Faux et usage de faux

Qu'est-ce que vous espérez en embauchant un flic... un ancien flic ? Qu'il lui suffira d'aller s'asseoir dans un coin, de réfléchir un moment, et qu'il vous balancera le nom de l'assassin ?
Donald Westlake - On aime et on meurt comme ça
Couverture du livre coup de coeur

Coup de coeur

Éclipse totale
Harry Hole a été exclus de la police, ce qui ne l'empêche pas de couler des jours heureux, bouteille ...
... En savoir plus

Identifiez-vous

Inscription
Mot de passe perdu ?

jeudi 28 mars

Contenu

Roman - Policier

Faux et usage de faux

Braquage/Cambriolage MAJ jeudi 29 septembre 2011

Note accordée au livre: 5 sur 5

Poche
Réédition

Tout public

Prix: 7,5 €

Elvin Post
Vals Beeld - 2006
Traduit du néerlandais par Hubert Galle
Paris : Points, avril 2011
372 p. ; 18 x 11 cm
ISBN 978.2.7578.2308.8
Coll. "Policier", 2609

Vol de main de maître

L'émotion ressentie, dans un musée, face à un chef d'œuvre de la peinture n'est pas de la même intensité pour tous. Beaucoup d'éléments rentrent en ligne de compte comme la palette de couleurs, le thème, la composition, la manière de peindre. Et de la même façon les amateurs d'art se rangent dans plusieurs catégories, ceux qui se contenteront d'admirer le tableau dans une salle d'exposition lors d'une visite, ceux qui repartiront avec une reproduction au format carte postale, d'autres voudront avoir une copie plus ou moins fidèle pour l'accrocher dans leur intérieur. Mais il existe une dernière catégorie plus particulière d'amateurs qui veulent à n'importe quel prix rentrer en possession de l'œuvre originale, ne reculant devant rien pour la posséder.

Quand un parrain de la mafia a un gros coup de déprime suite au décès de son fils, il est tout à fait normal pour lui d'avoir envie de passer son chagrin dans la contemplation d'une toile de Rembrandt, Le Christ dans la tempête sur le lac de Génésareth. Et ce n'est pas le fait que le tableau fasse partie de la prestigieuse collection du Gardner Museum de Boston qui va lui couper son irrésistible besoin de possession de cette marine du grand maître hollandais. Il ne lui reste qu'une chose à faire pour contenter son obsession : commanditer le vol de cette toile inestimable.
C'est Bloom, un expert en escroquerie de tableaux, qu'il charge du vol. Bloom, sentant le bon plan, va reprendre contact avec Fish, un ex-comparse. Ces deux-là ont déjà œuvré ensemble refourguant un peu partout des copies d'œuvres d'art, faux certificats d'authenticité à l'appui. Leur association s'est terminée avec des séjours en prison. C'est la raison pour laquelle Fish hésite au départ quand Bloom lui expose ce coup juteux. Les cinq millions de dollars promis en cas de réussite finissent de le convaincre. Et quitte à faire une visite illégale de ce musée autant la rentabiliser encore un peu plus. Bloom a donc le projet d'en profiter pour décrocher d'autres toiles pour les revendre ensuite discrètement. Le parrain préférant quand même garder un peu le contrôle leur adjoint un de ses bras droit, Cazale, ainsi qu'un chauffeur.
Le moment idéal pour ce casse est un soir où l'équipe de base-ball de Boston est en finale. Toute la ville aura les yeux rivés sur le score du match. En effet Bloom et ses compères vont réussir très facilement à s'introduire dans le musée, des déguisements de policiers leur facilitant les choses face à deux gardiens pas très vifs. Rien ne va déranger leur plan, à peine une fausse alerte. La réputation du Gardner Museum quelque peu figé dans le temps était donc exacte, le respect des volontés de la donatrice ne permet pas au musée de se moderniser et peut-être ainsi mieux protéger les œuvres d'art. Bloom décroche les toiles calmement, tout semble se dérouler de façon impeccable. Le premier hic vient de Cazale, un brin nerveux et impatient, mais surtout tellement butor inculte en arts, qui ne trouve rien de mieux que de découper le Rembrandt au cutter pour faire gagner du temps. Bizarrement l'impression est que, même si le vol est un succès, les problèmes ne vont pas tarder. Ce qui va être plus que le cas...

Elvin Post prend comme point de départ une histoire vraie car l'Isabella Stewart Gardner Museum de Boston a réellement été spolié en 1990 de plusieurs toiles magistrales, dont le tableau de Rembrandt, qui n'ont jamais été retrouvées. Son talent est de nous donner l'impression que tout s'est déroulé suivant le scénario qu'il a imaginé et de nous embarquer dans sa vision des faits. Il nous immisce brillamment dans le monde de l'art par la petite porte dérobée des faussaires et des escrocs qui arrivent à placer leurs copies en bernant les experts criant au talent. Il s'ingénie à dresser des portraits forts de chacun des personnages qui tentent tous de tirer leur épingle du jeu dans ce casse qui prend des couleurs de farce macabre. Le récit est bien mené, finement détaillé avec assez d'humour pour respecter un juste équilibre avec la violence implacable des mafieux ou la suffisance du conservateur. L'intrigue, qui ne cesse de rebondir, tient la route jusqu'à la fin du roman. Et dans cet univers de la fausseté, la morale est presque sauve, ce sont les méchants, les vrais roublards qui paieront le plus. Tel est pris qui croyait prendre.

Citation

Si les connaisseurs ne peuvent distinguer tes œuvres de celles de Picasso, Giacometti, Matisse ou Chagall, alors c'est quoi, l'art moderne ? C'est quand n'importe qui peut en faire autant, c'est ça le 'moderne' ?

Rédacteur: Fabien Maurice mercredi 21 septembre 2011
partager : Publier dans Facebook ! | Publier dans
MySpace ! |

Pied de page