Le Mal du double-bang

Je n'avais jamais vu ma mère soûle mais, au train où elle calait son verre, on aurait bientôt droit à une première, comme quoi les mères sont humaines. Une journée plate.
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Roman - Noir

Le Mal du double-bang

Drogue - Gang - Urbain MAJ mercredi 03 mars 2010

Note accordée au livre: 4 sur 5

Poche
Réédition

Tout public

Prix: 11 €

Laurent Fétis
Paris : Baleine, janvier 2010
328 p. ; 17 x 12 cm
ISBN 978-2-84219-469-7
Coll. "Noire"

Certains l’aiment destroy

Les frères Sarvani sont deux losers justes bons à faire tapiner trois pauvres filles, entourés de trois ou quatre gueules cassées encore plus pathétiques qu'eux. Le cadet, Gus, est tout à fait conscient de sa médiocrité, et s'en accommode très bien. Sa seule préoccupation, c'est de se fournir sa came quotidienne. Hélas, son frère Rico, le chef du "gang", est persuadé être le fils d'Al Capone et de Ma Baker. Tout droit sorti d'un film de Billy Wilder, il n'a qu'une seule ambition, être invité à la table des négociations avec les deux grands caïds de la ville, qui l'ignorent superbement. Pour ce faire, il va provoquer une guerre des gangs meurtrière, entraînant dans sa folie mégalomane son frangin camé jusqu'à l'os et prêt à toutes les trahisons pour obtenir ses doses de double-bang, une drogue révolutionnaire.

Ça commence comme dans un mauvais film des années 1980, avec des bastons dans des parkings souterrains, des types aux vestes retroussées sur les manches, et une apologie de la seringue à chaque page. Poésie suburbaine, mythologie de l'asphalte, odeurs de cambouis, le nez dans la poudreuse.
Et puis passé cette impression initiale, le récit trouve son rythme de croisière. L'intrigue se met en place, les caractères s'affinent, deviennent attachants, détestables, grotesques, pathétiques, humains… Le roman – construit à la manière d'une tragédie grecque – décolle vraiment. Oralité travaillée (le narrateur s'adresse à nous régulièrement), alternance judicieuse de passages comiques et tragiques, montée en puissance, fatalité…
Malgré des passages franchement hilarants (la création du groupe de rap censé mettre le feu aux banlieues est un grand moment), il s'agit d'un roman sombre, désespéré, sans concession, qui préfère les images crues aux discours lénifiants sur la société moderne.

Citation

– T'as jamais été, t'es pas et tu seras jamais un gangster.
– Pourtant, j'ai un chapeau, un flingue et des godasses.
– T'es une image d'Épinal, Rico. Tu t'es monté un film dans ta tête et t'as essayé de modeler le monde pour que ça coïncide. Mais c'est de la daube !

Rédacteur: Maxime Gillio mercredi 03 mars 2010
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