Djebel

Nous, on est les bons, pas vrai Carlos ? a-t-il fait, ironique. Et les méchants, ce sont ceux qui ont flingué ce quidam et le fils Belasco. Seulement, le fils Belasco, il a refait surface parce que ce sont des brêles : ils ne l'avaient pas assez lesté. Or, celui-ci, ils l'avaient enterré, tu saisis ? Ça veut dire que quelqu'un l'a déterré pour qu'on le retrouve. Autrement dit, il y a peut-être bien des méchants plus méchants que les méchants qui se donnent la peine de déterrer des cadavres pour foutre encore plus le bordel.
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Roman - Policier

Djebel

MAJ mardi 13 août 2013

Note accordée au livre: 4 sur 5

Poche
Réédition

Tout public

Prix: 8,8 €

Gilles Vincent
Paris : Jigal, mai 2013
256 p. ; 17 x 11 cm
ISBN 979-10-92016-04-8
Coll. "Polar"

Un monument aux vivants

De manière très logique un polar tourne autour de l'idée de la vérité et du mensonge. Ce serait simple si nous vivions dans un monde parfait où la vérité et le mensonge étaient indépendants de ceux qui cherchent à les décrire, mais dans notre réalité, comme le dit le dicton, à chacun sa vérité. Parmi les "grands mensonges" qui pourrissent parfois les sociétés, il y a en France cette guerre d'Algérie qui longtemps n'a même pas dit son nom et à laquelle le titre de ce roman fait allusion. Viviane Dimasco a vécu pendant quarante ans avec l'idée que son frère mort en Algérie est un héros ordinaire, un jeune soldat qui, à quelques jours de son retour, a été tué par les rebelles. Or, de nos jours, un des soldats qui était avec son frère, sur son lit de mort, lui avoue qu'il s'agit d'un mensonge, d'une supercherie et que le frère s'est suicidé sur le bateau, lors de son retour. Viviane Dimasco veut alors évidemment savoir pourquoi, et engage un détective pour rechercher les membres de l'unité de son frère. Mais ainsi se mettent en branle plusieurs "vérités" qu'il faut préserver : celle de l'honneur d'un officier et celle d'une guerre qui fut sale. S'agitent alors les différentes parties blessées lors du conflit, des traumatismes que le poids du mensonge n'a pas permis de guérir ou du moins à atténuer. Un Algérien qui fut le survivant d'une version française d'un My Lai (le massacre au Vietnam par une unité américaine d'un village au hasard), Viviane qui a vécu avec le fantôme de son frère mort, son mari qui a essayé de composer avec ce spectre envahissant, les soldats plus ou moins enfoncés dans leurs remords...
Ces vérités ou mensonges qu'il faut faire éclater ou étouffer vont provoquer une série de meurtres qui au départ laissent la police et le détective dans le doute (ce qui est compréhensible car l'affaire est relativement retorse). Toute la réussite du roman de Gilles Vincent consiste justement, à travers des personnages crédibles et décrits avec soin, à incarner dans le concret des vies de chacun la façon dont les mensonges individuels ou collectifs ont modifié, perturbé, transformé les parcours de chacun et comment, à un moment ou à un autre, l'on peut se trouver confronté à la rude réalité des faits. Un autre des intérêts (sans déflorer l'intrigue) est de lier la grande histoire et ses mensonges "nécessaires" et la déréliction qu'elle entraîne. En faisant exploser la vérité, la commissaire et le privé qui enquêtent s'offrent aussi une renaissance individuelle et un appel fort à la réconciliation, servi par un style qui évite tout pathos et tout manichéisme.

Citation

'On n'est pas des sadiques !' avait martelé le capitaine Murat. 'Faut leur parler le seul langage qu'ils comprennent : la trique. Point barre.

Rédacteur: Laurent Greusard jeudi 08 août 2013
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