Crimes et procès sensationnels à Los Angeles, 1922-1962 : au-delà du Dahlia noir

J'ignore ce qui avait pu me faire croire que lorsqu'on se sortait d'une période très sombre, qu'on avait affronté et terrassé les pires démons, tout allait ensuite pour le mieux. Ça ne marche pas comme ça.
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Essai - Policier

Crimes et procès sensationnels à Los Angeles, 1922-1962 : au-delà du Dahlia noir

Enlèvement - Assassinat - Faits divers MAJ mardi 20 novembre 2012

Note accordée au livre: 4 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 23 €

Nausica Zaballos
Édite, octobre 2011
294 p. ; illustrations en noir & blanc ; 24 x 17 cm
ISBN 978-2-84608-310-2

Coupures de presse

Ce très intéressant ouvrage a été écrit par une jeune universitaire française dont les recherches en histoire de la médecine l'ont conduite à publier un livre sur la médecine navajo et à travailler sur l'établissement psychiatrique californien, le Camarillo State Mental Hospital. De nombreuses stars y furent internées ainsi que plusieurs criminels. L'auteur déclare dans une correspondance avec Sophie Sendra sur BSCNews.fr, qu'à cette occasion, "j'ai découvert toute une série de figures du monde judiciaire - le shérif Biscailuz - ou du cinéma que je souhaitais voir revivre. L'histoire de l'hôpital faisant l'objet d'une publication séparée, j'ai commencé à écrire Crimes et procès sensationnels à Los Angeles, 1922-1962 : au-delà du Dahlia noir.

Ce livre, paru chez Edite, bénéficie d'une maquette et d'une qualité de reproduction des photographies d'époque exceptionnelles. Les photos, souvent pleine page, possèdent des noirs profonds qui nous replongent dans cette époque des journaux surpuissants qui avaient un accès direct aux scènes de crime (on pense au travail de Weegee). On devine, à la lecture des différentes affaires, que les journalistes ont interrogé et photographié les suspects aux moments clés des procédures : sur les lieux du crime, au commissariat, pendant les reconstitutions, avant le procès, lors des déplacements, pendant le procès, après le jugement, pendant la prison et même parfois après. Comme preuve cet incroyable portrait, en couverture du livre, de Delora Mae Campbell, au commissariat. En 1951, cette baby sitter de seize ans a étranglé une petite fille de cinq ans avec une chaussette. Outre la photo du cadavre, l'histoire contient des portraits d'elle et de son père s'embrassant sur la bouche lors d'une audition, un autre la montrant en contre-plongée mimant l'étranglement avec une chaussette lors d'une reconstitution, une vue de l'intérieur de la voiture des flics montrant la jeune tueuse et sa garde en route vers l'hôpital psy Camarillo, enfin un dernier portrait avec éclairage par en-dessous et ombre portée lors d'une interview après son évasion du même hôpital. Ce cas d'une mineure prouve bien l'omniprésence et le pouvoir presque sans limite de la presse que la police et la justice flattent dans le sens du poil. Toutes les affaires ont déchaîné l'opinion et ont fait l'objet des gros titres avant de sombrer dans l'oubli. L'auteur poursuit dans le même article : "Ce qui me plaisait dans ce projet c'était non de dénoncer la presse sensationnelle mais de rendre hommage à une manière d'écrire et de faire du journalisme, à une époque où les journalistes se dépêchaient pour aller sur les lieux du crime, couvrir l'actualité et n'hésitaient pas à se transformer en enquêteurs. J'ai donc essayé de faire revivre l'ambiance d'une époque." Et elle y parvient !

Après un avant-propos motivant, l'auteur nous conte l'histoire de Clara Philips qui, en 1922, avec une amie, emmène en voiture la pseudo maîtresse de son mari (prénommé Amour !) et la tue à coups de marteau après lui avoir griffé le visage. Désormais surnommée "Tiger Girl", elle s'échappera de prison, fuira au Honduras, et sera extradée en grandes pompes. Surnommé "Le Renard", le jeune William Hickman enlève une petite fille de huit ans, en 1927, la coupe en morceaux, demande une rançon à la famille, organise un échange de voiture à voiture avec le père. Il installe la tête (avec les paupières ouvertes et cousues) et le haut du torse sur le fauteuil du passager pour abuser le père qui donne la rançon. En 1926, disparaît la célèbre prêcheuse Sœur Aimee Semple McPherson. C'est un coup monté qui se retournera contre elle. Mais elle a des armes et saura faire plonger le procureur qui veut sa perte. En 1935, l'actrice Thelma Todd est trouvée morte dans sa voiture au garage. Voilà de passionnantes reconstitutions du temps d'asphyxie et de l'état des semelles de la victime. Après un pasteur lubrique et un assassin de starlettes, voici Elizabeth Ma Ducan, mère tellement possessive, qu'elle va commanditer le meurtre, en 1958, de sa belle-fille enceinte. Elle sera la dernière femme exécutée en Californie.

Impossible de résumer ici les huit histoires tant leurs développements sont importants, tant au niveau policier que sociétal. Un coup de projecteur vigoureux, bien écrit, sur des faits divers inconnus du public français avec, en fil conducteur, une réflexion sur le pouvoir de la presse.

Citation

Le médecin légiste qui a procédé à l'autopsie de Marion Parker dément la rumeur entretenue par Hickman et le procureur Asa Keyes selon laquelle la petite fille était encore vivante au moment d'être découpée en morceaux.

Rédacteur: Michel Amelin lundi 19 novembre 2012
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