Le Livre de Johannes

- On a tous un prix à payer et on n'a pas tous payé de la même manière, et ce prix n'a pas toujours été juste. - Vous n'avez rien eu à payer, vous.
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samedi 20 avril

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Roman - Thriller

Le Livre de Johannes

Historique - Médical MAJ vendredi 16 mars 2012

Note accordée au livre: 5 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 24,5 €

Jørgen Brekke
Nådens omkrets - 2011
Traduit du norvégien par Carine Bruy
Paris : Balland, janvier 2012
476 p. ; 22 x 14 cm
ISBN 978-2-35315-139-4

Pas de peau !

Le développement des sciences et de la médecine est intimement lié à l'univers des livres. Il n'a jamais existé, dans les siècles passés, meilleur support pour rassembler les découvertes et faire connaître les nouvelles avancées qui souvent ont été controversées notamment par l'Église qui, sous prétexte de protéger les bonnes âmes de ses fidèles, y voyait un péril face à l'obscurantisme qu'elle laissait flotter.

À Richmond, au musée Edgar Allan Poe, cela aurait pu être une nouvelle nuit de travail de routine pour la femme de ménage. Alors qu'elle s'accorde une pause dans le jardin, se demandant pourquoi Efrahim Bond a laissé tant de lampes allumées dans les différentes salles, elle va découvrir son corps sauvagement mutilé. Le côté macabre de la mise en scène est à la hauteur des nouvelles du maître des lieux, le cadavre n'a plus sa tête, c'est celle du buste de Poe qui trône désormais en haut du corps. Le pire est qu'il a été écorché et que le meurtrier semble avoir emporté la peau en guise de trophée.
La jeune inspectrice Felicia Stone est chargée de l'enquête. Elle revient de loin, elle a vécu son adolescence comme une terrible période d'autodestruction à la suite d'une mauvaise rencontre. Son entrée dans la Police l'a remise sur les rails. Felicia va découvrir que très peu de temps avant sa mort, Efrahim Bond avait envoyé à analyser un morceau de couverture de livre. Les résultats vont lui faire comprendre qu'il a plus que certainement un lien avec son exécution. En effet la reliure n'est pas en simple cuir, elle est en peau humaine.
Elle va faire également le rapprochement avec un crime perpétré dans une autre contrée, à Trondheim. Même si la Norvège est très éloignée de sa Virginie natale, pour elle les deux affaires sont forcément liées. Le second meurtre a lieu dans la chambre forte de la bibliothèque Gunnerus. C'est une bibliothécaire, Gunn Brita Dahle, qui est retrouvée enfermée morte, sans tête et le tronc écorché.
Rapidement Felicia va prendre contact avec Odd Singsaker, l'inspecteur à qui l'affaire a été confiée. C'est sa première enquête pour son retour sur le terrain. Il vient de réchapper d'un cancer. Les trous noirs se bousculent, tout ne semble pas encore bien en ordre dans sa tête. Et il y a de quoi avec ce cadavre hors-norme qui va vraisemblablement figurer au top de sa liste des cas les plus hallucinants. Dès les premières constations, tout semble vouloir désigner le chef de la sécurité de la bibliothèque. Il faut dire qu'il y a beaucoup de choses qui clochent dans son emploi du temps et également dans ses explications. Et puis surtout il traîne comme un boulet la disparition étrange de sa femme et de son fils ; l'affaire n'a jamais été élucidée jusqu'à présent. Il était déjà le principal suspect mais a bénéficié alors d'un alibi en béton.
Felicia va rapidement quitter Richmond pour venir prêter main forte à Odd et former un duo d'enquêteurs qui va devoir se plonger dans l'univers particulier de la littérature ancienne et notamment à s'intéresser à cet écrit hors norme qu'est le Livre de Johannes. Ce recueil regroupe les observations du premier médecin légiste vraiment connu. Ses notes sont liées à ses travaux d'autopsies sur des corps humains en plein XVIe siècle.

Jørgen Brekke, pour son premier roman, n'a pas choisi la facilité en mélangeant non seulement les lieux géographiques mais aussi les époques. C'est avec brio qu'il réussit cet exercice qui peut s'avérer compliqué tout en maintenant à un bon niveau le rythme et l'intrigue. Les références historiques sont nombreuses et servent utilement l'intrigue, détaillant à dessein le côté mystérieux des balbutiements des premiers relevés anatomiques. Des apartés sur le périple d'un moine au XVIe siècle à travers toute l'Europe viennent s'intercaler entre les chapitres policiers pour faire découvrir la genèse et un autre éclairage, plus historique, sur le fameux Livre de Johannes. D'ailleurs Brekke réussit très bien à mixer les faits anciens réels à ceux issus de sa propre imagination. Il fait également plusieurs fois référence à la littérature policière par le biais de certains de ses personnages, amateurs de romans noirs et spécialistes des bonnes ficelles. Il explique que résoudre l'énigme du premier ouvrage d'un auteur est toujours plus compliqué n'étant pas encore habitué à son schéma de construction. Il reste à espérer que Brekke, conscient de ce défi, saura encore surprendre dans ses futures œuvres aussi bien que dans ce premier roman noir et sanglant très réussi où l'anatomie est la clé de son récit macabre. Brekke a méticuleusement revisité l'expression "être mal dans sa peau" pour lui donner, au fil des chapitres toutes les nuances de l'horreur humaine.

Citation

Progressivement, ce monde imaginaire devenait un endroit sombre et sinistre où régnaient la violence, l'oppression et les actes bestiaux. Pour autant, le tueur en série en herbe le contrôlait toujours. Quand ces enfants deviennent des tueurs en série, ce sont leurs tentatives pour réaliser leurs fantasmes qui génèrent leurs crimes.

Rédacteur: Fabien Maurice mardi 13 mars 2012
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