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Roman - Policier

Le Saut de Tibère

Tueur en série - Mafia MAJ vendredi 01 novembre 2013

Note accordée au livre: 3 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 19 €

Gilda Piersanti
Paris : Le Passage, octobre 2013
384 p. ; 24 x 16 cm
ISBN 978-2-84742-285-6
Coll. "Ligne noire"

Les Capone perdent la tête

À Capri, lorsque l'on déplace une lourde cloche, on trouve dessous le cadavre d'une jeune femme disparue depuis onze ans. Or le dernier à l'avoir vu, le fils d'un mafioso du nom de Massimo Capone (!) a été exfiltré pour éviter les interrogatoires. L'inspectrice Mariella De Luca, qui vient de rejoindre une nouvelle unité d'Interpol chargée de coordonner les services de police des pays d'Europe, s'empare de l'affaire : plusieurs autres jeunes femmes ont été retrouvées poignardées selon le même modus operandi dans des pays différents. Il semblerait que Capone fils ait essaimé à droite et à gauche lors de sa cavale. Elle ignore qu'il vit aujourd'hui à Zurich sous une fausse identité - et qu'il suit son enquête de près. Mais c'est la mort de Capone mère qui va précipiter le drame, d'autant que la famiglia ne voit pas d'un bon œil les activités du fiston...
Une trame qui aurait pu servir pour concocter un thriller industriel plein de bruit et de fureur, mais ses lecteurs le savent, Gilda Piersanti préfère le pizzicato au sturm und drang... Ce qu'il ne veut pas dire qu'il ne se passe pas grand-chose dans ce roman, au contraire : en plus d'un tueur en série au discours angoissant, l'auteur tisse également le portrait saisissant d'une famille mafieuse gangrenée par les secrets et la honte d'avoir engendré un monstre. Le tout jusqu'à une conclusion logique qui explique le titre du roman mêlé à une fin ouverte : on comprend que De Luca n'en a pas fini avec les Capone. Comme d'habitude, la langue est très travaillée, classique dans le bon sens du terme pour une auteur italiene qui écrit en français ! Et pourtant, à force d'être feutré, le tout en devient un peu sage, policé, presque froid. Pour un texte venant (indirectement) du pays du giallo, de Mario Bava et d'Argento, on aimerait un peu plus de passion, d'ardeur, de fougue latine (pour aller jusqu'au bout du cliché). De cette fougue que feignent d'avoir les thrillers industriels précités bombbardant le lecteur d'effets gratuits pour cacher leur vacuité. Décidément, ces chroniqueurs ne sont jamais contents... Bref, question de sensibilité, dirons nous. Et ce texte intéressant est cis dans un magnifique écrin avec une grande qualité de fabrication, comme tous les livres du Passage, donnant un bel objet qu'on est content de mettre dans sa bibliothèque. Cela compte aussi !

Citation

Massimo Capone est un serial killer, pas un criminel mafieux. On ne peut pas mener une vie de serial killer et être affilié à un clan. C'est tout simplement impossible ! Ce sont deux activités qui demandent l'implication de toute l'énergie dont on dispose : on est serial killer à plein temps, même quand on ne tue pas ; et on est aussi camorriste, mafieux, associé de la 'ndrangheta ou de toute autre organisation criminelle... à plein temps ! C'est une manière de vivre, pour certains une mission, en aucun cas un métier.

Rédacteur: Thomas Bauduret jeudi 31 octobre 2013
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