Mon parrain de Brooklyn

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vendredi 26 avril

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Roman -

Mon parrain de Brooklyn

Humoristique - Gang - Urbain MAJ lundi 09 décembre 2013

Note accordée au livre: 5 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 21,5 €

Hesh Kestin
The Iron Will of Shoeshine Cats - 2009
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Samuel Todd
Paris : Le Seuil, octobre 2013
370 p. ; 23 x 14 cm
ISBN 978-2-02-110921-4
Coll. "Policiers"

Iron Mensch

Ignorez ce titre repoussoir, sans doute pour l'éternelle sujétion servile aux sacro-saintes séries TV qui sont l'aboutissement ultime du génie humain et le pérystile du bon goût (mais il faut dire que le titre d'origine se traduisait mal - La Volonté de fer de Shoeshine Cats ?) : ce roman est une vraie réussite, mêlant historique (enfin, tout dépend de la définition, les années 1950, c'était il y a un-demi siècle), récit de gangster et humour décalé principalement basé sur l'anachronisme. Parce qu'il ne faut pas s'attendre à une intrigue complexe bourrée de suspense à ce récit de dialogues et de rencontres évoquant parfois un théâtre de boulevard sous acide où les portes ne cessent de claquer...
Donc, en ce novembre 1963, Russell Newhouse est un fringant étudiant comme cette époque en connaissait encore, brillant et coureur de jupons, un Tintin yiddish sexué bombardé secrétaire de la Bhotke Society, une associations d'immigrés juifs polonais gérant un carré dans le cimetière de Brooklyn. C'est alors que le gangster Shushan Cats lui demande d'organiser l'enterrement de feue sa mère. Or Cats se prend d'affection pour le jeune surdoué, et Russell lui-même découvre dans ce gangster un personnage étonnant, bien plus cultivé que la moyenne et bourré de zones d'ombres. Quand il disparaît, voilà Russell chargé à son corps défendant de reprendre le business ! Mais Cats est-il bien mort ? Et qu'a-t-il préparé pour piéger Russell ?
Il serait facile de faire la comparaison avec Woody Allen — sauf erreur ce dernier n'a pas le monopole de l'humour juif qui, si je ne m'abuse, existait avant lui... — mais pas de doutes, Hesh Kestin a le don du dialogue, du bon mot, ponctué de rappels historiques jamais lourds. Difficile de trouver une intrigue taillée au cordeau dans ce roman sans véritable crime — enfin, si, mais dévoiler lequel serait déflorer — mais avec tout un défilé de juifs rebaptisés, de lesbiennes flamboyantes et d'agents vulgaires, le tout avec un petit côté Fitzgerald roboratif. Et pourtant, impossible de sauter une ligne, tant l'auteur donne une vie saisissante à toute cette comédie humaine tragi-comique. Et comme on est en 1963, certain événement joue un rôle inattendu dans l'intrigue... Si, pour reprendre un titre célèbre, le yiddish est le kvetch, soit l'art de se plaindre, l'auteur a ici l'art sinon de nous faire éclater de rire, mais de garder le sourire aux lèvres tout au long de ces trois cent soixante-dix pages bien tassées. C'est frais, léger, enlevé comme une comédie avec Cary Grant, faussement inconséquent, mais ça s'emploie à faire revivre toute l'atmosphère d'une époque d'avant la "fin de l'innocence" et les tumultueuses années 1970 jusqu'à une conclusion d'un optimisme d'un autre âge en cette ère morose. À signaler également un travail de traduction remarquable qui mériterait bien un prix tant la tâche ne dut pas être facile. Vraiment, selon la phrase consacrée, voilà un livre qui devrait être remboursé par la sécurité sociale. On vit une époque formidable...

Citation

La personne qui se tenait là était un de ces petits types natifs de Brooklyn dont on aurait dit qu'il aurait rétréci de moitié au lavage, de ceux qui font tordre l'aiguille lorsqu'un médecin tente de leur faire une piqûre.

Rédacteur: Thomas Bauduret lundi 09 décembre 2013
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