Des voisins qui vous veulent du bien

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Roman - Thriller

Des voisins qui vous veulent du bien

Psychologique MAJ mercredi 17 mars 2010

Note accordée au livre: 4 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 12 €

Caroline Sers
Paris : Parigramme, novembre 2009
188 p. ; 21 x 14 cm
ISBN 978-2-84096-607-4
Coll. "Noir 7.5"

J.F. revendrait appartement

Bénédicte et Rodolphe sont les nouveaux propriétaires d'un logement dans un immeuble de l'est parisien. Leur salon donne sur le Père Lachaise, les soirs d'été y sont agréables, l'air parfumé et chargé de cris d'enfants. Eux, on les devine un peu coincés. Originaires des quartiers huppés et bourgeois, engoncés dans leurs certitudes, leurs a priori et leurs préjugés. C'est donc le choc des cultures lorsqu'ils emménagent dans ce quartier vivant, populaire, brassé, associatif, militant, vivant. Un dépucelage pas forcément désagréable, d'ailleurs. L'impression de découvrir un nouveau monde, une nouvelle vie.
Sauf que deux incendies criminels et meurtriers ont lieu à quelques mètres. Que les voisins du dessus, d'aimables altermondialistes, leur cherchent des noises. Que l'on retrouve des chats égorgés dans l'immeuble. Que des opérations bancaires suspectes ont lieu sur le compte commun ou que leurs amis assurent recevoir des messages qu'ils n'ont pourtant jamais envoyés. Bref, cet emménagement tant souhaité prend des allures de cauchemar, surtout lorsqu'il fait ressortir les tensions au sein de ce couple pas si parfait.

Amateurs de serial killer, de thrillers à l'américaine ou de sanguinolent, passez votre chemin. Caroline Sers nous a pondu un petit bijou de polar psychologique, sans esbroufe ni clairons, mais avec une tension qui va croissant tout au long du roman. L'action est essentiellement vécue à travers les yeux de Bénédicte, jeune coincée, confite dans son éducation petite-bourgeoise, mais désireuse de s'en débarrasser. Les infos sont savamment distillées, l'écriture est sobre et déliée, et les portraits très bien réussis. Pas de manichéisme ni de politiquement correct, les psychopathes ne sont pas toujours ceux qu'on croit.
Le danger aurait été de s'enfermer dans le cerveau de Bénédicte, d'en tartiner des pages et des pages sur ses états d'âme et ses angoisses, mais ce n'est pas le cas ici. L'ensemble est parfaitement dosé entre introspection, légèreté et coups de théâtre. Difficile en effet de terminer un chapitre sans avoir envie de lire au moins le début du suivant.
Excellente pioche, donc, que ce roman psychologique et urbain, et bravo à Caroline Sers et aux éditions Parigramme.

Citation

Sans ajouter un mot, Rodolphe laissa tomber le paquet par terre avant de quitter la pièce. Bénédicte se pencha, interloquée, pour jeter un coup d'œil. Un livre jaune et noir dépassait. À son tour, elle blêmit en voyant le titre.
Le Sexe pour les nuls.

Rédacteur: Maxime Gillio lundi 15 mars 2010
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