La Ville rouge

Écoute-moi bien, canaille. De ce jour, tu n'as plus de fille. Si jamais Aglaé devait croiser de nouveau ta route, que ce soit de ton fait ou par un hasard malheureux, je le saurai et je te retrouverai, où que tu sois. Mais cette fois-là, c'est moi qui te saignerai comme le sale porc que tu es. J'espère que je me suis fait bien comprendre.
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jeudi 28 mars

Contenu

Roman - Noir

La Ville rouge

Social - Gang MAJ mardi 14 février 2012

Note accordée au livre: 4 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 22,95 €

Paolo Roversi
Milano criminale - 2011
Traduit de l'italien par Anaïs Bokobza
Paris : Les Escales, février 2012
432 p. ; 24 x 16 cm
ISBN 978-2-36569-001-0
Coll. "Les Escales noires"

Éternel Milan

Pour les amateurs de giallo, le polar italien, Milano criminale, titre original de La Ville rouge, renvoie à deux données importantes du mouvement littéraire. Tout d'abord "criminale" fait automatiquement penser à Romanzo criminale, le roman consacré à la montée d'un gang mafieux dans l'Italie contemporaine. La Ville rouge, de Paolo Roversi, en reprend des codes en appliquant la même démarche : coupe chronologique qui montre les aventures du gang avec en filigrane (par exemple l'affaire Mattei ou les débuts de Pasolini) les événements historiques qui la ponctuent (ici de belles pages sur Mai-68 ou sur l'attente fiévreuse de l'alunissage de 1969).

Paolo Roversi ne décrit pas uniquement le milieu criminel et ses implications politiques. D'ailleurs, les attentats fomentés sur la stratégie de la tension sont vus sans que l'on en connaisse tous les tenants et aboutissants. Il s'attarde principalement sur trois personnages emblématiques. Dans son prologue, il évoque l'attaque d'une banque le 27 février 1958 via Osoppo, et la fuite des bandits. Antonio et Roberto, deux garçons de treize et huit ans, assistent à la scène : le deviendra policier et le second bandit, dans des trajectoires somme toute parallèles - l'apprentissage, la rupture avec le mentor et l'envol personnel. Le policier est également en contact régulier avec un troisième personnage qui deviendra l'un des penseurs et acteurs des mouvements gauchistes et de leur dérive. Les deux vont n'avoir de cesse de se chercher avant un affrontement final.

Le deuxième éléments du titre fait bien sûr référence à Milan et pour les connaisseurs à ce qui fut l'un des grands écrivains du roman noir italien : Giorgio Scerbanenco - sans jamais le nommer, Paolo Roversi lui rend un double hommage long et appuyé dans le cœur même du texte. Il prend de son précurseur des éléments dans sa construction des personnages : un mélange entre une description fine de la psychologie et des éléments que certains n'hésiteraient à apparenter au mélodrame - trahisons, infidélités conjugales, naissance d'un enfant, amour naissant (le policier part quelques jours à Paris pour fêter la Saint-Valentin). À ce titre, un projecteur est posé sur un dénonciateur et sur sa mise à mort qui aurait pu être repris de pages de romans de Giorgio Scerbanenco.

La Ville rouge, dont le dénouement final laisse augurer d'une suite, reconstitue, comme dans un roman historique basé sur la période contemporaine centré autour de la figure double du policier et de son ennemi intime, se basant sur une documentation sérieuse, évitant l'écueil du pamphlet politique ou de la nostalgie sourde, une ville industrielle italienne dans toute sa splendeur.

Citation

Antonio entend à nouveau leur cri de guerre, comme des peaux-rouges. Le même que celui qu'il n'avait pas reconnu pendant la séquestration du professeur, mais que désormais il n'oubliera plus : 'Kata-kata-katanga'.

Rédacteur: Laurent Greusard lundi 13 février 2012
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