L'Enfant qui criait au loup

Évidemment, lorsque deux jeune filles de bonne famille rentrant chez elles à pied en pleine nuit après une soirée entre amis disparaissent et qu'on les retrouve quarante-huit heures plus tard dans un état tel que seul l'ADN permet de les identifier, ça fait désordre. Et toujours plus de bruit que cent traine-misère.
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vendredi 29 mars

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Roman - Policier

L'Enfant qui criait au loup

Social - Assassinat - Prise d'otage MAJ lundi 08 septembre 2014

Note accordée au livre: 4 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 22 €

Gunnar Staalesen
Dødens drabanter - 2006
Traduit du norvégien par Alex Fouillet
Montfort-en-Chalosse : Gaïa, septembre 2014
364 p. ; 24 x 15 cm
ISBN 978-2-84720-435-3
Coll. "Polar"

N'avouez jamais !

Varg Veum a le chic pour se retrouver en situation délicate. Cette fois, une de ses collègues des années de la Protection de l'enfance lui apprend qu'il figure sur... la liste des personnes à abattre d'un certain Jan Elvis Olsen, plus connu sous le petit nom de Janegutt, dont il a fait connaissance à l'âge de trois ans, quand il travaillait lui aussi à la Protection de l'enfance. Il avait alors contribué à ce que l'enfant soit retiré à sa mère biologique pour mauvais traitements. Puis il avait de nouveau eu affaire à Janegutt quand il avait six ans, alors qu'il venait d'être témoin que sa mère (adoptive, cette fois) avait poussé son père (également adoptif) dans l'escalier. Les cent premières pages du livre sont un retour en arrière d'une vingtaine d'années s'achevant sur le placement de l'enfant dans un nouvelle famille d'accueil, chez Klaus et Kari Libakk (qui vivent à Førde, dans le Sunnfjord, coin perdu de l'ouest du pays), et marquant un tournant dans l'existence de Veum, avec son divorce et sa décision de s'installer comme détective privé, dans l'espoir d'être un peu plus utile à la société qu'il ne s'est senti l'être jusque-là. Une dizaine d'années plus tard, il est appelé d'urgence à Førde, où Kari et Klaus Libakk viennent d'être assassinés. Le suspect numéro un n'est autre que Janegutt (qui se fait maintenant appeler Jan Egil), qui s'est retranché dans la montagne en prenant en otage une jeune fille, Silje (elle aussi enfant adoptée, mais par un autre couple), et n'accepte de parler qu'à Veum. Il finit par obtenir la reddition du jeune homme, mais c'est pour entendre la jeune fille s'accuser elle-même du double meurtre, sous prétexte de violences sexuelles. Or, il se trouve que Silje est la nièce de Terje Hammersten, le compagnon de la mère biologique de Jan Egil. Le tout sur fond de trafic d'alcool, dans cette région "asséchée" par la loi, et les grosses sommes d'argent qu'il implique. Même si les cas de parenté sont fréquents dans ces contrées isolées, l'affaire se complique au point que Veum y perd son latin. Et voilà que Jan Egil le supplie de l'aider à prouver son innocence, alors que tout l'accable. Et que Mette Olsen fait sa réapparition, assagie et contrite. Il y aussi une affaire de meurtre vieille de cent cinquante ans et jamais éclaircie, qui offre de curieuses analogie avec la présente. Les efforts de Veum et de l'avocat restent hélas vains, Jan est condamné à douze ans de prison, libéré conditionnellement au bout de dix, date à laquelle il recommence ses frasques et nous nous retrouvons dans le présent du récit et de la menace pesant sur Veum. Nous nous orientons alors vers un dénouement qui accumule (peut-être un peu trop) les surprises, mais très bien concocté si l'on repense à tous les cailloux semés sur le chemin de l'intrigue.
Ce qui fait la différence entre Staalesen et nombre de ses épigones, c'est – outre un ton et un style très particuliers – d'une part l'utilisation qu'il fait du paysage de l'ouest de la Norvège et de l'ambiance qu'il véhicule, et d'autre part la sympathie dont il fait preuve envers la plupart de ses personnages, surtout les "paumés" et y compris certains "coupables". On ne peut que partager ses doutes sur la vanité de certains efforts bien intentionnés - mais par quoi les remplacer ? -, sur la responsabilité respective de l'individu et de la société et sur la fiabilité des aveux. La leçon du livre ne s'arrête donc pas à la solution d'une énigme criminelle. Sans doute rappellera-t-il aussi aux "vieux de la vieille" tel film d'André Cayatte sur l'enfance en perdition et ce sont là des motifs supplémentaires d'en recommander la lecture.

Citation

À quoi sert tout ce que nous faisons ?

Rédacteur: Philippe Bouquet jeudi 31 juillet 2014
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