Profanation

C'était un pistolet lance-fusée, à un kilomètre à peu près. Personne n'avait oublié ce bruit : le coup percussif, le grésillement pareil à de la friture. Le capitaine Mackenzie se leva et souleva le rabat de la tente. Une fusée éclairante blanche s'élevait dans le ciel, entourée d'un halo de pluie. Sur le sol bosselé béaient des ombres noires.
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vendredi 19 avril

Contenu

Roman - Policier

Profanation

MAJ lundi 21 mai 2012

Note accordée au livre: 5 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 22,9 €

Jussi Adler-Olsen
Fasandræberne - 2008
Traduit du danois par Caroline Berg
Paris : Albin Michel, mai 2012
533 p. ; 23 x 16 cm
ISBN 978-2-226-24141-2
Coll. "Thrillers"

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    Les semaines se suivent mais ne se ressemblent pas. C'est ainsi que de nombreux noms émergent de cette liste de parutions ou de remises en vente (sacré Jo Nesbø). Entre Mapuche, de Caryl Férey, La Vérité, de Peter Temple, L'Homme à la bombe, de Christian Roux et L'Heure des gentlemen, de Don Winslow, les adeptes de littérature noire vont être servis. Alors bien sûr il y a aussi pléthore de thrillers, quelques romans historiques, un certain nombre de romans policiers à la facture classique. Mais il y a aussi quelques perles anciennes comme ce Camion, de Per Wahlöö, l'édition poche du roman très Agatha Christie d'Antoine Bello, Enquête sur la disparition d'Émilie Brunet. Pour le reste, le choix s'avèrera cornélien. Mais c'est un peu ce que l'on souhaiterait avoir comme choix chaque semaine...

    Grand format :
    Profanation, de Jussi Adler-Olsen (Albin Michel, "Thriller")
    Habemus papam : petits meurtres dans la cathédrale, de Robert Azaïs (TDO)
    EMP, de Christian Comanzo (Presses du Midi)
    À la vie à la mort, de Henri Courtade (Lucane)
    L'Ambassadeur d'Hippocrate, de Yves Desmazes (3D)
    Mapuche, de Caryl Férey (Gallimard, "Série noire")
    Le Relais de l'éléphant, de Gilles Guillemain (La Bouinotte, "Black Berry")
    Les Îles mystérieuses, de Frédéric lenormand (Fayard, "Littérature française")
    Carnyx, de Pierre-Olivier Lombarteix (La Bouinotte, "Black Berry")
    Accents graves, de Mary Play-Parlange (Ex æquo, "Rouge")
    Meurtres exquis au parti socialiste, de Jean-Marc Raynaud (Libertaires)
    le Méhari de Sylvie, de Fabienne Smets (Petits tirages, "Roman")
    La Vérité, de Peter Temple (Rivages, "Thriller")
    Le Crime était déjà écrit, de Jean-Max Tixier (L'Écriteau, "Polar")
    L'Espionne du Transsibérien, de Félicia Truffier-Malureanu (J. Do Bentzinger)
    L'Heure des gentlemen, de Don Winslow (Le Masque)

    Poche : Enquête sur la disparition d'Émilie Brunet, d'Antoine Bello (Folio)
    Le Chat qui déplaçait des montagnes, de Lilian Jackson Braun (10-18, "Grands détectives")
    Le Cimetière du diable, Anonyme (LGF, "Policier")
    L'Envol des anges, de Michael Connelly (LGF, "Policier")
    Prions pour la mort, d'Olivier Gérard (Lokomodo)
    Comme ton ombre, d'Elizabeth Haynes (LGF, "Thriller")
    Alex, de Pierre Lemaitre (LGF, "Thriller")
    Le Bonhomme de neige, de Jo Nesbø (Folio, "Policier")
    Les Cafards, de Jo Nesbø (Folio, "Policier")
    Le Léopard, de Jo Nesbø (Folio, "Policier")
    Rouge-gorge, de Jo Nesbø (Folio, "Policier")
    L'Homme à la bombe, de Christian Roux (Rivages, "Noir")
    Le Bal des iguanes, de Brice Tarvel (Lokomodo)
    Un monde sous surveillance, de Peter Temple (Rivages, "Noir")
    Le Camion, de Per Wahlöö (Rivages, "Noir")
    Liens : Mapuche |Comme ton ombre |Alex |Le Bonhomme de neige |Les Cafards |Le Léopard |L'Homme à la bombe |Un monde sous surveillance |L'Heure des gentlemen |Jussi Adler-Olsen |Michael Connelly |Henri Courtade |Caryl Férey |Olivier Gérard |Elizabeth Haynes |Pierre Lemaitre |Frédéric Lenormand |Jo Nesbø |Christian Roux |Brice Tarvel |Peter Temple |Per Wahlöö |Don Winslow

