Une enquête signée Betty

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jeudi 25 avril

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Roman - Policier

Une enquête signée Betty

Ethnologique - Enlèvement MAJ jeudi 09 avril 2015

Note accordée au livre: 4 sur 5

Poche
Inédit

À partir de 10 ans

Prix: 5,5 €

Alain Korkos
Paris : Nathan, mars 2015
128 p. ; illustrations en noir & blanc ; 18 x 13 cm
ISBN 978-2-09-255573-6
Coll. "Poche, 10-12 ans, c'est la vie"

De l'utilité d'être experte en enquêtes et en tissus africains

Betty hésite : elle aimerait être détective privée (elle a déjà son agence, Œil pour Œil), cheffe étoilée ou styliste pour pagnes africains... Ou les trois à la fois. Et surtout, elle aimerait se marier avec Lucas, le super beau garçon qui est dans sa classe mais qui ne semble même pas savoir qu'elle existe. Autant dire qu'elle est bien mal partie - il faut dire que son bulletin est vraiment nul... Tant pis : elle ne baisse pas les bras ; il ne manquerait plus que ça ! Aussi, quand au détour d'une rue elle assiste à un vrai kidnapping (oui oui, un vrai comme à la télé, avec une jeune femme précipitée dans une voiture contre son gré et tout et tout), et que la victime perd un objet dans le caniveau, elle se précipite en digne détective pour récupérer cet indice - une statuette en bois. Maigre piste, mais Betty est têtue, intelligente et, surtout, elle va être aidée dans son enquête par... Lucas ! Oui, ce Lucas qu'elle trouve trop beau et auquel elle ne pensait jamais devoir adresser un mot ! Que d'aventures !
Les deux enfants décident en effet de collaborer dans le cadre de cette enquête, car Lucas aussi a assisté à l'enlèvement. Mieux, il a même une photo prise avec son téléphone sur laquelle on voit la jeune femme kidnappée (et sur laquelle Betty apparait en arrière plan d'ailleurs... étrange ?). À l'aide de la très belle statuette qu'ils montrent à tous leurs amis, ils essaient de retrouver la piste de la victime : savoir qui elle est pour savoir qui a bien pu vouloir l'enlever. Cette statuette est d'ailleurs pour eux l'occasion, alors qu'ils se savent d'origines africaines bien qu'étant nés en France, de se plonger dans les arts africains : en effet, d'interlocuteur en interlocuteur, ils réalisent que chaque ethnie et chaque pays & ses propres codes artistiques, et que les simples formes et techniques de fabrication de la statuette révèlent son origine. Du Gabon à la Côte d'Ivoire, des ashantis aux bamilékés, les deux enfants arpentent les coutumes et la géographie africaines, et se lancent sur la piste de leurs propres origines. Car si Lucas sait très bien qui sont ses parents et peut donc les interroger, Betty vit seule avec sa maman depuis le décès de son papa. Elle n'en sait pas beaucoup sur lui car sa seule évocation fait pleurer ; mais ce jeu de piste et cette découverte de l'Afrique par le biais de ses arts et de ses traditions va réveiller en elle le besoin de mieux savoir d'où elle vient, de savoir quels étaient les racines de son père, et à travers lui les siennes. Pour cela, il n'y a qu'une seule solution : trouver les bons mots et le bon moment pour que sa mère ne se défile pas et, enfin, lui en dise plus sur cet homme qu'elle a aimé et qui a disparu.
Alain Korkos mêle dans ce court roman une enquête passionnante, une plongée dans les arts ancestraux et traditionnels africains et leur signification, et la très sensible question de la filiation. Ce mélange est tout aussi passionnant pour Betty et Lucas que pour le lecteur qui s'interroge également sur l'identité de cette victime, se prend d'intérêt pour l'art et réalise la signification de certaines de ses œuvres, a tout comme les deux enfants envie de savoir ce qu'il en est, rencontre des personnages hauts en couleur qui leur apportent avec gentillesse et patience leur aide et leurs connaissances.
Il n'y a aucun temps mort dans ce roman : inspirez profondément et plongez dans un texte coloré maitrisé de bout en bout, intelligent et empreint de sensibilité et de malice.

Citation

Mais ce que j'avais vu était tout à fait différent. Il s'agissait d'un rapt dont j'avais été l'unique spectatrice, et c'était à moi de délivrer la captive

Rédacteur: Catherine Thiéry mercredi 08 avril 2015
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