La Malle sanglante du Puits d'Enfer

À l'intérieur, mélangé au produit, on devinait des restes. Des os, de la chair, même un fragment de mâchoire avec des dents. Cela avait dû être difficile de le tuer et de le découper ainsi, pour réussir à tout faire rentrer à l'intérieur, avant de nettoyer le local à fond. Bientôt il ne resterait rien. Même pas une trace d'ADN. La soude caustique détruisait tout.
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Roman - Noir

La Malle sanglante du Puits d'Enfer

Assassinat - Faits divers MAJ lundi 19 décembre 2011

Note accordée au livre: 4 sur 5

Grand format
Réédition

Tout public

Prix: 13 €

Xavier Armange
Château-d'Olonne : D'Orbestier, juillet 2003
158 p. ; illustrations en noir & blanc ; 23 x 15 cm
ISBN 978-2-84238-061-4

De malle en pis

Xavier Armange, qui est aussi un auteur pour la jeunesse, s'est lancé un défi difficile : raconter une affaire criminelle célèbre en son temps (février 1949) et qui fut jugée juste avant Noël 1950. Il nous fait revivre les manigances criminelles d'Andrée Farré, "née de bonne famille angevine et choletaise" et dont l'auteur épargnera la famille en taisant son nom de jeune fille. Obsédée par le rang qu'elle dit avoir tenu en Espagne (elle affirme avoir dîné avec la Reine), mythomane et droguée à l'éther, Farré ne supporte pas les petits boulots parisiens quand un contact lui donne l'adresse d'un riche retraité cherchant une gouvernante.
Vite révoltée par sa condition (une gouvernante digne de ce nom ne vide pas les pots de chambre), elle met au point un plan pour s'emparer de la fortune du vieux Robert Thélier. Pour cela, elle va s'attacher la complicité d'un bellâtre mou qu'elle recrute par petite annonce. Avec son aide, elle va ligoter et torturer sa victime pour lui faire signer trois chèques au porteur et une autorisation de vente mobilière et immobilière sur papier timbré. Le lendemain matin, grâce à un taxi dans lequel elle charge une lourde malle, puis une voiture qu'elle a achetée et que conduit un homme recruté, elle se fait emmener près des Sables d'Olonne (scène inoubliable de la voiture chargée de la malle sur le toit et errant sur le remblai plongé dans la nuit glaciale) pour jeter la malle dans le Puits d'Enfer, une profonde entaille dans la côte où se rue la mer lors des grandes marées.
Même si elle est certaine que la malle ne sera jamais retrouvée, il faut faire vite pour vendre à Paris avant que la famille n'intervienne. Andrée Farré se démène auprès d'avocats et de commissaires priseurs, organise le déménagement. Mais la sinistre balade de la voiture à une heure du matin par cette nuit de février dans le coin paumé de la côte a pourtant eu un témoin : un pauvre gars qui vit dans un blockhaus ! Le fait divers n'apparaîtra que deux jours plus tard dans la presse parisienne que consulte la meurtrière, mais son chauffeur, innocent mais quand même suspicieux après ce voyage de mille kilomètres avec cette femme extravagante qui lui avait dit vouloir se débarrasser d'armes clandestines ayant servi pendant la guerre, se procure Ouest-France au kiosque d'une gare et découvre le pot aux roses. Il a transporté un cadavre ! Il ne veut pas être accusé de complicité...

Xavier Armange se montre très compétent pour traiter cette affaire qui fit plusieurs fois la une de Détective : une femme rouée et fatale, un complice beau et faible, une riche victime et un road-movie fou à travers la France pour arriver à ce lieu impressionnant, tous les ingrédients sont là pour bâtir un bon scénario. D'après la documentation du livre, Henri-Georges Clouzot aurait suivi le procès avec sa femme Vera (on les voit dans le cahier photos avec Me Floriot) avant d'adapter en film le roman de Boileau-Narcejac, Celle qui n'était plus (1952), tiré de l'affaire Farré, sous le titre désormais célèbre : Les Diaboliques. Ces détails viennent donc pimenter un récit sobre et bien mené où l'auteur utilise le présent et d'étonnants petits flash-back qui permettent de suivre chaque protagoniste dans cette histoire somme toute bouclée en peu de temps. Bien que l'auteur précise que, dans son "roman", "certains événements, situations, et dialogues, relèvent de l'interprétation et de l'imaginaire de l'auteur", on sent que rien n'est laissé au hasard et qu'il s'est servi des éléments sortis dans la presse et lors du procès pour les mettre en scène (la pause à Beaupréau dans le Maine-et-Loire par exemple). Reste un dramatique portrait de femme qui supporte la comparaison avec Pauline Dubuisson (traitée par Serge Jacquemard dans la collection "Crime Story" au Fleuve noir), ou Sylvie Paul (dans la même collection par Jean Pastreau).
À noter que le fameux Puits d'Enfer est situé sur la commune de Château d'Olonne, adresse "historique" des éditions d'Orbestier qui viennent juste de s'installer à Saint-Sébastien-sur-Loire près de Nantes.

Citation

Le corps ficelé de son ancien patron apparaît à demi dénudé, photographié à sa sortie de l'eau à côté d'une malle d'osier disloquée aux initiales du mort.

Rédacteur: Michel Amelin mercredi 14 décembre 2011
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