Trivial pursuit, chasseurs détraqués & oranges mécaniques

Kimmie vit dans la rue depuis de nombreuses années. Elle traîne dans le quartier de la gare. Elle y a ses habitudes, des connaissances comme Tine, prostituée de son état et malheureusement un peu trop accro aux substances illicites. Kimmie profite aussi du va-et-vient des voyageurs pour s'accaparer d'une valise pas suffisamment sous la surveillance de sa propriétaire. Dans sa tête, des voix se bousculent, lui envoient des messages d'alerte. Elle est toujours sur le qui-vive. Sans cesse elle fait attention à ce qui se passe autour d'elle. Elle se sait surveillée et également qu'elle ne sera jamais tranquille tant que sa vengeance ne sera pas pleinement accomplie. Car Kimmie n'a pas toujours été cette marginale un brin particulière. Jadis, et presque dans une autre vie, elle faisait partie du beau monde. Dans sa jeunesse, elle a fréquenté toute la haute société danoise et les fils de bonne famille qui font aujourd'hui la Une des journaux montrant leurs réussites sociales et financières. Kimmie veut se venger d'eux et leur faire payer le prix de ses souffrances bien vivaces. Mais ses anciens compagnons rêvent, eux aussi, d'avoir sa peau. Ils ont peur d'elle et de la menace qu'elle représente pour leurs situations actuelles de nantis.
Carl Mørck est le chef de la section V. Ses deux plus proches collaborateurs sont Assad, un Syrien un peu largué avec les subtilités de la langue danoise, et Rose, la parfaite assistante pour fouiller dans les anciens dossiers mais toujours prête à râler pour obtenir des équipements de bureau. Carl va s'étonner de découvrir sur son bureau un dossier vieux de vingt ans, une affaire rapidement classée concernant le massacre de deux adolescents. À l'époque, les soupçons vont se tourner vers un groupe de jeunes, élèves d'un prestigieux lycée privé. Ils seront finalement innocentés grâce à des aveux, ceux un peu trop spontanés du soi-disant meurtrier permettant de l'attention focalisée sur eux. Intrigué par l'affaire, certainement un peu bâclée, Carl va décider de se replonger dans l'enquête. Il veut absolument savoir quel a été véritablement le rôle de ces lycéens qui sont tous devenus des hommes importants maintenant. Le trio Carl-Assad-Rose va partir sur leurs traces sans savoir au démarrage qu'ils vont devoir s'immiscer dans les problèmes de Kimmie et de ses acolytes de l'époque. Carl a pourtant une certitude, il a la conviction que les méfaits de cette bande ne se résument pas à ce terrible double assassinat.

Profanation est le second volet des enquêtes du département V dirigé par l'inspecteur Mørck. Le roman de Jussi Adler-Olsen est d'une force incroyable avec une réelle montée en puissance tout au long des chapitres. Il nous entraîne dans une triple chasse à l'homme, chacun voulant voir triompher sa justice et pour les pires protéger leurs propres intérêts. Car Profanation n'est pas une énième recherche d'un serial killer mais une réelle plongée diabolique dans l'univers de la violence, cette violence maladive et gratuite de personnes qui se sentent immunisés par le pouvoir de leurs comptes en banque. Adler-Olsen nous embarque dès les premières pages dans cet univers particulier de la bonne société de son pays pour en tirer une satire grinçante sans concession sur ce microcosme. Les âmes noires s'y bousculent, certaines montrent leurs blessures, d'autres leurs suffisances construites à coup de visionnage d'Oranges Mécaniques en vidéo. Les secrets sont nombreux, bien souvent terribles au point de ne pas être très beaux à voir révéler au grand jour. Les personnages sont soigneusement campés sans jamais tomber dans une caricature. Le seul regret par rapport à ce livre fort est peut-être son titre Profanation qui ne restitue pas l'univers parfaitement pointé par Adler-Olsen et la puissance de son intrigue.

L'argent ne fait définitivement pas le bonheur, tout du moins le vrai bonheur même si il y contribue. Pour certains il facilite les choses afin d'empêcher le monstre qui est en eux d'être démasqué, le plus longtemps possible tout du moins. Malheureusement...

Citation

Carl fit une grimace et ferma les yeux. Le silence peut être une vertu, l'omerta est un vice. Un sacré putain de vice.

Rédacteur: Fabien Maurice vendredi 04 mai 2012
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