Frères d'ombre

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mardi 19 mars

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Bande dessinée - Noir

Frères d'ombre

Social - Terrorisme - Immigration clandestine MAJ dimanche 17 février 2013

Note accordée au livre: 4 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 22 €

Jérôme Piot (scénario), Sébastien Vassant (dessin)
Paris : Futuropolis, janvier 2013
142 p. ; illustrations en couleur ; 28 x 20 cm
ISBN 978-2-7548-0687-9

Amitié clandestine

Alain est contrôleur de trains. Un homme sans histoire avec une vie sans grand relief depuis que sa femme, une vraie salope selon ce qu'il avouera un peu plus tard, a plié bagage et que lui est retourné vivre chez sa mère. Alain vit un peu dans l'ombre de son grand frère qui a fait la guerre d'Algérie, et n'a pas hésité à torturer dans la joie et la bonne humeur comme l'ont prouvé les photos débusquées dans une boite à chaussures au sommet d'une armoire. Mais ça, c'est du passé, car alors c'était la guerre et les deux parties en faisait autant, comme dit le grand frère. Enfin, c'est une guerre honteuse qui tait ses méfaits, et la rédemption n'est pas encore là. Mais l'Algérie, c'est aussi Kamel, chômeur amoureux d'une jolie algérienne mariée et enceinte, décidé à traverser la Méditerranée pour partir travailler du côté de Marseille avec son cousin Aziz. Les deux hommes vont se croiser dans les toilettes d'un wagon de TGV alors qu'Alain s'est emporté contre ses collègues dont un est carrément raciste. À partir de là, une amitié nait en même temps qu'une entraide mutuelle. Kamel va vivre dans la famille d'Alain. Informaticien de formation, il va réparer ce satané ordinateur pendant qu'il soigne une méchante grippe et qu'il change le quotidien de la mère d'Alain. Seulement voilà, aux informations Kamel devient un peu le terroriste-ennemi-numéro-un qui se serait introduit clandestinement en compagnie d'autres terroristes pour fomenter un vilain attentat. Alain désemparé ne sait quoi penser. Il interprète a posteriori tous les faits et gestes de cet homme qu'au final il connait sans connaitre après une promiscuité d'à peine quelques jours. Il faut dire que la psychose instaurée par les médias n'est pas faite pour donner confiance en son prochain. Nulle preuve mais des idées préconçues et des images filmées qui peuvent dire tout et n'importe quoi. Surtout aussi que le ministère de l'Intérieur est aussi de la partie, principe d'ultra-précaution oblige. Alain décide alors en ultime recours de s'en remettre à son frère qui a un ami dans les Renseignements généraux avant de faire volte-face. Mais Kamel s'enfuit, et c'est une double course-poursuite qui s'installe avec d'un côté Alain qui veut racheter sa faute, et de l'autre les RG qui sont convaincus que Kamel est un terroriste.

Dans le récit de Jérôme Piot s'immiscent alors le dur travail clandestin de la cueillette des pommes et des conditions insalubres de logement avec un retour forcément évident à un communautarisme. Il y a une violence qui côtoie une profonde humanité relayée en cela par le trait doucereux de Sébastien Vassant qui malgré une certaine rudesse au niveau des visages de ses personnages amortit cette violence par des à-plats de couleurs reposants. Il alterne les pages à cases avec des illustrations en pleine page qui sont autant de scènes de vie. De la tendresse se dégage de ces pages où les dialogues impromptus et souvent épidermiques prennent le pas sur l'action. Mais ce qu'il y a de bien dans cette bande dessinée qui remue les idées reçues sur les travailleurs clandestins, les Musulmans et leur culture, qui aborde certaines idées spirituelles, historiques et philosophiques, c'est que l'histoire se conclue tel un conte de fée. Et, en ce moment de crises (identitaire, financière, ethnologique...), c'est quand même quelque chose de positif !

Citation

Dans le Coran, le grand Djihad, la Guerre sainte, c'est d'abord l'effort sur soi, la lutte contre nos conflits intérieurs. C'est ça la vraie spiritualité. En tout cas celle que mon transmise mon père et le soufisme.

Rédacteur: Julien Védrenne dimanche 17 février 2013
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