L'Envers du décor

Un ascenseur permet seulement un déplacement. Un escalier, permet une élévation.
Thierry Berlanda - L'Insigne du Boiteux
Couverture du livre coup de coeur

Coup de coeur

Éclipse totale
Harry Hole a été exclus de la police, ce qui ne l'empêche pas de couler des jours heureux, bouteille ...
... En savoir plus

Identifiez-vous

Inscription
Mot de passe perdu ?

vendredi 29 mars

Contenu

Roman - Policier

L'Envers du décor

Tueur en série - Braquage/Cambriolage - Urbain MAJ dimanche 02 janvier 2011

Note accordée au livre: 4 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 22,5 €

Joseph Wambaugh
Hollywood Moon - 2009
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Robert Pépin
Paris : Le Seuil, octobre 2010
466 p. ; 23 x 14 cm
ISBN 978-2-02-100146-4
Coll. "Policiers"

Une nouvelle comédie humaine

Jakob Kessler (mais c'est un faux nom) est un petit escroc qui magouille dans Hollywood. Il est coincé entre une épouse tyrannique, véritable cheftaine et organisatrice des escroqueries, qui se plaint sans cesse qu'il ne rapporte pas assez d'argent et des subordonnés qui aimeraient récolter une plus grosse part du magot et sont prêts à tout pour cela. De plus il vient d'engager un petit nouveau dont sa femme est tombée amoureuse. Seul problème : ce petit nouveau est en train d'entamer une carrière de tueur en série.
Face à lui, les policiers pris entre leurs problèmes personnels, le politiquement correct de leurs chefs et la complexité du métier tentent d'endiguer cette criminalité.
Joseph Wambaugh a construit une œuvre à part au sein de la littérature policière. Certes, il écrit de facture très classique, et il peaufine ses intrigues, mais il a lui-même été policier. Aussi plus que l'histoire elle-même, c'est le soin qu'il apporte à décrire ses personnages, dans leurs actes professionnels les plus quotidiens qui force l'admiration. Même si l'histoire reste romanesque et emporte le lecteur, l'intérêt essentiel consiste en cette somme d'anecdotes, vécues de l'intérieur, rapportées avec soin, qui fondent comme une mosaïque vivante et mouvante devant les yeux du lecteur de la vie grouillante d'une cité. De l'autre côté, les petites arnaques sont elles aussi décrites avec soin, de l'intérieur elles aussi, et l'on se surprend à transpirer avec les petits truands qui attendent une camionnette de livraison pour voler deux écrans plats.
L'auteur sait alterner entre les moments de rire et les instants plus tragiques comme lorsque deux policiers qui cherchent l'amour vont enfin le trouver mais coincés dans une fusillade absurde, l'un d'eux est fauché par la mort. En revanche, lorsque Jakob Kessler comprend que son épouse ne partagera jamais leur magot et qu'il décide de la faire kidnapper, le récit tourne à la farce tragique, dans l'atmosphère des meilleurs films des frères Coen. Les policiers oscillent sans cesse entre des moments chevaleresques intenses, où leur vie individuelle se dépasse pour servir leurs camarades et la communauté et ceux où ils font preuve d'égoïsme et d'esprit de corps, les présentant comme ni plus purs, ni moins dégueulasses que les autres hommes.
Il n'y a ni optimisme triomphant de la loi et de la justice, ni noirceur du mal envahissant la ville et la civilisation, mais la horde grouillante des humains qui cherchent désespérément à gagner leur bonheur, pétris dans leur propre contradiction, à l'instar de Jakob Kessler, acteur raté qui ne peut s'empêcher de sur-jouer même lorsqu'il joue le rôle de sa vie : il doit faire la victime, et ses partenaires horrifiés par son mauvais jeu, ne peuvent s'empêcher de le frapper pour de vrai ! À l'image également d'Hollywood Nate, un policier qui pour amuser la galerie, loue des nains pour jouer avec lui contre ses coéquipiers. Joseph Wambaugh montre ici toute son humanité. Il décrit des gens ordinaires, pris dans leurs envies particulières, dans les chocs et les soubresauts de la vie, englués par les autres qui ont des envies opposés.

Citation

Comme si j'essayais pas de vivre une vie décente, hein, frangin ? Non moi, ce que j'veux savoir, c'est pourquoi Dieu me traite comme une miette de cul.

Rédacteur: Laurent Greusard mercredi 29 décembre 2010
partager : Publier dans Facebook ! | Publier dans
MySpace ! |

Pied de page