Chambre noire

Je ne bougerais pas d'ici ni de n'importe quel endroit où je me trouverais, parce qu'il n'y a plus aucun endroit qui soit mieux qu'un autre, sauf les pays communistes qui sont encore pires.
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vendredi 29 mars

Contenu

Roman - Thriller

Chambre noire

Historique - Énigme MAJ jeudi 11 décembre 2008

Note accordée au livre: 5 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 18 €

Eva-Marie Liffner
Camera - 2001
Traduit du suédois par Marie Ollivier-Caudray, Esther Sermage
Paris : Rivages, mai 2007
224 p. ; 23 x 15 cm
ISBN 978-2-7436-1670-0
Coll. "Thriller"

Actualités

  • 12/02 Édition: Parutions de la semaine - 12 février
    Semaine très dense avec beaucoup d'ouvrages intéressants ou prometteurs. Les éditions Rivages nous proposent ainsi le nouveau roman d'Eva-Marie Liffner en même temps que la réédition en poche de son Chambre noire qui avait tant plu à Isabelle Roche. Un petit duo d'auteurs en devenir vient enrichir la collection "Labyrinthe" du Masque. Retenez bien leurs noms : Charles Dickens et Wilkie Collins. Pendant ce temps, Le Seuil sort le nouveau roman de Kirino dont il se murmure que c'est bien le meilleur (alors même que le précédent était de très bonne facture ; la chronique très bientôt en ces pages), Marin Ledun entre dans "Le Poulpe" et Dominique Manotti nous délivre un Bien connu des services de police de haute volée. À vous de découvrir le reste !

    Grand format
    Main basse sur l'Occident, de Bernard Besson (Odile Jacob "Thriller")
    La Librairie des ombres, de Mikkel Birkegaard (Fleuve noir)
    Venin, de Sharon Bolton (Fleuve noir)
    Vengeances meurtrières aux rapines, de Daniel Borgis (Déméter)
    Le Sculpteur d'âmes, de Raphaël Cardetti (Fleuve noir "Thriller")
    Le Grand théâtre, de François Ferbos (Le Télégramme)
    La Commissaire n'aime point les vers, de Georges Flipo (La Table ronde)
    Le Dirty secrets club, de Meg Gardiner (Fleuve noir "Thriller")
    Classe dangereuse, de Patrick Grenier de Lassagne (La Manufacture des livres)
    Meurtre au Nouvel Observateur, de Pierre Hédrich (Archipel)
    Noon Moon : le mercredi des Cendres, de Percy Kemp (Le Seuil "Thriller")
    Le Vrai monde, de Natsuo Kirino (Le Seuil "Thriller")
    Imago, de Eva-Maria Liffner (Rivages "Thriller")
    Ogham, de Pierre-Olivier Lombarteix (éditions du Temps)
    La Trahison dans la peau : l'empreinte de Bourne, de Eric van Lustbader (Grasset)
    Noir océan, de Stefan Mani (Gallimard "Série noire")
    Bien connu des services de police, de Dominique Manotti (Gallimard "Série noire")
    Une odeur de Havane, de Jean-Marie de Morant (Héloïse d'Ormesson "Littérature française")
    Déviances, de Steve Rosa (Serpenoise)
    Intrusion, d'Elena Sender (XO)
    Black water transit, de Carsten Stroud (Archipel)
    Meurtre en la majeur, de Morley Torgov (Actes sud "Noirs")
    L'Affaire de la veuve noire, de Jeronimo Tristante (Phébus)
    Les Survivantes, de Lalie Walker (Actes sud "Noirs")
    Le Prix du sang, de Robert Wilson (Robert Laffont "Best sellers")

    Poche
    La Danse des obèses, de Sophie Audouin-Mamikonian
    Le Secret du dixième tombeau, de Michael Byrnes (Pocket "Thriller")
    Un été ardent, d'Andrea Camilleri (Pocket "Thriller")
    Coup de grisou à Pleumeur-Bidou, de Michel Courat (A. Bargain "Enquêtes & suspense")
    Les Figurants ; Cités perdues, de Didier Daeninckx (Folio)
    Le Dernier espion, de Leif Davidsen (Folio "Policier")
    Stone baby, de Joolz Denby (Folio "Policier")
    Hollywood-Palerme, de Piergiorgio Di Cara (Métailié "Suite italienne)
    L'Abîme, de Charles Dickens & Wilkie Collins (Le Masque "Labyrinthes")
    Un écho dans la nuit, de Dianne Emley (Pocket "Thriller")
    Colère en Louisiane, de Ernest J. Gaines (Liana Levi "Piccolo")
    Duel en enfer : Sherlock Holmes contre Jack l'éventreur, de Bob Garcia (J'ai lu "Policier")
    Poétique du combat, de Cyril Gely (Krakoen)
    Les Messes noires de l'île de Berder, de Hervé Huguen (A. Bargain "Enquêtes & suspense")
    Celui qu'on ne voit pas, de Mari Jungstedt (LGF "Policier)
    Un singe en Isère, de Marin Ledun (Baleine "Le Poulpe")
    Chambres noires, de Eva-Maria Liffner (Rivages "Noir")
    Le Transfuge, de Robert Littell (Points "Policier")
    Brume de chaleur, de Chuck Logan (Rivages "Noir")
    Le Bonhomme de neige, de Jo Nesbø (Folio "Policier")
    Le Projet carnivore, de Don Pendleton (Vauvenargues "L'Exécuteur")
    Meurtre en Acadie, de Kathy Reichs (Pocket "Thriller")
    Et l'eau devint sang, de Ruth Rendell (LGF "Policier")
    Partie sans dire adieu, d'Ann Rule (LGF "Thrillers")
    Fox-trot, de Michel Sandoz (Ginkgo "Noir d'ailleurs")
    L'Assassin de police, de Maj Sjöwall & Per Wahlöö (Rivages "Noir")
    Les Terroristes, de Maj Sjöwall & Per Wahlöö (Rivages "Noir")
    Réveillon obscur en Saumur, de Lise Tiffanneau-Midy (A. Bargain "Enquêtes & suspense")
    La Liste Hariri, de Gérard de Villiers (Gérard de Villiers "SAS")
    Liens : Bien connu des services de police |Natsuo Kirino |Eva-Marie Liffner |Dominique Manotti |Lalie Walker |Didier Daeninckx |Wilkie Collins |Bob Garcia |Marin Ledun |Jo Nesbø |Ruth Rendell |Maj Sjöwall |Per Wahlöö

