Carnets noirs

Son hilarité résonnait en cascade dans le boyau de velours bordeaux. La bouche ouverte, expulsant les gémissements de l'aliénation, l'homme en robe de chambre titubait le long d'un dédale de couloirs sombres, illuminés par des lanternes suspendues au plafond, qui répandaient des cônes rougeâtres sur les formes géométriques de la moquette.
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Livre sonore - Noir

Carnets noirs

Psychologique - Enquête littéraire - Assassinat MAJ lundi 01 août 2016

Note accordée au livre: 5 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 26,9 €

Stephen King
Finders Keepers - 2015
Antoine Tomé (lecteur)
Paris : Audiolib, avril 2016
2 CD MP3 19 x 14 cm
ISBN 978-2-36762-122-7

C'est quoi, un personnage de roman ?

1978. John Rothstein n'écrit plus depuis une bonne dizaine d'années, et vit seul, loin du monde. Il a mis à mort Jimmy Gold, le héros de ses romans, que les foules lui disputaient. Mais dans un coffre-fort de sa maison, il conserve une centaine de carnets noirs, qui forment les bases de deux nouveaux récits de Jimmy Gold. Des carnets qu'un fan aigri lui dérobe, après l'avoir tué pour le punir d'avoir mis fin à la série... Un petit air de Sherlock ou de Misery, sauf qu'ici le lecteur est plus radical encore, qui dispose de l'essentiel à savoir les deux fictions - qu'il enterre dans une malle. Condamné pour un autre meurtre, Morris Bellamy purge trente-cinq ans de prison quand, en 2010, un lycéen tombe sur la dite malle. Fan lui-même de Jimmy Gold, la découverte bouleverse bientôt sa vie. Libéré, Morris Bellamy n'aura plus qu'une idée en tête : trouver le salaud qui a osé lui voler ses carnets... Deux lecteurs jetés l'un contre l'autre... qui vont croiser la route du détective Bill Hodges et du tueur de Mr. Mercedes, Brady Hartsfield, psychopathe ramené à une vie végétative à force de coups sur la tête, moins dérangé qu'il n'y paraît, à développer des pouvoirs kinesthésiques. On retrouve là tous les thèmes chers à Stephen King, de plus en plus fasciné par cette rencontre inouïe qu'est celle d'un lecteur avec un texte. Un Stephen King qui, ne sachant trop comment saisir une problématique qui échappe nécessairement à toute prise, alterne les points de vue pour tenter moins d'y répondre que d'en ouvrir le sens au lecteur de ce nouveau roman qui plus est dans ce dispositif savant qu'il met en scène. Une mise en abîme pour tout dire, particulièrement réussie quant à l'interprétation qu'en offre Antoine Tomé. Le danger en effet, était de clore le roman sur lui-même en proposant par exemple une lecture "blanche" du texte ou en en imposant une lecture par trop subjective. La force d'Antoine Tomé aura été d'incarner les personnages du roman sans les déposséder de leur mystère. Il joue, il ne joue pas, interprète, prend ses distances et surtout, signe sans cesse l'adresse de sa performance : l'auditeur. Par des marques infimes souvent, donnant par exemple à entendre son propre souffle qui suspend le récit d'une expiration grandiose pour nous laisser un instant seuls, congédiés dans le grain de sa voix. Une suspension du récit qui au fond nous restaure dans un droit identique à posséder l'œuvre, tout comme il s'en est emparé. À qui appartient-elle au juste ? C'est la question même que Stephen King pose. À l'auteur ? Au comédien qui l'interprète ? Au lecteur, au spectateur qui la découvre ? Antoine Tomé, par sa lecture insistante, au sens qu'un Jean Bollack donnait à ce terme, ne cesse de nous tester sur ce point. Il lit et ne lit pas, interprète et ne lève jamais complètement le paradoxe du comédien, assumant in fine totalement sa responsabilité devant le récit et ses personnages.

NdR - 2 CD MP3, 14 h 39 d'écoute.

Citation

Cette connerie c'est des conneries, se disait Morris. Cette connerie c'est des conneries. Peut-être bien. Mais merde, il regrettait de pas l'avoir tuée.

Rédacteur: Joël Jégouzo vendredi 15 avril 2016
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