L'Origine du silence

Il n'aimait plus. On ne l'aimait plus. Personne ne l'attendait. Il n'attendait personne. Il sourit. La vie était aussi absurde qu'un polar de Chester Himes.
François Darnaudet - Autopsie d'un bouquiniste : menace sur Arcachon
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jeudi 25 avril

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Roman - Insolite

L'Origine du silence

Historique - Guerre - Finance MAJ jeudi 08 septembre 2011

Note accordée au livre: 5 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 20,9 €

Jed Rubenfeld
The Death Instinct - 2010
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Carine Chichereau
Paris : Fleuve noir, septembre 2011
574 p. ; 22 x 14 cm
ISBN 978-2-265-09253-2
Coll. "Thriller"

Actualités

  • 08/02 Édition: Parutions de la semaine - 8 février
    Parmi les nouveautés de la semaine, à signaler le retour du commissaire Erlendur dont nous vous parlerons très prochainement. Le héros (!) récurrent de l'Islandais Arnaldur Indridason parcourt d'Étranges rivages. Yves Hugues confirme le talent qu'on lui connaissait en littérature jeunesse et nous offre un Éclat de voix prometteur pour la suite de sa carrière en littérature adulte. Quant aux éditions Sonatine, elles nous proposent un peu tard un roman de procédure qui valut bien des ennuis à son auteur de la part du FBI, mais qui aujourd'hui est bien malheureusement suranné : Il, de l'anonyme Derek Van Arman. Du côté des poches, Jean-Hugues Oppel, avec Vostok remet au goût du jour la trame d'un ouvrage de science-fiction. Il en fait un thriller écolo-économique tout en rythme. Le reste, bande dessinée, jeunesse, criminologie & prison... est bien entendu à découvrir.
    Faites vos lectures !

    Fiction adulte grand format :
    Étranges rivages, de Arnaldur Indridason (Métailié, "Bibliothèque nordique")
    Contre toute attente, de Linwood Barclay (Belfond, "Noir")
    Suite des aventures du cuisinier Savoisy, de Michèle Barrière (Agnès Viénot)
    Mauvais sang, de David Max Benoliel (Ex æquo, "Rouge")
    616, de Frédéric Coudron (Ex æquo, "Rouge")
    Le Safari des bêtes à sang chaud et autres meurtres de sang froid, de Nicholas Drayson (Les 2 terres)
    Propagande noire, de Georges Fenech & Alexandre Malfaye (Kero)
    La Disparition de Maura, de Tess Gerritsen (Presses de la Cité, "Sang d'encre")
    Les Fenêtres murmurent, de Dulle Griet (Presses de la Cité, "Domaine français")
    Éclats de voix, de Yves Hugues (Les Escales)
    L'Énigme de Flatey, de Victor Arnar Ingolfsson (Le Seuil, "Policiers")
    Le Bon coupable, de Armel Job (Robert Laffont)
    La Fin de la saison des guêpes, de Denise Mina (Le Masque, "Grands formats")
    L'Année du volcan, de Jean-François Parot (Jean-Claude Lattès, "Romans historiques")
    Les Griffes du mensonge, de James Patterson (L'Archipel)
    Une balade dans la nuit, de George P. Pelecanos (Calmann-Lévy, "Robert Pépin présente")
    Un long et noir silence, de Craig Russel (Calmann-Lévy, "Robert Pépin présente")
    Noces macabres, de David Thomas (Presses de la Cité, "Suspense psychologique")
    Codex lethalis, de Pierre-Yves Tinguely (Black Moon, "Thriller")
    Il, de Derek van Arman (Sonatine)

    Fiction adulte poche :
    Hanna était seule à la maison, de Carin Gerhardsen (10-18, "Domaine policier")
    Le Département de musique, de Joyce Carol Oates (Archipoche, "Archipoche")
    Vostok, de Jean-Hugues Oppel (Rivages, "Noir")
    L'Origine du silence, de Jed Rubenfeld (Pocket, "Best")
    Un calice de sang, de Peter Tremayne (10-18, "Hrands détectives")
    L'Ascète boude le cristal, de Gordon Zola (Le Léopard démasqué, "Les Aventures de Saint-Tin et son amil Lou")

