Le Couteau jaune : l'affaire Dany Leprince

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Essai - Policier

Le Couteau jaune : l'affaire Dany Leprince

Assassinat - Procédure - Faits divers MAJ mercredi 03 février 2016

Note accordée au livre: 4 sur 5

Poche
Réédition

Tout public

Prix: 8,6 €

Franck Johannès
Paris : Points, mars 2015
642 p. ; 18 x 11 cm
ISBN 978-2-7578-5232-3
Coll. "Crime"

Cruauté du droit français

Dix-sept années de procédure judiciaire expédiées en trois minutes dans un prétoire vide. Un rejet, et la prison à vie. Rien d'étonnant au fond : depuis 1945, seuls huit condamnés ont été acquittés après révision de leur procès. C'est cela, la justice française. Elle est incapable de juger en toute sérénité ses propres fautes. Dans le cas de l'Affaire Dany Leprince, deux arrêts contradictoires ont été rendus. Mais qu'importe : c'est le dernier qui parle qui a raison pourrait-on énoncer, comme dans une cour d'école, n'était la gravité de l'enjeu. L'enjeu en effet c'est la vie d'un homme... Dany Leprince a été condamné en 1997 à perpétuité, assortie d'une période de sûreté de vingt-deux ans, pour un quadruple meurtre. Puis remis en liberté le 8 juillet 2010 après trois ans d'enquête minutieuse, avant que la Cour de Cassation n'en décide autrement, révisant son procès sans apporter d'éléments convaincants pour le clore définitivement en trois minutes chrono... Il restait à ses yeux coupables d'avoir découpé au hachoir sa famille, dont deux fillettes de six et dix ans. Le conseiller du Président qui annonça le verdict ne prit même pas la peine de recevoir ses avocats. Coupable. Quand tout indique dans son dossier qu'il y a nécessairement eu plusieurs meurtriers. Coupable, quand son dossier exhibe outrageusement une instruction exclusivement menée à charge. Coupable, quand tombe des mains ce même dossier révélant la sympathie des inspecteurs pour l'accusatrice principale. La contre-enquête menée par Franck Johannès laisse pantois. Donne le vertige plutôt, quand tant d'éléments exposent si clairement l'innocence du prévenu ! Comme ces aveux de fin de garde à vue, sous la pression de gendarmes décidés à en découdre. Ou ces déclarations de témoins soufflées par ces mêmes gendarmes. Ou bien encore la destruction des scellés par le parquet de Mons. Les bras nous en tombent : c'est ça, la Justice française ? Pas de preuves directes, pas de mobiles. Des accusations contradictoires, des doutes sur l'arme du crime, trouvée in extremis au bon endroit. Toute cette machinerie policière, toute cette machinerie judiciaire exaspèrent, scandalisent. Une scène de crime contaminée, des gendarmes qui omettent de vérifier les appels téléphoniques susceptibles d'innocenter le prévenu... Minute par minute, tout le fil de l'histoire est remonté, décortiqué, passé au scalpel, avec cette rigueur qui manqua aux gendarmes. On compulse leur dossier, on découvre ce travail du légiste bâclé, voire inspiré par le capitaine de gendarmerie qui avait en charge l'enquête, pour adapter ses conclusions au scénario dudit capitaine... Il n'est pas jusqu'aux PV d'audition qui ne soient sujets à caution : les questions sont omises, on ne sait trop à quoi répond le prévenu. Bref, il ne fait pas bon tomber entre les mains de cette justice-là, se dit-on, tout en se demandant comment ont réagi les acteurs de cette monstruosité judiciaire, à la lecture de cet essai - s'ils l'ont lu !

Citation

Innocenter la Justice est plus important qu'innocenter un innocent.

Rédacteur: Joël Jégouzo mardi 02 février 2016
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