Notre-Dame du Vide

La nuit était parfaitement bleue. De ce bleu absolu qu'ont les rêves et les sommeils sans fin de l'alcool et des drogues. Ces sommeils dans lesquels plongeaient autrefois les indiens Algonquiens dans leurs voyages immobiles sur l'île et ses proches alentours.
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Nouvelle -

Notre-Dame du Vide

MAJ mardi 25 août 2009

Note accordée au livre: 4 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 19 €

Tony O'Neill
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Patrice Carrer
Puzol : 13e Note, juin 2009
238 p. ; 18 x 14 cm
ISBN 978-84-936647-3-2

Black Hole Symphony

Récemment paru aux excellentes et jeunes éditions 13e Note, Notre-Dame du Vide de Tony O'Neill est un recueil de textes courts orienté stupéfiants. En effet, comme s'il s'agissait d'une contrainte d'écriture, il ne faut pas moins de deux lignes à chaque entame pour que l'auteur use du terme "dealer", "junky" ou "drogue", et plante, implacablement, son décor et son empreinte. Ces instantanés de la défonce à Los Angeles exploitent certes les poncifs du genre : séjours de désintox, passes sordides dans des hôtels miteux, vol en éclat de couples pour qui l'héro est devenue l'unique raison de (sur)vivre, notamment. Mais O'Neill ne s'embourbe pas dans le déjà-lu et pose, dans chacune de ces fulgurances narratives, la question de la relation entre la création et la drogue. Tel un ingrédient régulier du concentré, l'auteur donne corps à des personnages en proie aux affres de la création, que ce soit au travers de l'écriture d'un scénario, d'un roman ou autre. La balance difficilement maintenue entre shoot et production artistique devient bientôt un affrontement au cours duquel l'art sort rarement vainqueur. La figure de l'artiste maudit, perdu dans les limbes des psychotropes pour doper sa fibre artistique en prend un sacré coup ici, ce dernier chutant dans le réalisme vertigineux des abîmes ouverts par l'amie seringue.
Si tous les récits ne sont pas égaux sur le plan littéraire parlant, nous ne pouvons passer sous silence l'objet complètement délirant qu'est En attendant CJ, qui met en scène un savoureux trio – le junky en manque qui vient taper à la porte de son dealer, le costaud venu pour récupérer son argent par tous les moyens, et la Mort en personne qui vient chercher ledit dealer, son heure étant venue. S'ensuit un dialogue surréaliste entre les trois gus, se tirant la bourre en attendant un Godot toxico.
Le trip O'Neill ne passera pas inaperçu, et si le passé tumultueux de celui-ci ne semble pas bien loin dans les récits forts pittoresques et riches en détails de Notre-Dame du vide, démêler ce qui tient de l'autobiographie et de l'imaginaire de ce jeune trentenaire à la vie déjà bien remplie est vain, tant l'art est maîtrisé, dense, formant un matériau compact, qui colle aux dents, avec ce goût tenace de déchéance, de corps qui crient, d'esprits démolis... et la poésie toute brute de la rue qui surnage.
Bonus track : Comme pour parfaire la sensation d'avoir lu une œuvre arrachée, véritablement, des tripes de son auteur, O'Neill s'adresse aux lecteurs français : le livre est inédit sous cette forme, né des échanges entre l'éditeur français et l'auteur.

NB – Le recueil comprend : "Au lecteur français", note de l'auteur ; les nouvelles suivantes "Pas tout à fait Joe Meek", "Valseuses", "Almost blue", "Vendredi soir chez Paco, le dealer de crack", "Une histoire plus triste que toutes les autres putes meutries d'HOllywood", "La Septième overdose", "En attendant CJ", "Le Chant du canari", "Bill Bailey", "Le Cœur est une petite chose amputée", "Souvenirs sentimentaux" ( rassemblés dans le motel Deville - chambre 17B - , à East L.A.), "Chatte à gogo", "La Promenade du Docteur", "Dernières nouvelles de Port Naufrage", "Bonne et heureuse année, Frank le promeneur de chiens !", "Le Moignon de Duane", "Pour l'amour des morts", "Notre-Dame du Vide", "De quelques drogues" (considérations décousues) ; "Les rues de Los Angeles", note du traducteur ; Repères critiques.

Citation

Le mec qui entre est un Blanc [...], les yeux comme des télés en panne. [...] Il a l'air d'avoir fait quelques séjours en enfer et peut-être même d'avoir aimé ça.

Rédacteur: Estelle Durand lundi 24 août 2009
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