Les Seigneurs de la crim'

Tout d'abord tu as grugé de pauvres crétins de colons et engagé des mercenaires. Ensuite, tu as séduit une fille pour la monter contre son père. Tu as tenté de tuer Lufton. Et ça ne s'arrête pas là. Le fils de Kris Barden a été tué. Et enfin, Reardan attend dehors de savoir si je marche ou s'il me tuera en traître.
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vendredi 19 avril

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Essai - Policier

Les Seigneurs de la crim'

Procédure - Faits divers MAJ lundi 25 juin 2012

Note accordée au livre: 4 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 19,9 €

Claude Cancès
Paris : Jacob-Duvernet, mai 2012
250 p. ; 24 x 16 cm
ISBN 978-2-84724-398-7

36, v'là encore les flics !

Avions-nous besoin d'une nouvelle Histoire du 36 quai des Orfèvres que l'auteur signa en 2010 chez le même éditeur ? Claude Cancès qui en fut le patron rempile à la demande de son éditeur et avec l'aide du journaliste Mathieu Franchon qui, lui, est l'auteur de Histoire de la Crim', 100 ans de crimes, d'enquêtes et d'aveux chez Jean-Claude Gawsewitch en 2011. Centenaire oblige, Claude Cancès nous livre ici plus un témoignage-hommage aux hommes qui ont fait la Crim' qu'un recueil d'histoires criminelles.

Il y a donc des criminels, bien sûr, mais aussi des policiers, des journalistes et des avocats. La quatrième de couverture annonce : "Un siècle d'affaires criminelles, de dossiers palpitants, émouvants et toujours étonnants, de Bonnot à Guy Georges en passant par Violette Nozière, le docteur Petiot, le gang des Tractions Avant, le Japonais cannibale, Michel le Fou et le calvaire du baron Empain ou encore les Irlandais de Vincennes." Finalement, comme si les auteurs voulaient éviter de se répéter, les affaires sont résumées à quelques lignes. Seules certaines sont développées en plusieurs pages. L'entrepreneur Bernard Pesquet surnommé "le Landru du Val-d'Oise" lors de la grande sécheresse de l'été 1976 est découvert grâce à un petit avis oublié dans les papiers de ses victimes, un couple riche et âgé tué de plusieurs balles ainsi que la bonne italienne. Lors de la perquisition dans la maison de Pesquet, les policiers découvriront deux autres cadavres en décomposition dans la cave : la femme de Pesquet et son amant ! Cancès fut très marqué par le regard de Pesquet, le type même du criminel-né, et surtout par le temps qui venait de passer entre sa précédente libération en 1961 et 1976. "Qu'a-t-il fait durant ces quinze années ? Je suis comme la plupart de ceux qui ont travaillé sur cette affaire, persuadé que ces cinq meurtres n'étaient qu'une partie de son tableau de chasse."

Dans le chapitre "Aveux : l'heure de Vérité", Cancès s'étend sur l'affaire du joaillier Charles Mestorino en 1928 qui craque au bout de dix-sept heures d'interrogatoire et avoue l'assassinat d'un collègue. Le chef de la crim' était alors Marcel Guillaume, dont les éditions des Équateurs ont récemment ressorti Mes grandes enquêtes criminelles. Avec le commissaire Massu, il servit de modèle à Georges Simenon qui hanta le 36 quai des Orfèvres pour s'imprégner de l'atmosphère et créer son célèbre commissaire Maigret. Dans "La Chute des rois du rapt", après la mention de l'enlèvement de Balthazar Suarez, directeur de la banque de Bilbao en 1974, Cancès détaille celui du P.-D.G. de Phonogram, Louis Hazan, en 1975. Les kidnappeurs italiens sont animés par une lutte idéologique (les Brigades Rouges), tandis que les français n'ont d'autre but que "de ramasser une belle rançon le plus rapidement possible et avec le minimum de risque". Cancès poursuit : "le banditisme français s'est lancé dans l'industrie du rapt. Mais ils vont tomber sur un os : la Crim'. La vague va durer de 74 à 78, au rythme d'une grosse affaire par an." Cancès rend hommage à Pierre Ottavioli : "Le bilan du patron de la Crim' est éloquent : tous les otages ont été libérés et aucune rançon n'a disparu dans la nature." Pierre Ottavioli va y gagner un surnom, "Monsieur Antirapt".

Plusieurs personnalités du monde économique devinrent ainsi des proies : Guy Thodorof, P.-D.G. de Saab France, enlevé en 1976, Lucchino Revelli-Beaumont, P.-D.G. de Fiat-France, enlevé en 1977, Edouard-Jean Empain, P.-D.G. du groupe Empain-Schneider en 1978. Autres affaires un peu plus détaillées, celles de l'attentat de la rue des Rosiers puis celle des "Irlandais de Vincennes" en août 1982. Cancès est certain que Christian Prouteau, le patron de la cellule antiterroriste de l'Élysée et son adjoint Paul Barril du GIGN ont fait monter la sauce pour se faire bien voir par Mitterrand. Quand l'affaire s'avère un pétard mouillé, les super-gendarmes accusent la Crim' de sabotage. "François Miterrand n'a pas besoin d'en entendre plus, il déteste la Brigade criminelle. Cette rancune date de l'attentat bidon de l'Observatoire, en 1959, lorsque le futur président a voulu faire croire qu'il était la cible de l'OAS. Mitterrand n'a jamais pardonné à la Crim' d'avoir douté de sa parole et de l'avoir interrogé comme un simple justiciable. D'ailleurs, lors de sa visite au 36, en 1984, il tournera casaque devant les étages de la Criminelle, refusant d'y poser une semelle !"

En conclusion, voilà un titre qu'il convient de lire en sus des plus gros ouvrages cités. Dans un style familier et dynamique, Claude Cancès (maintenant en retraite dans le Gers dont il adore les sentiers de randonnée) y fait l'éloge de ses collègues en majorité masculins mais n'oublie pas les quelques femmes qui se sont glissées dans la maison dont la célèbre Martine Monteil, patronne de la Crim' de 1996 à 2000 et qui, la première, eut l'idée de faire comparer des ADN conservés par diverses structures (à cette époque c'était interdit) pour coincer Guy Georges, le tueur de l'Est parisien.

Citation

J'ai l'haleine d'un poney, les yeux collés par le sommeil, mais il faut y aller ! Au volant de la Simca 1100 grise, moche, je suis déjà en piste.

Rédacteur: Michel Amelin lundi 25 juin 2012
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