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Kebab Story


Grand format
Inédit
Tout public
156 p. ; 21 x 15 cm
ISBN 978-2-9534737-2-8
Yelek ! Yelek ! Martigs !
Lyon, Place des terreaux. Ardémis débarque de Marseille. Elle s'arrête devant une buvette, commande un kebab. Juste un kebab, servi par un adolescent loquace qui soudain lui décrit, mot pour mot, pierre pour pierre, la cour, la fontaine, la couleur des murs de cette maison, là-bas, désertée depuis 1915 par les siens, rescapés du génocide arménien. Ardémis bousculée soudain, rattrapée par la manche, l'Histoire avec ses ailes immenses et sa tête de linotte la convoquant sans retenue. Elle va enfin savoir, peut-être, qui occupe la maison ancestrale depuis 1915, qui a pillé leurs biens. Ardémis exhortant du coup le Flicorse, le commandant Matthieu Difrade - un Corse -, pour qu'il enquête, cherche, fouille, arrache son passé à l'oubli. Elazig, Kharpet, la ville aux deux noms devenue centre du monde, césure des haines de jadis, s'invitant dans la narration pour la couper de part en part, la slamer en langues originelles où traverser l'Histoire à la nage. Même encombré de nostalgie, le récit ouvre alors à une autre dimension, à parcourir ses espaces fous, littéralement, de New York à Erevan. Celle d'identités moins éclatées que dépliées, ouvertes à la seule vérité : le monde partout à portée de main, dans l'incise de ces langues devenues toutes étrangères et toutes familières. Smyrne, l'Anatolie en radeau occulte d'une traversée de mémoire réjouissante : le Caucase arrimé aux Traboules... Mieux qu'une mosquée à la place d'une église !
Écrit à deux mains, on y retrouve un Flicorse discourant toujours sur les fins du monde, scrutant un vieil alphabet arménien pour en extraire l'humanisme le plus juste. Deux mains s'entrelaçant pour conter le monde d'aujourd'hui tel qu'il se donne à entendre loin de toute besogne mémorielle. Une archéologie en somme, d'un savoir déterré, ouvert à de formidables évocations du paysage corse - "nos morts faisaient de la Corse un lieu d'éternité".
Citation
Je les reconnais tous ces os sans tombe, ces os devenus poussière…

