Vierge noire : morte saison en Savoie

- J'estime mes pertes à plus de six mille dollars !... Tu disposes d'une telle somme ? - Six mille dollars ?!... Non, mais... - Dans ce cas, tu vas mourir et ton agonie sera longue et douloureuse !... Que veux-tu, Miles, une dette est une dette.
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Roman - Policier

Vierge noire : morte saison en Savoie

Disparition - Rural MAJ lundi 05 octobre 2015

Note accordée au livre: 3 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 10,9 €

Jérôme Maufras
Gudensberg-Gleichen : Wartberg, septembre 2015
214 p. ; 20 x 12 cm
ISBN 978-3-8313-2825-3
Coll. "Zones noires"

Fier chalet

Retourner dans les années 1980 et en Haute-Savoie, c'est comme se retrouver plongé dans des univers inconnus qui évoqueront des souvenirs ou des nostalgies (surtout en nos périodes mélancoliques où la mode du jour consiste à réveiller d'anciennes modes). Nous voilà donc avec des Ctiroën Ami 8, des cassettes audio qui diffusent les tubes de Taxi Girl - et qui se souvient encore des coupes au pétard de The Cure et de leurs maquillages ? Selon les sous-cultures, certains auront même une pensée émue pour la revue Planète (citée dans le roman) ou les couvertures rouges de la collection "Aventures mystérieuses" des éditions poche J'ai lu .
Il y a d'ailleurs du mystère et des sectes, des savoirs anciens et des fantômes, dans cet Vierge noire, car la statue du titre n'est pas accessoire : elle semble se déplacer comme dans les malédictions anciennes de "Belphégor". Elle frappe les impies dans les églises, ce qui perturbe quelque peu le père Garelli, nouveau prêtre venu dans l'arrière-pays pour tenter de redynamiser le Charmaix, une paroisse en perte de vitesse. Sa mission est de plus en plus compliquée entre la disparition de la Vierge noire et le retour des rumeurs qui y sont liées : si la statue a disparu, c'est parce qu'elle a repris vie et se balade pour tuer les êtres maléfiques, punir les impies... L'un des problèmes, c'est que le curé l'a vue, mais qu'il est le seul et qu'il se retrouve avec une sorte de meurtre en vase clos dans son église, ce qui fait de lui un suspect idéal. Face à lui, Sophie Jonak, jeune lieutenant de police, de choc, férue de musique "moderne" (bon d'accord elle chantonne "Amoureux solitaires", mais à l'époque c'était moderne !) et de méthodes scientifiques pour ses enquêtes. Elle ne croit pas aux apparitions et elle se doute bien qu'il y a quelque chose d'autre sous ces fantasmagories d'une statue, même sainte. Et comme les années 1980 en sont à leur début, elle se doute aussi que ce nous entrons de plain-pied dans les années fric, que déjà Bernard se tapit sous les jupes de Mitterrand, et qu'il y a sans doute de sombres magouilles derrière les morts qui commencent à parsemer le village alpestre de Charmaix, si calme d'habitude.
Jérôme Maufras construit une histoire classique mais solide : ses personnages du prêtre et de la lieutenant de police pris entre modernité et tradition sont décrits avec soin, et l'enquête est menée sérieusement. Il prend son temps pour planter son décor, évoquer les années 1980 (il ne manque pas un bouton de guêtre, ni un air pop glissant dans l'air), et la reconstitution tient la route. C'est du solide, du travaillé, de l'artisanal de bonne facture, du roman rural qui traverse les années son bonhomme de chemin, comme ces vieilles rengaines que l'on croit démodées et que l'on sifflote toujours avec plaisir, comme le goût des banana split que dévoraient d'abominables hommes des neiges.

Citation

Le confessionnal était pour lui un résumé de la civilisation ; c'était même l'exercice de civilisation par excellente. Le confessé avait beau connaître le confesseur, et le confesseur, le confessé, cela ne retirait rien à la sincérité de ce moment, ni à la pureté de l'intention, pas plus qu'à la beauté sombre de la rédemption.

Rédacteur: Laurent Greusard lundi 05 octobre 2015
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