire un vrai nid d'espions arrivés de tous les coins du monde, y compris ceux de la CIA qui venaient ici régler les problèmes liés au port et aux cargos du grand deal américain, connu sous le nom plus respectable de Plan Marshall.
Trieste ville ouverte, capitale de l'immigration clandestine, avec pour mémoire son camp de concentration, la Risiera, qui n'a pas fini de révéler ses secrets. C'est tout cela que le roman brasse, ambitieux presque à l'excès, monumental et cependant écrit comme un vrai policier, menant ses intrigues avec bonheur et servies par des personnages attachants, dont celui de Laurenti, la cinquantaine coriace, et qui sans cesse reprend Moby Dick, cette lecture qu'il n'arrive ni à achever, ni à lâcher. Le tout d'une écriture lucide, qui ne s'embarrasse pas d'une fastidieuse documentation historique, comme il en va trop souvent dans ce genre de propos.
On en parle : 813 n°105
Citation
L'Union européenne dégénère de plus en plus en une clique de lobbyistes.