Les Écailles d'or

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mardi 19 mars

Contenu

Roman - Noir

Les Écailles d'or

Ethnologique - Géopolitique - Enlèvement - Mafia - Révolution MAJ mardi 08 septembre 2015

Note accordée au livre: 5 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 22,5 €

Parker Bilal
The Golden Scale - 2012
Traduit de l'anglais par Gérard de Chergé
Paris : Le Seuil, janvier 2015
420 p. ; 23 x 14 cm
ISBN 978-2-02-114191-7
Coll. "Policiers"

À chacun sa croisade

En ces temps troublés, entre deux informations anxiogènes, revient le leitmotiv que les Musulmans sont les premières victimes des islamistes. Coup de chance dans le malheur actuel du monde, les éditions du Seuil, qui ont décidé d'ouvrir de nouvelles pistes internationales au roman noir, nous offrent un auteur au parcours mondial : Parker Bilal - pseudonyme de Jamal Mahjoub, un écrivain anglo-soudanais auteur de quatre autres romans chez Actes Sud.
L'histoire se déroule sur trois niveaux. Il y a d'abord en 1981, une Anglaise de bonne famille, junkie, a vu disparaître sa fille Alice au Caire alors qu'elle recherchait le père de son enfant. Revenue en 1998 pour tenter une nouvelle démarche, elle est découverte morte, peu après avoir croisé Makana, un privé. Ensuite, il y a ce Makana, un ancien policier qui a fui le régime soudanais, et qui l'a rencontrée parce qu'il menait de son côté une enquête sur la disparition d'Adil, un footballeur local, une star, qui toutes proportions gardées est le David Beckham local. Une enquête difficile car Hanafi, le patron du club est une figure puissante : milliardaire, mafieux, patron d'industrie, lié au monde politique et à la corruption des sphères dirigeantes égyptiennes. Le kidnapping peut être le fait de multiples commanditaires aux raisons variées qui vont de louches affairistes du monde interlope d'un cinéma spécialisé à la mafia russe qui est en train de s'implanter en Égypte. Enfin, arrive le troisième niveau sur fond d'une interrogation : pourquoi Makana a-t-il été choisi pour enquêter ? Parce qu'il est sans doute sans doute le seul privé incorruptible de la ville. Et cet atout, il le doit à son parcours. Makana n'est pas égyptien, mais soudanais. Face à la montée du fondamentalisme islamiste, puis au contrôle du pouvoir par des factions intégristes, il a toujours tenté de maintenir une certaine idée de la justice. Résultat, sa famille a été décimée, et il a dû fuir.
Même si l'intrigue se situe en 1998, l'enquête va lancer des pistes autour de l'invasion soviétique en Afghanistan, la montée des groupes islamistes, le retour des anciens combattants, la prise de contrôle de villes ou de régions du monde arabe, la façon dont les individus résistent ou non, dont les sociétés plient ou se rompent, dont on s'accommode ou on profite du monde comme il va.
Le récit est donc surprenant et captivant à plus d'un titre. Tout d'abord, la trajectoire individuelle de Makana, homme de principes dans un monde qui en a si peu est sans doute déjà connue mais la description lente et minutieuse dont une société, ici le Soudan, se laisse contaminer, déformer, est saisissante. En filigrane, court l'idée que, dans l'Égypte où il vit à présent, la corruption et la gabegie des élites risquent de conduire au même résultat. Le regard porté sur l'empire de Hanafi, colosse aux pieds d'argile, groupe immobilier basé sur le sable (ce qui peut sembler logique dans la région), et qui vit d'esbroufes : la publicité, la télévision ou le cinéma, le monde des affaires sans bases industrielles, est à l'aune des descriptions du même genre que l'on rencontraient dans les romans noirs américains sur la déliquescence de la société occidentale.
Par delà, le roman noir montre bien combien il peut être un récit du monde véritable, une photographie sensible et intelligente de notre temps, aussi parlante qu'un long discours théorique.


On en parle : Carnet de la Noir'Rôde n°55

Nominations :
Prix des lecteurs de Villeneuve lez Avignon 2015

Citation

Makana regardait le système judiciaire se déliter sous ses yeux : les citoyens étaient arrêtés sans motif, disparaissaient dans des prisons secrètes ou des 'maisons fantômes', étaient victimes de viols, de tortures et d'exécutions sommaires sans procès. C'était l'ordre du jour.

Rédacteur: Laurent Greusard mercredi 22 juillet 2015
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