Contenu
Damnés
Grand format
Inédit
Tout public
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Héloïse Esquié
Paris : Sonatine, juin 2014
290 p. ; 20 x 14 cm
ISBN 978-2-35584-257-3
In absentia...
Madison vient tout juste d'arriver en Enfer. Elle y est parce qu'elle était trop grosse. Ou bien peut-être parce qu'elle manquait de confiance en elle-même. En tout cas elle est morte. Pas facile de mourir, mais l'être, d'après ce qu'elle en dit, c'est plus terrible encore ! Notre civilisation ne nous a pas préparés à l'être. Tout compte fait, si : la télé constitue un bon entraînement. Madison est donc morte. À treize ans. On ne sait pas trop de quoi tout d'abord. Mais ce qu'on découvre, c'est une fillette incroyablement leste, qui s'interroge avec un sacré bon sens sur le sens de la vie. Comme de la mort, cette grande bêtise plutôt qu'un grand scandale, qui vous ramène à rien. À si peu même qu'un SDF ne voudrait pour rien au monde changer de place. C'est d'un drôle absolu, cette fillette délurée qui pense être morte pour punir sa famille, maman jet set, papa affairé soucieux de son empreinte carbone, des bobos pleins aux as qui ne jurent que par la macrobiotique et le bio-carburant pour salut de l'humanité. Sauf que la mort, c'est un peu définitif et c'est chiant. À commencer par sa cellule, remplie de bonbons écœurants, du dégueulis partout, sans compter les lamentations des voisins qu'il faut supporter... Tout le monde se plaint tout le temps en enfer. Et puis il y a ce gros problème de moisissure... C'est dégueulasse les enfers. De quoi est-elle morte au juste ? Peut-être d'avoir trop consommé de marijuana. Elle est heureuse d'une certaine manière d'être morte si tôt, avant l'adolescence, cette période de glaciation de l'intelligence. Bien que... Devoir rester pré-pubère l'éternité durant la travaille. Surtout qu'elle va être contrainte de se coltiner Le Patient anglais tout le temps qui lui reste... De quoi déprimer, vraiment, dans cette atmosphère de chalet de montagne, à faire la conversation avec sa voisine, une mijaurée qui ne cesse de lui demander quel jour on est en se polissant les ongles toute la sainte journée... Sans évoquer l'horreur des démons, qui viennent les bouffer de temps à autres, attendre qu'ils se recomposent et les rebouffer encore... Heureusement pour elle, elle fait la connaissance d'un punk et se fait une bande de potes qui bientôt vont conspirer contre Satan. Une vraie insurrection, à moins que tout cela ne soit télécommandé par le diable lui-même, qui aurait insidieusement écrit le scénario de leur révolte. Qu'est Madison au fond, sinon un personnage de fiction comme elle finit par s'en inquiéter, manipulée diaboliquement par un auteur dont elle ne sait rien, sinon que son ascension a été calculée et que de toute façon, son projet de tuer l'auteur de ses jours ne peut aboutir qu'à sa propre mort ?... Après un incipit ravageur décrivant par le menu les dérives de la société américaine contemporaine, Chuck Palahniuk renoue avec ses grandes farces littéraires dont il a le secret : c'est énorme, et c'est sacrément bien vu !
Citation
Regarder la télé et surfer sur Internet sont d'excellents entraînements à la mort.