Niceville

Si les homicides avec vol à main armée prémédités y sont rares, c'est qu'ils exigent un niveau de préparation, d'entreprise et de sobriété qu'on rencontre peu souvent chez les délinquants indolents de cette île.
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vendredi 29 mars

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Roman - Thriller

Niceville

Fantastique - Braquage/Cambriolage - Disparition - Corruption - Urbain MAJ lundi 04 août 2014

Note accordée au livre: 2 sur 5

Poche
Réédition

Tout public

Prix: 8 €

Carsten Stroud
Niceville - 2012
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Olivier Grenot, Josée Kamoun
Paris : Points, mai 2014
524 p. ; 18 x 11 cm
ISBN 978-2-7578-4309-3
Coll. "Thriller", 3261

Qui trop embrasse...

"Vous n'avez rien lu de tel", proclame fièrement la quatrième de couverture. Certes, à condition d'être passé à l'écart des thrillers fantastiques post-Stephen King, des films et romans polars westerniens sévèrement burnés entre Don Winslow et Piège de cristal et d'ignorer l'existence des romans noirs sur le thème de la ville pourrie et le gothique sudiste... Donc, pour l'originalité, on repassera. Quid de l'efficacité ? Le point de départ est alléchant : à Niceville, charmante petite bourgade sudiste, tout est paisible, sauf que le taux d'enlèvements y est largement supérieur à la moyenne... Et c'est au tour du jeune Rainey Teague de disparaitre lui qui, d'après les caméras de surveillance, s'est volatilisé sans laisser de traces ! Alerté par des cris au beau milieu du cimetière, on le retrouve enfermé dans une tombe… hermétiquement close et sans que qui que ce soit ait pu y entrer...
Un an plus tard, un braquage de banque assez violent se termine dans le sang, lorsqu'un sniper mitraille les voitures de police poursuivant les coupables. Sauf que ceux-ci ne sont autres que des policiers locaux, et que les problèmes habituels s'élèvent au moment de partager le butin. Et il y a cette présence spectrale et meurtrière qui ne laisse derrière elle qu'un avertissement cryptique : "Elle passe à travers les miroirs", et semble avoir un compte à régler avec les familles les plus anciennes de la ville. Quel rapport avec le lieu-dit "La Fosse du cratère", un lac où, dit-on, vit un esprit maléfique plus vieux que l'humanité elle-même ?
Des éléments intéressants donc, mais qui ont bien du mal à fournir un tout cohérent, comme si l'auteur avait mélangé deux romans potentiels, reprenant tant le polar à la "un plan simple" (que cite l'auteur) ponctué de scènes cinématographiques mal mixées à un thriller fantastique faisant beaucoup penser au postulat du cinématographique Miroirs d'Alexandre Aja. De cette structure de "roman-d'horreur-dans-une-petite-ville", Carsten Stroud reprend la multiplicité des personnages… mais vu l'intrigue embrouillée, il est préférable de faire un effort pour se rappeler qui est qui. D'autant qu'un élément crucial n'est révélé qu'aux deux tiers de l'intrigue. Soudain, lorsque le tout est déjà un brin compliqué, interviennent des Chinois à la recherche d'un MacGuffin lié à la CIA que les braqueurs ont involontairement dérobé avec leur butin. Du coup, on pense à ces séries télévisées empilant les mystères sans trop se soucier de résoudre quoi que ce soit (puisqu'on peut toujours remettre ça à la saison 2...). Reproche paradoxal, car si l'écriture reste très cinématographique, le style n'a rien à voir avec les séries TV littéraires ronronnantes qui fleurissent actuellement. Au contraire, l'auteur maîtrise à merveille le style "dur à cuire" et parsème le roman de touches humoristiques — noires, bien sûr — bienvenues.
On en vient au constat que l'auteur ne manque pas de talent, mais finit par frustrer à force de vouloir mêler entre elles deux intrigues qui appartiennent à deux romans distincts qui n'ont pas vocation à cohabiter. Il donne l'impression d'avoir empilé entre elles une série de scènes et de personnages sans chercher à les relier, quitte à noyer les enjeux et le flux narratif jusqu'à une conclusion un peu facile. Une opportunité ratée, en quelque sorte, vu sa maîtrise stylistique (et une traduction irréprochable)...

Citation

Les Fogarty assistaient à toutes les audiences, anodines ou majeures, tels des chevaux à la retraite qui ne se résignent pas à quitter l'hippodrome.

Rédacteur: Thomas Bauduret vendredi 01 août 2014
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