L'Appel des ombres

Mais ce n'étaient pas des souris qui les avaient laissées. Ou alors des souris qui chaussaient du 45. Elle eut un hoquet de sourire. À cet instant, elle crut entendre quelque chose derrière elle. Et se retourna brusquement. Elle n'eut même pas le temps de crier.
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jeudi 28 mars

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Roman - Thriller

L'Appel des ombres

MAJ mercredi 15 février 2012

Note accordée au livre: 4 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 20 €

Belinda Bauer
Darkside - 2011
Traduit de l'anglais par Marianne Bertrand
Paris : Fleuve noir, février 2012
409 p. ; 23 x 15 cm
ISBN 978-2-265-09339-3
Coll. "Thriller"

Âme noire sous blanc manteau

Tout être a en lui une fêlure plus ou moins profonde, une marque qui peut encore le fragiliser arrivé à l'âge adulte. Elle peut ressortir à n'importe quel moment, et laisser apercevoir l'ampleur du traumatisme, révélant le côté sombre de certains esprits. Belinda Bauer va s'en servir pour mettre en place son implacable histoire.

L'hiver est plutôt rude à Shipcott en ce mois de janvier. Le froid mais surtout la neige semblent couper cette petite ville en l'isolant du reste de la région de l'Exmoor. Mais l'atmosphère glaciale ne va pas empêcher une série de meurtres inexplicables. La première victime est une vieille dame, une inoffensive personne âgée retrouvée morte. La seule trace de violence est son nez cassé, la cause en est la pression de l'oreiller sur son visage. Le premier policier arrivé sur les lieux est Jonas Holly. C'est un enfant du pays, il a grandi et construit sa vie à Shipcott. Il connait bien la femme étouffée étendue devant lui sur son lit. C'est un des avantages mais aussi un des inconvénients d'une petite cité. Tout le monde se connait, tout le monde fait attention à l'autre. Les mauvaises nouvelles circulent vite, la crainte s'installe rendant suspect tout inconnu. Mais pourtant même si les meurtres vont s'enchaîner, aucune piste sérieuse ne va apparaître comme si l'assassin se volatilisait après chacun de ses actes. Le choix de ses victimes est inquiétant. Il ne s'en prend exclusivement qu'à des personnes extrêmement fragilisées par la vie. Une sorte de travail de nettoyage au but indéterminé. Jonas ne va pas avoir la tâche facile, malgré l'énergie qu'il déploie l'enquête piétine. Son supérieur n'est pas d'un grand appui, il ne peut attendre de lui un quelconque soutien mais plutôt un moyen de se faire rabaisser. Le meurtrier semble lui aussi s'amuser de la situation en laissant régulièrement des mots pour Jonas montrant son incapacité à le débusquer. Il a l'impression d'être surveillé par le tueur, faisant encore monter sa nervosité d'un cran. La situation familiale de Jonas est également très compliquée. Sa femme est atteinte de la sclérose en plaques. Lucy sent petit à petit sa vie lui échapper, la rendant de plus en plus vulnérable. Jonas est obligé de faire le parallèle entre les personnes assassinées et Lucy qui, du fait de sa maladie, ferait une victime idéale, elle qui est coincée entre ses quatre murs et dont chaque nouveau mouvement est une épreuve plus dure que le précédent.

Belinda Bauer a numéroté ses chapitres sous forme de compte à rebours, montrant dès le début que le dénouement est à la fin de ce décompte de jours. C'est une sorte de contradiction au rythme du début du livre car l'action semble exagérément figée par le climat ambiant de cet hiver polaire. Tout est fait pour renforcer l'impression de lenteur de l'enquête, cet horrible piétinement qui oblige à faire du surplace quand aucun indice ne permet de progresser. Mais plus que l'enquête dans L'Appel des ombres c'est la relation entre Lucy et Jonas qui est vraiment intéressante. Elle est superbement mise en place et analysée de l'intérieur. Tout vient s'articuler autour de leur couple au sein duquel la maladie est apparue comme une invitée supplémentaire non désirée. Belinda Bauer dépeint parfaitement leur intimité chamboulée, leurs sentiments complexes, leurs doutes existentiels légitimes face à la dure réalité d'une issue fatale prochaine. Belinda Bauer, subtilement, nous balade malgré les meurtres durant la plus grande partie du livre et termine dans une sorte d'accélération pour aboutir à un dénouement insoupçonnable. Elle fait brusquement monter la tension en donnant l'impression que les rôles sont peut-être en train de s'inverser dans cette course à l'assassin. Jusqu'à la fin de son livre et même dans l'accélération de l'action elle joue avec la complexité psychologique de ses personnages pour mieux surprendre et rebondir en jouant avec le côté obscur de l'esprit humain.

Citation

Les cambriolés remplaçaient leur télévision, les bleus des personnes battues s'estompaient, et les victimes de viol continuaient de vivre, d'aller travailler, d'acheter des provisions, d'envoyer des cartes postales et de chanter à la chorale. Les victimes d'homicide, elles, étaient mortes et le restaient.

Rédacteur: Fabien Maurice mardi 14 février 2012
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