L'Assassin éthique

J'allais avoir cinq ans, en ce printemps 1944. Accroupi sur les tomettes de la cuisine, la tête dans mes mains, les coudes posés sur mes cuisses maigrelettes, je suivais la scène 'd'en bas', sans en perdre un détail.
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vendredi 29 mars

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Roman - Policier

L'Assassin éthique

Drogue MAJ jeudi 09 février 2012

Note accordée au livre: 4 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 22 €

David Liss
The Ethical Assassin - 2006
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Nicolas Thiberville
Paris : Jean-Claude Lattès, janvier 2012
438 p. ; 23 x 14 cm
ISBN 978-2-7096-2912-6

L'éthique à niquer les mecs

Pendant longtemps, on a pu voir, dans la lignée de Thomas de Quincey, l'assassinat comme une activité esthétique. Ces derniers temps, on pouvait même penser qu'il y avait un côté hygiénique dans l'affaire. Mais lier l'éthique et le meurtre de manière aussi évidente comme le fait David Liss dans L'Assassin éthique est une nouveauté.

Premier détail, David Liss établit son roman en Floride ce qui le situe dans la lignée d'autres auteurs "locaux" comme Carl Hiaasen ou Tim Dorsey, et nul doute que David Liss assume cette filiation car comme pour ces deux auteurs, le mélange entre des éléments du réalisme le plus trivial et des personnages ou des situations déjantés fonde le décor de L'Assassin éthique.

Lem est un jeune homme chargé de vendre des encyclopédies aux familles pauvres du coin. Avec des équipes de vendeurs, coaché par de douteux intermédiaires, il sillonne les quartiers d'une ville avant de se déplacer comme une sauterelle fonçant sur un champs de blé. Alors qu'il a réussi une superbe vente, surgit un tueur qui abat son couple de clients, et qu'il risque d'être impliqué dans le meurtre ; un assassin qui développe devant lui des théories sur le système carcéral, le végétarisme et le besoin de sauver les animaux des expériences biologiques...

Ce qui ressort outre une intrigue échevelée, entre un policier qui s'appelle John Doe (ce qui veut dire Personne) et qui essaye de négocier des réductions d'amende contre des faveurs sexuelles, et des vendeurs de drogue qui déguisent leur activité sous la vente d'encyclopédies, c'est la profonde mélancolie des personnages : le chef du gang refuse un développement capitaliste pourtant de rigueur car son petit business fonctionne bien assez comme cela ; dans le même temps, il essaye de résister à ses pulsions pédophiles. Ce sont les paysans qui aimeraient vivre de leur métier mais qui trouvent plus d'intérêt à devenir chimistes amateurs pour fabriquer de la drogue.

Lem au centre du roman oscille entre son envie de réussir sa vie professionnelle et amoureuse, et son besoin de trouver un mentor avec cet assassin protéiforme, jonglant avec les paradoxes philosophiques tout en fouillant les fosses à purin, provoquant avec sa jeunesse le regard du candide qui renforce l'atmosphère joyeuse de ce polar, où les cadavres abondent, tués de manière horrible, mais sur un air musicale gai.

Citation

J'adore la Floride. Une région qui n'a pas de valeurs, dépourvue de toute orientation culturelle, ne serait-ce que la plus basique. Une région où rien ne compte à part les centres commerciaux et l'immobilier, où on dénombre plus de golfs que d'écoles, où les bâtiments préfabriqués se développent comme des cancers, où vit une population vieillissante et dangereuse au volant, sans parle du Ku Klux Klan, des barons de la drogue, des cyclones et de l'été perpétuel.

Rédacteur: Laurent Greusard mercredi 08 février 2012
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