    Bandes dessinées :
    Scalped. 7, Rez blues, de Jason Aaron & R.M. Guéra (Urban comics, "Vertigo classiques")
    Section Trident. 2, Assaut sur le CDG, de Patrice Buendia & Dams (Zéphyr BD)
    Nuit noire, de David Chauvel & Jérôme Lereculey (Delcourt, "Mirages")
    Le Plan. 1, Ils avaient tout prévu et pourtant..., de Jérôme Félix & Gunt (Bamboo, "Grand angle")
    Tony Chu, détective cannibale. 5, première ligue, de John Layman & Rob Guillory (Delcourt, "Contrebande")
    La Vengeance du grand singe blanc, de Li-An (Vents d'ouest)
    Opération Bojinka, de Jean-Pierre Pécau & Igor Kordey (Delcourt, "Série B")
    Secrets bancaires USA. 5, Mort à Bethlehem, de Philippe Richelle & Dominique Hé (Glénat, "Investigations")

    Mangas :
    Reborn ! Mon prof le tueur. 34, de Akira Amano (Glénat, "Shonen manga")
    Crimson empire. 1, de Quinrose & Hazuki Futaba (Soleil, "Manga")

    Fiction jeunesse :
    Cœur noir, de Holly Black (Fleuve noir, "Territoire")
    Le Mensonge du siècle, de Fabrice Colin (Mango-Jeunesse, "Autres mondes")
    Coup de tabac, de François Librini (Oskar, "Polar")
    Papillons noirs, de Claire Mazard (Oskar, "Polar")

    Criminologie & prisons :
    Diamants de sang : trafic et guerre civile en Sierra Leone, de Greg Campbell (Belles lettres, "Le Bruit du monde")
    On m'a volé ma vie : kidnappée à 11 ans, séquestrée pendant 18 ans, de Jaycee Dugard (Michel Lafon)
    Éthique, politique et corruption au Royaume-Uni, sous la direction de David Fée & Jean-Claude Sergeant (Presses universitaires de Provence, "Sociétés contemporaines")
    Le Génocide comme pratique sociale : du nazisme à l'expérience argentine, de Daniel Feierstein (MetisPresse, "Imprescriptible")
    Underground, de Haruki Murakami (Belfond, "Littérature étrangère")
    Liens : Contre toute attente |Éclats de voix |Il |Vostok |Les Enquêtes insolites des maitres de l'étrange - 1 : La Vengeance du grand singe blanc |Étranges rivages |Étranges rivages |Arnaldur Indridason |Linwood Barclay |Michèle Barrière |Frédéric Coudron |Tess Gerritsen |Yves Hughes |Denise Mina |Jean-François Parot |James Patterson |George P. Pelecanos |Joyce Carol Oates |Jean-Hugues Oppel |Peter Tremayne |Gordon Zola |Jérôme Félix | Gunt | Li-An |Fabrice Colin |Claire Mazard

L'instinct de mort ou l'instinct de vie ?

Jed Rubenfeld tisse un ensemble d'intrigues piquantes à partir de sujets aussi disparates qu'un attentat dévastateur sur Wall Street, les "Petites Curie" de la Grande Guerre, la psychanalyse débutante, l'Or des États-Unis et l'indépendance du Mexique.

Le 16 septembre 1920, à midi, au moment le plus animé de la journée, un engin de deux cent soixante-dix kilos explose au carrefour appelé The Corner où se trouvent les bâtiments du Trésor des États-Unis, de la bourse de New York et de la banque P. J. Morgan.
James Littlemore, capitaine de la police de New York, et Stratham Younger, médecin, chercheur à Harvard, sont sur les lieux accompagnés de Colette Rousseau, une jeune Française. Les deux amis viennent de se retrouver. Lorsque les États-Unis entrent en guerre, en 1917, James reste pour nourrir sa nombreuse famille alors que Stratham s'enrôle et vient sur le front dans la région de Nancy. Il y rencontre Colette, une manipulatrice formée par Marie Curie et Luc, son jeune frère mutique.
La guerre terminée, elle le suit en Amérique. C'est elle la cause des retrouvailles des deux amis. Elle a reçu un message sibyllin dont Stratham veut parler à James. Dans la fièvre qui suit l'attentat, elle est enlevée par trois hommes. Sa présence d'esprit permet à ses compagnons de la retrouver rapidement. Mais ceux qui en veulent à sa personne ne désarment pas.
Malgré les relations qui se sont nouées entre elle et le médecin, elle ne semble poursuivre qu'un seul but : rejoindre un soldat allemand dont elle a retrouvé trace en Autriche. Younger, ancien disciple de Freud, est persuadé que seul le Maître peut aider Luc à sortir de son mutisme.
Alors que Colette convainc Stratham de l'accompagner en Europe, à Vienne, James enquête sur cet attentat. Si pour les responsables du FBI, les auteurs ne peuvent être que des anarchistes, James découvre des éléments très troublants. Mais peut-il avancer dans sa recherche de la vérité ?

