Le Meurtre de Roger Ackroyd

À cent milles de la côte sud du Portugal se cachait un des plus grands secrets de l'histoire de l'humanité ; pour l'heure, il en demeurerait ainsi ; car ce secret était gardé par un autre, bien plus récent.
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mardi 19 mars

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Roman - Policier

Le Meurtre de Roger Ackroyd

Assassinat - Whodunit MAJ mardi 26 juillet 2011

Note accordée au livre: 6 sur 5

Poche
Réédition

Tout public

Prix: 5,2 €

Agatha Christie
The Murder of Roger Ackroyd - 1926
Traduit de l'anglais par Françoise Jamoul
Paris : Le Masque, avril 2011
316 p. ; 18 x 11 cm
ISBN 978-2-7024-3583-0
Coll. "Agatha Christie", 1

Tricherie et technologie

En date de 1926, Le Meurtre de Roger Ackroyd est, si l'on s'en tient à la chronologie, l'une des dernières enquêtes d'Hercule Poirot, le fameux détective belge. En effet, après des succès retentissants qui lui ont valu l'estime de Scotland Yard et plus précisément de l'inspecteur Japp, Hercule Poirot aspire à une retraite bien méritée. Le problème avec le crime, c'est que bien souvent il nous colle à la peau. Et ce village de King's Abbott a des relents de Gomorrhe, et des habitants à l'image de St. Mary Mead, qui abrite déjà Miss Marple. Ce n'est pas bien compliqué, à King's Abbott il y a réunis des assassins, des maîtres chanteurs et des victimes perdus au milieu de notables respectables adeptes du Majong. Tout se sait et pourtant tout le monde cache quelque chose.

Au départ de cette intrigue où le narrateur, le Dr. Sheppard, remplace pour l'occasion Hastings parti vivre en Argentine, il y a le meurtre de M. Ferrars par sa femme. La riche mais pas éplorée veuve est victime d'un maître chanteur alors elle cède au véronal non sans avertir par lettre le très respectable mais avare Roger Ackroyd de l'identité de celui qui lui a extorqué plus de vingt mille livres. Roger Ackroyd a-t-il eu le temps de découvrir le nom du filou avant d'être lui-même assassiné ? La question ne revêt pas autant d'importance que celle que se pose Hercule Poirot : pourquoi a-t-on jugé bon de déplacer un fauteuil dans la pièce du crime ?

Établissons quelque peu les faits. Le Dr. Sheppard et Roger Ackroyd se sont entretenus vers 21 heures pendant trente minutes ; le major Blunt a entendu Ackroyd qui parlait à son secrétaire entre 21 h 30 et 21 h 45 ; la fille adoptive de Roger Ackroyd lui a rendu visite vers 21 h 45. À cette même heure, dans les jardins de la propriété, le Dr. Sheppard a croisé un inconnu à l'accent américain. Roger Ackroyd a été assassiné entre 21 h 45 et 22 h 15. À 22 h 30, le corps de Roger Ackroyd était découvert par le Dr. Sheppard et un domestique. Le retour sur les lieux du docteur faisait suite à un appel anonyme annonciateur du crime qu'il avait reçu. Tout accable le propre fils de Roger Ackroyd, qui n'a rien trouvé de mieux que de fuir. Mais la sœur du Dr. Sheppard, véritable commère de très bas étage, qui passe son temps le front contre une vitre et la main sur un rideau, n'est pas de cet avis. Quant à Hercule Poirot, il s'en limite aux faits et à sa certitude que tout le monde lui ment.

Le succès de ce roman ne tient pas tant à la qualité (omniprésente) de l'intrigue qu'à son aspect novateur et, l'on peut ici le dire sans peur de friser le ridicule, au fait qu'Agatha Christie révolutionne le genre. Le coupable est le narrateur. Il a disséminé ici et là dans son récit des éléments qui, lors d'une seconde lecture, semblent nous mettre sur sa propre voie de manière évidente même si, comme le reconnait à la fin Poirot, qui a tenu entre ses mains les carnets, son auteur a pris suffisamment de distance pour ne pas s'approprier les faits. Tout du long de l'enquête, Sheppard relate ce que découvre Poirot et pose naïvement des questions comme s'il n'était pas partie prenante de l'enquête.
Il faut également rajouter que pour les besoins de son intrigue diabolique, Agatha Christie va tricher et proposer une solution alambiquée et technologique que le lecteur, eu égard au respect qu'il a pour le détective belge, ne peut remettre en doute, estomaqué par une telle logique. De toute façon, il se sera complu à lire ce roman comme l'on va au théâtre admirer des personnages archétypaux, et que l'on s'en retourne bluffé.
Une troisième lecture d'ailleurs montre que le roman appartient à cette espèce rare des whodunit pour lesquels la découverte du criminel n'est absolument pas primordiale au regard de ses qualités littéraires et satyriques.
Ajoutons que c'est le premier roman de la collection "Masque jaune" lancée par Albert Pigasse et que s'il n'est pas proposé dans une nouvelle traduction, l'ancienne a été entièrement révisée !

Citation

Il faut du sang-froid pour commettre un meurtre. Une femme capable de cela n'irait pas s'embarrasser de sentiments ni de repentir. Elle profiterait tranquillement des fruits de son crime?

Rédacteur: Julien Védrenne mardi 26 juillet 2011
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