Crimes et Châtiments en Franche-Comté au temps de Ravaillac. 1 - La Taverne et l’Arquebuse

Ils sont en civil mais toute personne qui entrerait dans le bar les repérerait immédiatement. À North Philly, jamais un Blanc ne trainerait avec un Noir, à moins que ce soit de la flicaille sous couverture.
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Essai - Policier

Crimes et Châtiments en Franche-Comté au temps de Ravaillac. 1 - La Taverne et l’Arquebuse

Assassinat - Faits divers MAJ mardi 30 octobre 2012

Note accordée au livre: 4 sur 5

Grand format
Inédit

Public averti

Prix: 25 €

Paul Delsalle
Besançon : Cêtre, septembre 2012
256 p. ; illustrations en noir & blanc ; 22 x 15 cm
ISBN 978-2-87823-247-9

En garde !

Paul Delsalle est chercheur au Laboratoire chrono-environnement (Université de Franche-Compté, CNRS). Il nous propose ici, un épais mémoire consacré à la criminalité populaire en Franche-Comté au tout début du XVIIe siècle. Cet ouvrage sera suivi de « L'Écharpe rouge deuxième tome sur les exactions des soldats. À l'époque, le comté de Bourgogne, "pays de par delà", dépend des Pays-Bas, "pays de par deçà". "Le souverain de ce territoire était le comte de Bourgogne, qui appartenait à la famille de Habsbourg dont le plus célèbre représentant fut Charles Quint. À l'époque concernée par ce livre, le comté de Bourgogne est passé en pleine propriété à la petite-fille de Charles Quint, c'est-à-dire la fille de Philippe II : Isabelle. Elle a épousé l'archiduc Albert." Le couple habite à Bruxelles. Très pieux, il accorda "souvent le pardon, évitant au coupable criminel d'être pendu ou décapité". Car, en ces temps, il y avait de nombreux homicides dans les campagnes, les hommes ayant le droit de porter des armes. Mais, et c'est la grande découverte de la lecture assez fastidieuse de cette suite de faits divers détaillés, les victimes qui avaient reçu le ou les coups mouraient rarement immédiatement. Quelques fois simplement blessées, elles terminaient "vie par mort" quelques jours plus tard, voire une ou plusieurs semaines. Ainsi, pourrait-on supposer que de nombreuses morts sont dues à des complications résultant d'infections impossibles à soigner à l'époque tout comme les simples actes chirurgicaux étaient inaccessibles pour le peuple.

L'auteur s'est livré à une collecte de faits impressionnante surtout quand on prend conscience de leur ancienneté. Il les a classé en treize chapitres dont le titre annonce les lieux, armes ou circonstances des crimes : Arquebuses et cailloux ; Meurtres à la maison ; Retour de foire ; Pour une femme ; Haines familiales ; En sortant des vêpres ; Blasphèmes et scandales ; Le Temps d'un sacrilège ; Moines et curés trucidés ; Le Vin et la taverne ; Les Noces sanglantes ; Rixes entre villages ; Fêtes paroissiales ; La Dernière danse ; et un épilogue titré "La Rémission".

La société de l'époque est essentiellement rurale et les conflits ne manquent pas. Problèmes conjugaux, partage des terres, boissons, rencontres malheureuses sur les chemins, vengeance, haine entre villages etc. et les rassemblements nombreux des fêtes religieuses, des foires et des danses qui mettent en contact des jeunes au sang chaud deviennent des cocottes-minute explosant en affrontements. Malgré la précision, l'érudition et le style agréable de l'auteur, la lecture, comme il est dit plus haut, n'est pas facile car les variantes ne sont pas assez diversifiées pour entretenir un intérêt autre qu'historique pur et dur. C'est donc un travail universitaire pour public averti.

Parmi les histoires, une émerge par son intensité dramatique : celle d'une demoiselle Cécile Paillet dont les tristes aventures furent racontées en brochure en 1608. Son amant, monsieur de La Chambre abusa d'elle après l'avoir obligée à des épousailles secrètes. Enceinte, elle apprit qu'il avait épousé publiquement une autre femme. Vengeance ! Elle l'invita à manger et lui servit un foie délicieux. Quand il eut fini, elle fit ouvrir le buffet par sa chambrière et M. de La Chambre y vit le nourrisson mort dont il venait de déguster le foie ! Cécile Paillet se jeta alors sur lui "et lui donna trois ou quatre coups de couteau dans le ventre, puis lui arracha le cœur, les yeux et la langue". On laissera le lecteur découvrir la suite de cette histoire ainsi que les commentaires stupéfiants de l'auteur p. 54. On lira aussi avec intérêt, les règlements détaillés des débits de boissons de l'époque, p. 124 dont les obligations, les restrictions et les contrôles sont assez impressionnants. Autre détail intéressant, p. 192, le refuge et droit d'asile : "À Ornans, sur l'actuelle place R.-Humblot, on peut encore voir une colonne en pierre contenant une niche. On la dénomme 'la pierre d'asile'. L'auteur d'un meurtre pouvait obtenir le droit d'asile à Ornans s'il parvenait à toucher cet édifice avant d'être arrêté."

Plus loin, l'auteur nous précise : "Les hommes et les femmes coupables d'un homicide n'obtinrent pas tous la rémission, la grâce royale. À moins de fuir, ils encouraient la peine de mort." Et le rythme semblait assez soutenu puisqu'il compte d'avril à août 1623 pour l'échafaud de Dôle et les gibets de Baume et Gray pas moins d'une décapitation et six pendaisons.

Citation

Étant ému de colère et de vin, et d'une bouillante jeunesse, portant son épée et sa dague 'évaginées', en blasphémant il le provoqua pour se battre.

Rédacteur: Michel Amelin vendredi 19 octobre 2012
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