Kind of blue

Tandis qu'ils approchent de la porte d'entrée, un utilitaire noir aux vitres teintées ralentit et passe devant eux. Heureusement que Seth a la tête tournée vers la capitaine Fauvel et la chaussée : il a le temps de voir la porte latérale s'ouvrir brusquement sur quatre hommes armés, cagoulés, équipés de fusils d'assaut.
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mardi 12 novembre

Contenu

Roman - Policier

Kind of blue

Musique - Corruption - Procédure MAJ mardi 28 avril 2015

Note accordée au livre: 4 sur 5

Poche
Réédition

Tout public

Prix: 8 €

Miles Corwin
Kind of Blue - 2010
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Aline Weill
Paris : Points, juin 2014
472 p. ; 18 x 11 cm
ISBN 978-2-7578-4268-3
Coll. "Policier", 3279

Jazz policier

Le roman policier a eu des accointances avec le jazz et en a gardé parfois des traces : un sens du rythme, de la reprise, du tempo, des thèmes. Prenons par exemple un policier typique : c'est un gars solitaire qui ne croit qu'en lui, qui se méfie des structures administratives et qui a des comptes à régler, y compris avec son passé. Là où n'importe qui aurait abandonné depuis belle lurette et siroterait des verres au soleil, lui il continue à tracer son bonhomme de chemin, en égratignant les puissants. Il porte le poids d'un deuil impossible : il a laissé s'échapper un tueur ou a perdu un ami (ou son compagnon). Ash Levine n'échappe pas à la règle : il vit à Los Angeles et aurait pu s'occuper de sa demi-retraite, laisser se tasser les choses après avoir vu un de ses témoins abattus, et se contenter de savourer la vie auprès de sa mère (il est juif) et en pratiquant le surf. Mais dès que son ancien chef et ami lui téléphone pour lui demander de mener une enquête sur un flic mort, il replonge dans l'ambiance avec délectation.
C'est un policier à l'ancienne, qui s'appuie sur les indices, sur les interrogatoires et les failles dans les réponses, sur le tenace retour sur le même fait. Dans la lignée des procéduriers, il accumule les faits, visionne des centaines de fois la même cassette de vidéo-surveillance, retourne voir un témoin jusqu'à ce qu'il ait une réponse ou un fil à dévider. C'est un pit-bull qui chope sa proie à sa jambe et ne la lâche jamais. Lorsqu'il découvre des failles dans la mort du policier et qu'il peut raccrocher cette histoire à la mort de son témoin, il jubile.
Face à lui, son enquête obsessionnelle montre à quel point il peut semer la destruction : sa famille s'éloigne, ses liaisons amoureuses sont sont lendemain, les coupables, cachés même au sein de la police, lui tendent des pièges. Même lorsqu'il pourrait s'arrêter - car il a trouvé le coupable idéal -, il s'entête et cherche à savoir ce qui pourrait se cacher derrière cette solution, trop facile.
L'auteur est journaliste et a travaillé un an avec des enquêteurs. Il s'est glissé dans leur métier, pour en reconstituer les détails, le lent travail de fourmi, la lourdeur administrative, les joies et les frustrations qui entraînent parfois des dérives criminelles. Si le personnage est traité de manière classique, l'intrigue est reconstituée avec véracité, les personnages secondaires décrits avec soin, les bouffées de paix intérieure (un air de musique, une virée sur une planche de surf, un dîner avec une famille juive caricaturale) renforcent l'impression de vérité d'une intrigue que l'on a certes l'impression de connaître déjà mais qui joue sa petite musique de manière bien agréable.

Citation

Si je me laisse obséder par une théorie, j'ai peur que des œillères me fassent manquer les nuances du vrai scénario du meurtre.

Rédacteur: Laurent Greusard mercredi 22 avril 2015
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