Chronique

Johanna Hall est photographe ; son oncle Jacob, décédé en 1988, lui a légué tout ce qu'il possède, dont son appartement de Göteborg. Mais ce n'est que huit ans plus tard qu'elle se résout à inventorier les biens du disparu. Ce faisant, elle découvre dans un carton une série de clichés datant du début du XXe siècle et un journal que Jacob a tenu en 1905 - il vivait alors à Londres et était l'apprenti d'un photographe réputé, Herbert Burrows. Photos intrigantes, journal rédigé en écriture chiffrée, allusions à la Société de Théosophie, à la célèbre Madame Blavatsky, à des enfants sans foyer portés disparus... Il n'en faut pas davantage pour attirer Johanna à Londres, où elle espère apprendre ce que sont ces événements étranges auxquels son oncle, encore à peine adolescent, a été mêlé.

Après un prologue morcelé posant les jalons historiques de l'histoire à travers les personnages ayant réellement existé que côtoiera Jacob - Madame Blavatsky, Annie Besant, William Thomas Stead - le récit de Johanna commence. Écrit à la première personne, au présent, il tresse très adroitement plusieurs strates chronologiques - le "présent" de la narratrice, l'année 1905 où ont eu lieu les événements sinistres narrés par Jacob, les années 30 - et agence en un savant puzzle les interventions de différents narrateurs. Très descriptif, le texte dépeint des protagonistes bien campés, très individualisés, et instaure à merveille les ambiances - l'auteur, attachée aux moindres détails, a beaucoup de talent pour restituer en peu de mots odeurs, textures, sensations... et, par là, les époques évoquées. Une subtile ironie, que l'on sent courir tout au long du roman, le pimente finement.

L'intrigue proprement dite exige donc un effort de lecture puisque, à ce maillage temporel, correspond l'entrelacement de plusieurs enquêtes - les recherches qu'a menées Jacob en 1905 au moment des faits, celles qu'entreprendra, dans les années 1930, un des personnages lié aux acteurs du mystère et, enfin, les investigations de Johanna à Londres, notamment dans la maison où se trouvait le siège de la Société de Théosophie en 1905. De plus, le demi-mot et l'ellipse sont souvent de rigueur : le lecteur doit accomplir par lui-même une bonne partie du chemin narratif.

Vous verrez cependant que le roman titre cinq k sur l'échelle de k-libre qui en compte six ; cette appréciation est davantage d'ordre affectif que strictement littéraire : je me suis engouée pour Chambre noire parce que j'y ai trouvé de très fortes résonances avec des attraits personnels - la photographie argentique, l'ésotérisme, et la période où s'articulent les XIXe et XXe siècles. Les lecteurs qui ne partagent pas ces intérêts-là risquent de ne voir dans ce livre qu'une intrigue somme toute un rien ennuyeuse, dont on suit mal le déroulement tant est complexe la construction. La narration savante, les longues descriptions, et le ton dont la traduction laisse percevoir la singularité témoignent d'une indéniable maîtrise littéraire - sacré "Meilleur roman policier suédois", le livre a également reçu une récompense couronnant "un ouvrage de littérature générale" (dixit la quatrième de couverture). De fait, Chambre noire doit surtout se lire comme un récit historique très adroitement ficelé, à l'écriture soignée, non comme un polar pur et dur que l'intensité du suspense porterait à la limite de la rupture narrative - lequel roman se verrait attribuer le sixième k...


On en parle : La Tête en noir n°132 |La Tête en noir n°130

Citation

La clé du grenier y pend comme un jeune paysan mal dégrossi au milieu de gracieux vieillards.

Rédacteur: Isabelle Roche lundi 24 novembre 2008
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