Sauvagerie

Progressivement, ce monde imaginaire devenait un endroit sombre et sinistre où régnaient la violence, l'oppression et les actes bestiaux. Pour autant, le tueur en série en herbe le contrôlait toujours. Quand ces enfants deviennent des tueurs en série, ce sont leurs tentatives pour réaliser leurs fantasmes qui génèrent leurs crimes.
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mardi 19 mars

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Roman - Thriller

Sauvagerie

Social - Vengeance - Artistique MAJ mercredi 17 juin 2015

Note accordée au livre: 5 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 23,5 €

Matthew Stokoe
Colony of Whores - 2014
Traduit de l'anglais par Antoine Chainas
Paris : Gallimard, juin 2015
384 p. ; 23 x 16 cm
ISBN 978-2-07-014554-6
Coll. "Série noire"

Hollywood, usine à rêves

Hollywood est la Mecque du cinéma, le haut lieu de l'art qui a dépassé tous les autres et s'est imposé sur tous les continents, mais pour un ou deux visionnaires qui pratiquent avec humilité et dévotion le culte du film, combien y a-t-il de faux dévots, de prêtres apostats et d'hérétiques virulents ? L'intrigue de ce troisième roman de Matthew Stokoe à paraître à la "Série Noire" va tourner autour de quelques personnages, tous liés au milieu du 7e Art. Il y a tout d 'abord Tim, un scénariste, qui découvre que sa petite amie écrit elle aussi un scénario, et lorsqu'il se met à la suivre, il découvre qu'elle se procure ses idées dans des partouzes glauques en plein air et dans des parkings désaffectés. Qui plus est, le scénario qu'elle cherche à placer n'est qu'une copie d'un autre, plus ancien, d'une femme morte. Un scénario à clé qui ne sert pas tant à faire un film qu'à faire chanter des assassins. Une comédie musicale d'un nouveau genre en quelque sorte... D'autant que parmi ces assassins, il y a des producteurs, dont un couple incestueux, et qui espèrent faire disparaître un traumatisme ancien en violant des filles à l'aide d'un Oscar modifié pour être encore plus phallique !
Sauvagerie met donc en scène le monde hollywoodien comme une parabole du capitalisme le plus débridé avec les possédants qui agissent comme bon leur semble, qui soudoient, utilisent les autres comme esclaves (le texte voit passer des Mexicains qui sont pourvoyeurs de plaisir, prostituées, clandestins martyrisés ou domestiques dans les grandes propriétés), et qui les font chasser par la police lorsqu'ils finissent par leur déplaire. Un monde de prédation où coucher avec sa sœur, ses enfants ou ses petits-enfants n'est qu'une variante "normale" des rapports familiaux. Ces incestes réels renvoient aux rapports étroits qu'entretiennent les quelques personnages du roman, le monde du cinéma restant un univers clos où engageant une vedette, une réalisatrice découvre, en discutant, que les deux femmes partagent un même passé traumatique. Du coup, ce milieu clos exacerbe les passions, et le roman développe une esthétique de la violence assez tarantinesque pendant que certains des personnages se lamentent justement sur la disparition des films d'auteur au profit de grands spectacles pyrotechniques et d'effets spéciaux.
Conçu comme un grand jeu de massacre, ponctué de remarques cyniques autour du thème "C'est ainsi qu'est Hollywood", Sauvagerie décortique, à grands jets de foutre et de sang, l'arrogance des possédants, les extraordinaires capacités de résilience des "prolétaires", sans jamais se positionner en moraliste, décrivant d'un même élan un viol ou une vengeance sanglante.

Citation

Il était sur le point de vivre un épisode digne d'un roman ou d'un film. Il traquait l'assassin de sa sœur. À l'intersection de Melrose, il songea brièvement à s'acheter un pantalon en cuir.

Rédacteur: Laurent Greusard mercredi 17 juin 2015
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