On sait que la première phrase d'un livre révèle la capacité de l'auteur à étonner et donne le ton du reste du roman. Aussi, quand on débute la lecture de L'Origine du silence avec : "La mort n'est que le commencement ; le plus dur vient après", on est enclin à attendre une histoire à la trame peu commune. D'autant que l'auteur a fait une entrée remarquée en littérature avec L'Interprétation des meurtres (Pocket, 2009), un roman historique qui met en scène Freud et ses confrères américains Jung et Ferenczi.

Toujours féru de psychanalyse, Jed Rubenfeld élargit, dans le présent livre, son récit à la Grande Guerre, aux conséquences désastreuses sur les esprits des soldats et des civils. Il entremêle, pour son trio de héros, plusieurs intrigues de natures policières, politiques, médicales, intimes et sentimentales, qu'il nourrit avec une foultitude de données historiques, de références scientifiques, techniques, humaines. Il offre, ainsi, un texte foisonnant d'idées, d'informations et de rebondissements attractifs et imaginatifs. Il a l'art d'entretenir un suspense à tiroirs, les révélations alimentant de nouvelles interrogations. L'auteur nous entraine, ainsi, de New York au Washington des années 1920, du Front de l'Est à Vienne, une ville particulièrement meurtrie...

Si Jed Rubenfeld enrôle, une fois encore, Freud pour son histoire, il intègre Marie Curie pour qui il semble avoir une profonde admiration. Il dresse un portrait chaleureux et humain de cette grande dame, ne gommant pas toutes les difficultés matérielles et financières auxquelles elle fut confrontée, tant dans ses recherches que dans sa vie privée. Il rend un hommage appuyé à Sherlock Holmes, faisant énoncer par James le même type de démonstration implacable ou se pencher sur l'étude de la cendre de cigarette.

Il mène son récit à un rythme soutenu, multipliant les références et les annotations étonnantes, les axiomes humoristiques sur les rapports hommes-femmes, les remarques sur les responsables et gouvernants. Il fait preuve d'une capacité d'analyse et de synthèses des situations pour en tirer le trait qui frappe.

Par contre, il donne une image peu reluisante du responsable de ce qui deviendra le FBI et de la plupart des hommes politiques qui traversent son récit.

Compte-tenu du sujet du livre, du ton employé, de la densité remarquable de la matière romanesque et historique, on peut regretter que l'auteur se soit laissé aller à un happy end de type "hollywoodien". La traduction du titre original, The Death Instinct en L'Origine du silence trahit quelque peu l'idée maîtresse du roman qui sous-tend toutes les intrigues.

Cela dit, ces remarques ne gâchent en rien l'ensemble du livre. L'Origine du silence est un roman remarquable, époustouflant d'intelligence, gorgé d'émotions. C'est une fresque historique de grande ampleur qui s'appuie sur des faits historiques réels. Une des concessions faites par Jed Rubenfeld à la fiction concerne les auteurs de l'attentat du 16 septembre, alors qu'aujourd'hui encore on ignore leur identité et leurs véritables motivations.


On en parle : Carnet de la Noir'Rôde n°44

Citation

En ce 11 novembre 1918, onze mille hommes furent tués ou blessés au cours de combats qui se déroulèrent alors que tous les officiers savaient le guerre finie.

Rédacteur: Serge Perraud jeudi 16 mai 2013
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