Sans crier gare surgit la nuit

Le temps semble filer plus vite à mesure qu'on vieillit. C'est comme une émission qui passerait en boucle, tous les soirs de la semaine. Mon métabolisme n'a jamais le temps de récupérer entre deux cuites. On s'en fout, je bois surtout du vin, et le vin, c'est bon pour la santé.
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vendredi 29 mars

Contenu

Roman - Noir

Sans crier gare surgit la nuit

Anticipation - Social - Médical - Terrorisme MAJ jeudi 20 mars 2014

Note accordée au livre: 4 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 14,5 €

Bernard Pasobrola
Paris : La Vie du rail, janvier 2014
252 p. ; 22 x 15 cm
ISBN 978-2-918758-38-9
Coll. "Rail noir", 24

Futur noir

Tout commence dans un asile de fous, même s'il ne faut plus employer ce terme. Le personnage central est là pour oublier ou se souvenir. En tout cas, il y a eu un traumatisme central : un attentat criminel dans un centre commercial où sa fille a trouvé la mort. Dans cette maison de repos, il découvre que d'autres pensionnaires sont liés à ce meurtre de masse. Y a-t-il un raison ? Cela a-t-il un rapport avec le directeur de la clinique, neuropsychiatre de renom qui s'oppose à un autre neuropsychiatre, devenu homme politique, et dont les thèmes sécuritaires sont entrés en résonance justement avec l'attentat ? Outre la folie de l'attentat, n'est-ce pas aussi contre la folie du monde extérieur que l'on se protège dans cette maison de repos ? Lorsque, pour enquêter, le personnage sort, il ne rencontre que folie, sécession des quartiers pauvres entourés par l'armée, policiers brutaux, vagues politiques extrémistes commençant à tout submerger, réflexion sur la possibilité de réaliser le rêve d'Orange mécanique en formatant les cerveaux pour rendre la société plus lisse et plus calme - mais peut-être moins humaine.
Le récit de Bernard Pasobrola tisse plusieurs fils : le voyage à travers une société malade de deux victimes qui essaient en cherchant la vérité à se reconstruire ; des réflexions sur un futur proche plausible qui n'est que la simple continuation des tendances les plus mortifères de notre temps (en même temps que des démarches plus solidaires) ; et quelques hypothèses sur les applications des nouvelles sciences en cours. Le tout s'installe au sein d'une dystopie (que d'autres appellent une utopie négative), d'une vision d'une société qui, face aux dérives et aux dissensions, essaie de créer une société plus policée en la rendant plus policière. L'un des moments de notre quinquennat précédent a été l'idée que l'on pouvait agir chimiquement sur les esprits des délinquants en herbe dès le primaire. C'est un peu, ici, le même esprit, où les avancées scientifiques proposent de "programmer" des citoyens plus dociles, dans une sorte de fascisme larvé, une tentative qui prend sa source (sans révéler la solution de l'intrigue) dans les nouvelles versions du capitalisme financier.
Du coup, le titre prend toute sa saveur dans ce futur qui n'est pas un vrai futur chantant ou sanglant, mais une simple prolongation de notre présent, dans ce qu'il peut présenter de moins réjouissant, et l'on sait si l'homme est capable de bien tirer toujours du côté obscur. Nous sommes sous le soleil du progrès, nous continuons à nous y éclairer jusqu'aux ténèbres soudaines.


On en parle : La Tête en noir n°167

Citation

Je traverse le hall où des slogans ont été inscrits à la hâte sur les murs - je remarque à ce moment-là que les sirènes se sont tues et que le silence règne à nouveau.

Rédacteur: Laurent Greusard mercredi 19 mars 2014
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