Incroyables faits divers de Rhône-Alpes

La victime avait une trentaine d'années. Coldmoon n'avait jamais vu quelqu'un d'aussi blême, avec des mains aussi livides. Le contraste avec les cheveux noirs bouclés et les yeux d'un bleu vif du mort, tournés vers le ciel, était d'autant plus frappant. Pendergast avait le teint rougeaud par comparaison. Une expression horrifiée déformait les traits du mort. La jambe droite de son pantalon avait été lacérée, probablement à l'aide d'un couteau ou d'un outil de jardinage, mais pas une goutte de sang ne s'échappait de la plaie.
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Essai - Policier

Incroyables faits divers de Rhône-Alpes

Faits divers MAJ lundi 01 octobre 2012

Note accordée au livre: 4 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 16 €

Lhermet Yiannis
Paris : Grimal, juin 2012
222 p. ; 21 x 14 cm
ISBN 978-2-36203-047-5
Coll. "Incroyables faits divers"

Dominiqueniquenique et les autres

Voilà un ouvrage en tout point exemplaire dans le genre très encombré des recueils de récits de faits divers. Yiannis Lhermet, né en 1981, met les bouchées doubles. Ce jeune journaliste pour plusieurs quotidiens régionaux a sorti en moins de deux ans pas moins de cinq titres de ce type (femmes tueuses, tueurs en série, exécutés, faits divers provençaux) auxquels il faut ajouter des manuels (poker, mythologie et astrologie). Curieux parcours pour un poète !
Pour Incroyables faits divers de Rhône-Alpes, il démarre fort avec trois histoires marquantes : Jean-Claude Romand qui tua toute sa famille après dix-huit ans de mensonge ; la famille Flactif assassinée par un jeune voisin, David Hotyat, avec la complicité de sa conjointe et d'un couple ami ; et les massacres de l'Ordre du Temple Solaire qui, après le Canada et la Suisse, s'achevèrent par le "suicide assisté" de treize adultes et trois enfants dans le Puits de l'Enfer près du village de Saint-Pierre-de-Chérennes dans le Vercors. En excellent professionnel de l'écriture, l'auteur sait parfaitement raconter les faits sans verser dans le pathos ou l'indignation tout en préservant le suspense, et ceci grâce à une écriture qui, bien que limpide, suscite des scènes, créé des liens, bref, construit une atmosphère propice.
L'intérêt de lire le récit de ces histoires, qui nous semblaient être acquises depuis leur multiple diffusion par les journaux, est de confronter notre mémoire à ses lacunes. Et elles sont grandes ! Surtout en raison de cette diffusion qui fut forcément hachée et non chronologique puisque du crime, on doit remonter dans le temps jusqu'à son origine. Là, comme on a déjà la trame dans la tête, l'histoire de l'auteur prend naturellement sa place et sans doute toute sa valeur. La cavale meurtrière de Roberto Succo a été un peu oubliée, Yiannis Lhermet nous la raconte dans l'ordre chronologique à partir du meurtre de ses parents. De même avec le parcours baba hippy de Pierre Conty qui fonde une communauté dans l'Ardèche et va finir par organiser un braquage sanglant, pour le champion de rugby Marc Cécillon qui vit mal sa sortie professionnelle, sombre dans l'alcool et tue sa femme de trois balles au cours d'une soirée. L'auteur choisit aussi des losers : Mickaël Tronchon, dont l'enfance martyrisée ressemble à un mélo fin XIXe, se forge un personnage nazi qu'il baptise Phinéas du nom d'une secte américaine, et frappe deux Arabes à coups de hache avant de taguer tout un cimetière ; Joël Matencio, en 1976, enlève et tue un jeune couple puis la femme d'un autre couple tout en demandant une rançon au nom d'une branche des Brigades Rouges ; enfin, les routards du crime, Stéphane Moitoiret et Noëlla Hego dont le premier, suite à une crise, larde d'une quarantaine de coups de couteau un garçonnet qui faisait du vélo près de la maison familiale un soir de fête. L'auteur revient aussi sur l'assassinat du juge Renaud à Lyon dont les méthodes peu orthodoxes déstabilisèrent les caïds (et sans doute les politiques) ce qui conduisit à toutes les hypothèses. Lhermet cite la plus crédible mais il mentionne celle plus ouverte du fils du juge... Enfin, il convient de ne pas oublier les deux femmes mises en vedette : Dominique Louis et Jamila Belkacem. La première tombe amoureuse de son beau-frère, divorce, va s'installer près de chez sa sœur, entame une longue liaison, a un enfant de son amant qui s'installe enfin avec elle. Elle devient gardienne de la paix tandis que lui ne veut pas travailler. Il la convainc de se prostituer, elle commence à fréquenter des hommes âgés et riches. Bientôt une grosse proie est ferrée (un vieux garçon héritier d'une mère autoritaire propriétaire du Palais du Bas) et le couple met en place un stratagème hitchcockien pour mettre la main sur la fortune. La Tunisienne Jamila Belkacem par petites annonces, se marie avec un Français, a quatre enfants et se sépare officiellement alors qu'ils vivent sous le même toit. Elle met la main sur un vétérinaire crédule qu'elle va dépouiller de ses économies en deux ans. Mais alors que celui-ci annonce qu'il va s'acheter un bateau pour faire le tour du monde avec sa chérie, Jamila se rend compte que son escroquerie va être découverte. Elle décide alors de tuer son amant. Comme pour Dominique Louis, son stratagème va presque fonctionner, mais une lettre de trop auprès de la veuve du vétérinaire dirige l'enquête sur elle et la coince. Malgré ses cris d'innocence, elle est condamnée à vingt ans. Qu'à cela ne tienne : au sein même de la prison, Jamila parvient à monter un nouveau plan monstrueux et à manipuler deux personnes, pour révéler un nouveau coupable en plein procès d'appel.
Les quatorze histoires choisies ici le sont avec un soin certain car elles couvrent un vaste champ de crimes dans notre société tout en échappant au quotidien par la force de leur agencement. Yiannis Lhermet fait preuve d'une excellente maîtrise dans l'art difficile de cette écriture. Passionnant.

Citation

Une enquête est ouverte. À l'issue de celle-ci, la gardienne de la paix se voit contrainte de démissionner afin de se soustraire au scandale. En 1994, elle se lance à plein temps dans son activité de call-girl, ce qui lui permet d'obtenir des revenus bien supérieurs à ceux qu'elle percevait en portant l'uniforme.

Rédacteur: Michel Amelin dimanche 30 septembre 2012
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