Le Feu sur la montagne

Pourtant, je crois qu'un jour ça changera. Comment ? Je ne sais pas. Quand ? Je le sais encore moins. Alors pourquoi ? Parce qu'il y aura toujours quelqu'un pour se battre.
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Roman - Noir

Le Feu sur la montagne

Ethnologique - Faits divers - Crépusculaire MAJ vendredi 17 juillet 2015

Note accordée au livre: 5 sur 5

Grand format
Réédition

Tout public

Prix: 22 €

Edward Abbey
Fire on the Mountain - 1962
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Jacques Mailhos
Paris : Gallmeister, juin 2015
212 p. ; 21 x 14 cm
ISBN 978-2-35178-093-0
Coll. "Nature Writing"

Le lion est mort

Les éditions Gallmeister rééditent en grand format Le Feu sur la montagne, excellente fable initiatique d'Edward Abbey, déjà parue en 2008. L'ouvrage entre dans la collection "Nature Writing", peut-être à juste titre tant il y est question de grands espaces dans un Nouveau-Mexique aux mains des militaires américains soucieux de jouer avec des missiles afin de lutter contre l'ennemi soviétique. Pourtant tout commence pour le mieux dans ce roman. À la fin des années 1950, en pleines vacances, débarque Billy, douze ans, dans le ranch de son grand-père Vogelin. Un grand-père adulé que le tout jeune adolescent tente vainement d'imiter avec un chapeau de cow-boy un peu factice et une chemise à carreaux du même acabit. Billy n'a d'yeux que pour ce grand-père bougon, revêche, qui joue les êtres rudes et frustres pour cacher un cœur tendre. Ce grand-père qui est un lion à l'instar de cet animal que Billy croisera sur sa route et qui finira à l'agonie du livre. Et puis ce grand-père a un acolyte de première, Lee. Les deux hommes emmènent Billy à leurs côtés à la recherche d'un cheval égaré, celui que justement Billy monte à chaque vacances. Sur le chemin, la soif se fait sentir, et c'est l'occasion d'une jolie complicité à trois entachée d'une rencontre avec des militaires ivres qui conduisent une jeep. Billy joue aux durs. Billy est tendre, mais loyal. Il a cette droiture de l'adolescent aux idéaux profonds et au mimétisme ancré. Las, il va se confronter à la dure réalité américaine, celle qui est assujettie à l'esprit de la nation. L'US Air Force a exproprié son grand-père de son ranch et de ses terres moyennant une somme qui peut paraitre rondelette mais qui est somme toute ridicule. Car le grand-père tient le ranch de son grand-père et entend bien y mourir tranquillement. "Le point de départ, c'est un bon endroit pour finir" dit-il à un moment de cette intrigue. Aussi, il décide de se retrancher et de résister envers et contre tous malgré les remarques fondées de Lee. Cette histoire, issue d'un fait véridique, Edward Abbey la dépeint d'une écriture fine, flamboyante et jubilatoire. Il réussit le tour de force de se mettre réellement au niveau de son personnage narrateur. Il en profite pour nous embarquer à ses côtés dans un court road book, qui permet de mieux cerner les Américains déracinés qui jalonnent les routes solitaires. Pourtant, même s'il donne raison à ce grand-père, Edward Abbey explique bien que ses ancêtres ont volé ces mêmes terres à des Indiens, et qu'elles sont destinées à toujours être volées. Mais surtout, le grand romancier américain écrit une fable où se mêlent amour et trahison, amitié et hostilité, liberté et enfermement, folie et sagesse. Si le feu couve à l'intérieur d'un grand-père dont le destin ne surprendra pas, il n'en est pas de même pour Billy, personnage principal en quête d'une figure masculine - élevé par sa mère, il a une tante mais on ne sait rien de son père qui semble absent. Aussi se retranche-t-il derrière ce grand-père droit dans ses bottes qui lui offre à boire de l'eau d'une gourde lorsque Lee n'est pas là pour s'en rendre compte (Lee fera exactement de même). Le feu finira par fracasser la montagne et ce grand-père au tempérament de feu et de lion, l'adolescent aura perdu ses illusions, mais sera devenu un homme dans l'adversité. Il aura même réussi à convaincre Lee du bien-fondé de certaines actions. La liberté à un prix, et en prendre conscience en lisant Edward Abbey est somme toute très peu cher.

Citation

Personne n'est en sûreté quand le gouvernement prend les maisons des gens.

Rédacteur: Julien Védrenne jeudi 09 juillet 2015
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