Meurtre sous le signe du zen

J'enverrai peut-être un jour cette note au congrès mondial de psychiatrie afin qu'on en révèle le sens caché et que je puisse ainsi moi-même l'apprécier à sa juste valeur.
Alper Canigüz - L'Assassinat d'Hicabi Bey : Alper Kamu, cinq ans, détective
Couverture du livre coup de coeur

Coup de coeur

Éclipse totale
Harry Hole a été exclus de la police, ce qui ne l'empêche pas de couler des jours heureux, bouteille ...
... En savoir plus

Identifiez-vous

Inscription
Mot de passe perdu ?

vendredi 26 avril

Contenu

Roman - Policier

Meurtre sous le signe du zen

Énigme - Procédure - Trafic MAJ lundi 27 avril 2015

Note accordée au livre: 3 sur 5

Poche
Réédition

Tout public

Prix: 11,8 €

Oliver Bottini
Mord im zeichen des Zen - 2004
Traduit de l'allemand par Didier Debord
La Tour-d'Aigue : L'Aube, septembre 2014
408 p. ; 17 x 11 cm
ISBN 978-2-8159-1041-5
Coll. "L'Aube poche polar"

Frontière philosophique

Dans la philosophie zen, il existe ce que l'on appelle le koan, c'est-à-dire, cet espèce de phrase bizarre dont le sens est souvent caché et qui permet de débusquer la vraie nature du monde. Parfois le koan se compose d'un geste ou d'une action, a priori étrange mais qui se révèle plein de sens. Est-ce à une action de cette nature que sont confrontées les forces de police allemande lorsqu'un moine se balade sans parler, en petites sandales dans les chemins et villages neigeux ? Pour en savoir un peu plus, Louise Boni est envoyée vérifier ce que pourrait dire ce moine, mais peine perdue. De plus, elle est tellement ailleurs, entre le fait qu'elle a abattu un suspect quelques mois plus tôt et son alcoolisme qui commence à devenir préoccupant, que mener une enquête s'avère être pour elle un exercice hautement philosophique ou spirituel. Entre la blancheur de la neige, sur laquelle des traces sont autant de signes ésotériques, les aphorismes zen, les silences des moines, la lutte et les angoisses de Louise, la présence d'un traducteur de langues asiatiques assez énigmatique, le récit est lui aussi une suite de pistes zen. Le premier tiers du roman se déroule donc dans une sorte de lenteur, de rêve éveillé, de semi-conscience sous vapeurs alcooliques qui lui donnent un caractère surprenant, débouchant sur un acte de violence. Par la suite, tout en restant dans cette zone entre clarté et ténèbres, le roman va développer une enquête plus classique, centrée autour d'une policière qui doute : a-t-elle mal agi et a-t-elle ainsi causé la mort d'un policier ? Est-ce qu'elle peut surmonter sa dépendance à l'alcool ? Comment continuer à enquêter alors que les criminels semblent jouer sur les zones grises entre l'Allemagne et la France, autour de la frontière alsacienne, profitant des conflits de prérogatives ? Plus que l'histoire, c'est toute cette atmosphère poisseuse, comme anesthésiée par la neige qui rend tout cotonneux, par le rendu du style qui renvoie à cette imprécision, cette indécision qui contamine tous les personnages, qui créée une densité particulière, une tonalité particulière à Meurtre sous le signe du zen. Il faut accepter cette lenteur, cette torpeur, ce sentiment de bruits feutrés, de décalage visuel - comme lorsque l'on regarde par la fenêtre la neige tomber -, pour apprécier le charme particulier de cet auteur allemand.

Citation

À travers la neige, il l'accompagnait d'une vie vers une autre. L'étroit sentier qui sinuait à travers la forêt était comme un pont, reliant deux univers différents.

Rédacteur: Laurent Greusard lundi 27 avril 2015
partager : Publier dans Facebook ! | Publier dans
MySpace ! |

Pied de page