Tony et Susan

Bah ! J'sais bien qu'personne ne m'croit. Au Red Lion's, ils rient tous sous cape. Mais il n'empêche : c'est pourtant un tigre qu'j'ai fauché, ou une panthère, ou un jaguar... Enfin, un d'ces machins qu'on voit dans les zoos !
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jeudi 28 mars

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Roman - Thriller

Tony et Susan

MAJ dimanche 02 octobre 2011

Note accordée au livre: 4 sur 5

Grand format
Réédition

Tout public

Prix: 21,5 €

Austin Wright
Tony and Susan - 1993
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Philippe Rouard
Paris : Le Seuil, septembre 2011
410 p. ; 22 x 15 cm
ISBN 978-2-02-103532-2
Coll. "Policiers"

Thriller en abyme

L'un des thèmes de prédilection du roman policer est le retour sur des événements passés qui explicitent le présent et permettent de comprendre les actes criminels d'aujourd'hui par rapport aux traces du passé. Un passé qui ne passe pas comme disent les historiens face au passé nazi ou vichyssois. Austin Wright dans Tony et Susan inverse la perspective. Susan reçoit le manuscrit d'un étrange thriller de son premier mari. En le lisant, cela l'oblige à revenir sur son propre passé, à réfléchir à la place de ce mari parti, à sa nouvelle vie.

Austin Wright force le trait et monopolise l'attention du lecteur grâce à une mise en abyme intelligente. L'essentiel du roman consiste en la lecture du texte manuscrit reproduit in extenso et à la façon dont lentement, par petites touches, il va modifier subtilement les pensées de Susan. Tout l'art du romancier est aussi dans l'absence de l'écrivain qui évite ainsi le piège facile - celui de mettre en scène une action criminelle qui se reproduirait dans la réalité de l'héroïne avec les fantasmes de l'écriture.

La structure apparait vraiment comme construite et non comme le plat décalque d'une intrigue secondaire servant à masquer le court roman policier intégré. Elle montre deux univers qui s'épaulent réellement pour créer un effet de vertige. Par delà, c'est une réflexion sur la façon dont chaque lecteur s'approprie un roman pour y lire ce qui lui permet de se construire.

Mais il serait idiot de limiter Tony et Susan à ce tour de force, car le récit policier enchâssé est à lui seul captivant : un homme en promenade avec sa femme et sa fille sont coincés par des voyous. Lui, est assommé. Elles, sont violées et tuées. Comme va-t-il survivre avec la honte de ne pas les avoir sauvées ? comment doit-il se venger ? D'ailleurs, doit-il se venger ? C'est son itinéraire torturé qu'Austin Wright nous invite aussi à suivre sans le moindre pathos dans une sorte de cauchemar glacé.

Citation

Il vit les visages horrifiés de sa femme et de sa fille qui le regardaient quand la voiture passa à côté de lui, il entendit diminuer le bruit du moteur, vit les feux arrière se fondre lentement en un seul éclat rouge que la nuit eut tôt fait d'avaler.

Rédacteur: Laurent Greusard dimanche 02 octobre 2011
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