Dernière manche

Roman - Policier

Dernière manche

Longue route semée d'embûches

Martin Mesnil est un homme d'aujourd'hui qui tente de vivre le plus honnêtement possible entre son ex-femme pour lauelle il a encore un tendre penchant, ses deux adolescents qu'il essaie d'élever de son mieux et des petits boulots pour coller tout ça. C'est aussi un amateur de musique, heureux d'apprendre que Sean un Irlando-Américain musicien et ancien membre de l'IRA va venir faire une série de concerts dans le coin de Grandcamp-Maisy (à côté de Saint-Lô). Lors du concert de Sean, Martin a rencontré Muriel, une journaliste locale tendance intrépide. Et après, alors que les trois personnages repartent, le scooter de Muriel est volé par deux jeunes gens. Les deux hommes se précipitent et les voleurs en s'enfuyant, ont un accident. L'un d'eux est emmené à l'hôpital (d'où il disparaitra) et le second s'évapore avant l'arrivée de la police. Martin le retrouvera caché dans sa voiture : les deux voleurs sont des orphelins roumains, venus en France et coincé par Ladinas, un trafiquant roumain. En essayant d'aider le jeune homme, inquiet notamment pour une jeune Roumaine restée entre les mains de Ladinas, Muriel, Martin et Sean vont découvir que le trafiquant est aussi impliqué dans l'offre de la jeune fille dans des soirées échangistes et pour des clients particuliers. Ils vont alors décider de prendre les affaires en mains ce qui va peut-être bien déranger les notables normands.

Martin Mesnil est, comme Le Poulpe ou Tanguy, un personnage récurrent, doté de certaines caractéristiques, dont les auteurs peuvent s'emparer pour lui donner la place dans une histoire policière. Jean-Noël Levavasseur a déjà raconté ses aventures et il récidive ici de belle façon. Le récit est de forme classique : la vie provinciale avec un personnage un peu ballotté par la vie et les événements, qui va devoir se confronter à une situation noire - ici, les immigrés roumains et la façon dont ils peuvent être utilisés de manière horrible par des personnages indélicats et criminels. Le reste est très réaliste et les personnages crédibles, Martin obtenant l'aide d'un Irlandais capable de se battre et d'une intrépide journaliste qui n'a pas froid aux yeux. Les rebondissements s'inscrivent dans ce caractère réaliste et l'auteur connait visiblement les décors des lieux dans lesquels il inscrit son histoire. Récit efficace, bien construit, ne négligeant pas ses personnages, avec leurs doutes et leurs difficultés, Dernière manche, qui fait écho à Une manche perdue (OREP, 2016) continue une série de qualité qui a choisi de privilégier un petit nombre de titres pour assurer l'ensemble. Un livre d'une série intéressante à lire et a conserver.

NdR - Jean-Noël Levavasseur est un chroniqueur régulier de k-libre.

Citation

Il chuchota le prénom du garçon en frappant légèrement sur le panneau de bois. Toujours rien. Ils regardèrent le gros cadenas à quatre chiffres qui verrouillait la porte. Martin savait ouvrir des serrures simples, mais une fermeture comme ça, ça dépassait ses compétences d'apprenti justicier.

Rédacteur: Laurent Greusard jeudi 19 septembre 2024 partager : | |