La Vieille qui marchait dans la mer

Mes victimes, je ne les voyais que comme des objets. Ils n'étaient sur terre que pour me satisfaire. Finalement, je prenais plus de plaisir à tout préparer et à mettre mon plan en action qu'à tuer.
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Roman - Noir

La Vieille qui marchait dans la mer

Arnaque MAJ mercredi 06 octobre 2010

Note accordée au livre: 6 sur 5

Grand format
Réédition

Tout public

Prix: 16 €

San-Antonio
Olivier Balez (illustrateur de couverture)
Paris : Fleuve noir, mai 2010
346 p. ; 23 x 13 cm
ISBN 978-2-265-08954-9

L'âgée de la moule

Milady semble être une vieille rombière comme tant d'autres. Décrépite, nostalgique, elle profite de ses derniers jours sur une plage de Guadeloupe, avec Pompilius, ex-amant, ex-associé, ex-compagnon de truanderie.
Parce que Milady n'est pas une vieille femme comme les autres. Sa vie est un roman, qu'elle nous découvre par bribes, au gré de ses souvenirs flottants : ancienne espionne, arnaqueuse, pute de luxe... Difficile de démêler le vrai du faux, alors que la sénilité s'empare d'elle au fil des pages. Seul point d'ancrage dans la réalité : Lambert, bellâtre à moitié gigolo, qu'elle paye pour l'accompagner dans sa déchéance.
Ce roman signé San-Antonio est un hors-série. Entendez que c'est un Frédéric Dard, mais qui se vend mieux. Et celui-ci fut un carton phénoménal, adapté au cinéma d'ailleurs avec Jeanne Moreau et Michel Serrault. Considéré comme l'un des trois chefs-d'œuvre absolu de Dard, c'est un livre absolument terrifiant.
Terrifiant sur le fond, car Dard, qui a soixante-sept ans au moment où il l'écrit, laisse libre cours à ses démons, ses angoisses et ses fantasmes morbides : la vieillesse, la décrépitude physique, le délabrement intellectuel et les interrogations sur l'au-delà. Ce n'est pas pour autant un livre testament. Il y a une intrigue policière, très mince, et Dard ne verse pas dans l'auto-apitoiement. Au contraire, il y a une rage froide à en mettre plein la gueule de cette vieille salope de Milady – et à travers elle, à la Mort - comme un ultime combat, que l'on sait perdu d'avance, mais que l'on aborde avec fierté et lucidité.
Et c'est un livre terrifiant dans le style. Rarement Dard aura atteint une telle virtuosité dans l'écriture. Les longs monologues de Milady, ses adresses à Dieu et ses complaintes sont écrites la rage au corps, avec une puissance telle que chaque phrase est une claque dans la tronche du lecteur. C'est à tel point que l'on est parfois en apnée, à la limite de l'asphyxie et qu'il nous faut refermer le livre pour reprendre notre souffle et nos esprits. Et pour mieux y replonger aussitôt.
Il faut lire ce livre régulièrement. Tous les cinq ou dix ans. Pour qu'à chaque nouvelle lecture, on mesure mieux l'incroyable lucidité de Dard, son regard si cruellement lucide. Et pour qu'à chaque nouvelle lecture, sa rage devienne nôtre.

Citation

Franchement, Seigneur, c'est dégueulasse de permettre ça ! Une femme de mon âge et dans mon état qui, déjà, souffrait le martyre ! Mais qu'est-ce qui Vous prend, bordel ? J'ai raté ou bâclé ma prière du soir ? J'ai commis une saloperie ? Si Vous avez des rognes contre moi, allez-y carrément, dites-le, au lieu de me tourmenter dans ma chair !

Rédacteur: Maxime Gillio lundi 04 octobre 2010
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