Les Mafias

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jeudi 28 mars

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Essai - Policier

Les Mafias

Mafia MAJ vendredi 21 septembre 2012

Note accordée au livre: 4 sur 5

Grand format
Réédition

Tout public

Prix: 9,95 €

Guillemette de Véricourt
Toulouse : Milan, septembre 2012
72 p. ; illustrations en couleur ; 21 x 15 cm
ISBN 978-2-7459-5931-7
Coll. "Les Archives de l'histoire"

Crime très organisé

Publié à l'origine dans la collection documentaire "Les Essentiels", chez Milan et plutôt destiné aux jeunes et aux bibliothèques, Les Mafias ressort dans une nouvelle collection, "Les Archives de l'histoire", dans un emballage box très bien fait au look petit dossier.

Outre le livre proprement dit, le box contient aussi une pochette cristal ou, à l'instar de la fameuse collection grand format "Les Grands documents de l'Histoire" chez Larousse, se trouvent glissés des fac-similés supplémentaires, ici, une affiche de la Une de l'Excelsior du jeudi 5 janvier 1911 avec les photogravures de trente-trois camorristes, de deux de leurs victimes et de la cage qui les contiendra pendant leur procès ; une affiche de recherche de Bernardo Provenzano ; la Une du magazine Vu le 27 août 1930 avec un beau portrait d'Al Capone en peignoir, pyjama et gros cigare ; un billet de menace de mort envoyé en 1909, et une carte reproduisant un yakuza japonais que l'on peut parfaitement adresser à sa grand-mère pour la bonne année.

Le livre est imprimé sur papier bistre recyclé, bien maquetté avec de multiples photos couleurs, des petites balles pour décorer, de mini-textes en diverses typographies collés dans la marge, et un petit résumé en bas de chapitre, imprimé sur une étiquette à œilleton et bout de ficelle. Bref, c'est l'ouvrage type de collection pour documentaliste fun avec ses cathares, ses Français sous l'Occupation, ses francs-maçons, sa guerre d'Espagne, ses pharaons, ses présidents de la République française et son Tour de France.

En bonne journaliste, Guillemette de Véricourt va à l'essentiel sur les plus grandes mafias du monde. On commence par la mafia née en Europe avec la Cosa Nostra sicilienne que l'auteur détaille en raison de son système pyramidal redoutable. Elle aborde la loi de l'omerta, les rapports avec l'Église, son rôle "social", et surtout son infiltration dans le système économique et financier. Rapide portrait du Juge Falcone qui fit céder le premier "repenti" Tommaso Buscetta. Après les autres mafias de la péninsule, voici le tour de des mafias russe, albanaise et turque avant les cartels latino-américains. Les triades chinoises et les yakuza japonais clôturent le tour d'horizon avec l'Afghanistan et l'opium.

L'auteur est rapide, pratique et concise. Vu le format, elle ne peut développer, mais elle semble aborder toutes les facettes de cette criminalité galopante qui étend ses ramifications toujours plus loin et dans tous les domaines. Elle nous apprend, par exemple, que les sokaiya pratiquent le terrorisme d'entreprise. Ils sont plusieurs milliers d'experts au Japon à faire pression sur les conseils d'entreprises. "Ils deviennent actionnaires d'une société pour s'attaquer à son image. La seule menace d'un scandale touchant la vie privée des dirigeants ou certaines de leurs pratiques suffit à faire plier les administrateurs, qui paient pour être épargnés." "S'ils ne sont pas tous des yakuzas, ajoute l'auteur, ils travaillent souvent avec eux." Ces criminels en col blanc savent aussi passer de l'autre côté de la barrière : ils sont aussi souvent appelés par les directeurs pour contrer des actionnaires. Tous ces services se paient cher et peuvent aller jusqu'au meurtre. Outre les marchés habituels (drogues, prostitution, armes, faux etc.), il y a aussi un très intéressant article sur le blanchiment d'argent sale où l'auteur cite le cas de banques grandes lessiveuses comme la BCCI à Londres fermée en juillet 1991 ou les banques russes largement contrôlées par les clans "comme l'a reconnu le président Poutine lui-même en septembre 2006 à l'occasion de l'assassinat du banquier A. Kozlov".

Après des articles sur l'évolution actuelle des mafias qui se mondialisent et s'allient tout en abandonnant leur code d'honneur, Guillemette de Véricourt tire un bilan assez mitigé voire désabusé de la lutte contre les mafias. Un glossaire, une bibliographie et une filmographie que l'auteur a pris la peine de commenter référence par référence viennent conclure cet ouvrage essentiel.

Citation

Tout portait les Colombiens à être d'excellents trafiquants : une situation géographique exceptionnelle, en bordure de deux océans (Atlantique et Pacifique), aux confins de cinq pays – Panama, Équateur, Venezuela, Pérou et Brésil -, une tradition de contrebandiers liés au trafic de l'or et des pierres précieuses (l'émeraude en particulier) et l'expérience de l'exportation du café dans le monde.

Rédacteur: Michel Amelin samedi 15 septembre 2012
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