Dedans ce sont les loups

C'est un véritable train fantôme surgi de l'enfer qui traverse la gare de La Praz, laissant derrière lui un sillage de cadavres disloqués.
Patrick Eris - Histoires vraies sur les rails
Couverture du livre coup de coeur

Coup de coeur

Éclipse totale
Harry Hole a été exclus de la police, ce qui ne l'empêche pas de couler des jours heureux, bouteille ...
... En savoir plus

Identifiez-vous

Inscription
Mot de passe perdu ?

vendredi 29 mars

Contenu

Roman - Noir

Dedans ce sont les loups

Ethnologique - Social - Trafic MAJ jeudi 25 février 2016

Note accordée au livre: 4 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 19 €

Stéphane Jolibert
Paris : Le Masque, janvier 2016
280 p. ; 23 x 14 cm
ISBN 978-2-7024-4258-6
Coll. "Grands formats"

Sensations pures

Il est utile parfois de renverser les perspectives. On connait tous le proverbe "L'homme est un loup pour l'homme", un poème qui est le plus souvent injurieux pour le loup. Stéphane Jolibert nous propose une autre version : dans une meute, un loup dominant, certes, commande, mais il ne dirige pas pour lui, mais pour le bien-être de la meute. Tous se plient à cette loi car elle est garante de l'ordre social. Certains préfèrent devenir des chiens, se domestiquer ou se civiliser, ce qui revient à dire qu'ils préfèrent perdre l'intérêt du collectif.
Avec Dedans nous sommes des loups, l'auteur nous emmène dans le Grand Nord. Dans des régions si froides que lorsque vient l'hiver il est impossible d'enterrer les cadavres et que l'on se contente de les enfermer dans des sacs que l'on accroche sur les toits - pour éviter que les rôdeurs ne viennent se servir. Il existe une industrie liée aux bois et Le Terminus, un gigantesque hôtel qui sert de supermarché, de bordel et de lieu de rendez-vous pour tout le monde. Entre les prostituées et les ivrognes, il faut un homme ayant les pieds bien sur terre pour préserver la paix. Cet homme, c'est Nats. Un homme qui commence à trouver son équilibre entre son métier et Sarah la rousse, une jeune étudiante, venue de la grande ville voir son oncle, le vieux Tom, un bouilleur de cru local, vieux sage qui a pris sous son aile Nats et d'autres villageois. Autour d'eux des figures marquent la ville à l'instar de Twigs la Levrette, garagiste et chargé d'enterrer les corps ou encore Leïla, une prostituée... Au-dessus, un mystérieux inconnu qui gère, en mafieux local, toutes les activités de la région et est le propriétaire de toutes les affaires légales ou non. Tout cet univers, qui oscille entre le roman noir et le western va soudain risquer d'éclater lorsqu'arrive Sean. Ce dernier semble avoir envie de détruire l'équilibre local à son propre bénéfice, et Nats voit en lui un homme qu'il a croisé avant, dans sa vie d'homme du Sud, d'homme du chaud. Il n'en est pas sûr mais s'il s'avère qu'il a raison, alors il faut sacrément se méfier de ce Sean.
Stéphane Jolibert réussit cette première incursion à la fois dans l'écriture longue et dans le roman noir. Basé sur un décor esquissé - des montagnes, une nature hostile, des animaux carnassiers et de la neige qui recouvre et masque à peu près tout ce qui s'y trouve, il centre son intrigue autour de quelques personnages cabossés par la vie et qui survivent dans une sorte d'équilibre précaire. Twigs en ivrogne qui perd les cadavres qu'il doit enterrer ajoute une petite dose de grotesque qui aide au bon fonctionnement de l'ensemble. Des moments de tendresse, d'humanité, ponctuent des scènes plus noires et lourdes en un subtil contrepoint. La morale qui tourne autour de l'idée qu'il vaut mieux être une meute humaine ensemble que des individus qui s'entre-déchirent est amenée par certains personnages et quelques paragraphes autour d'un vieux loup mourant qui rôde autour du village rappelle qu'un vrai polar en milieu rude, un vrai western, une vraie humanité, c'est avant tout, un rapport sain et honnête avec la nature.

Citation

Dix-sept jours qu'il neigeait. Les corbeaux, posés épars sur les branches dénudées, courbaient l'échine. De temps à autre, l'un d'eux ouvrait grand ses ailes, s'ébrouait pour se décharger du fardeau blanc, puis, sagement, reprenait sa position initiale.

Rédacteur: Laurent Greusard jeudi 25 février 2016
partager : Publier dans Facebook ! | Publier dans
MySpace ! |

Pied de page