L'Art du crime

De cette pègre de papier émergent, parmi tant de mines patibulaires surmontées de casquettes à pont, les figures de quelques criminels d'exception : Vacher l'éventreur, Liabeuf le cordonier anarchiste, ou Antony Thomas, 'le cambrioleur d'église'.
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Bande dessinée - Policier

L'Art du crime

Assassinat - Faits divers MAJ jeudi 28 avril 2016

Note accordée au livre: 4 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 18 €

Brendan Kemmet (scénario), Angelo di Marco (dessin)
Paris : Steinkis, novembre 2015
116 p. ; illustrations en couleur ; 26 x 20 cm
ISBN 979-10-90090-88-0

Noirs desseins

Voici un recueil indispensable consacré au maître des illustrateurs des journaux populaires de faits divers. Né en 1927, Angelo Di Marco commence sa carrière à dix-huit ans et publie de nombreuses bandes dessinées mais aussi des dessins réalistes dans la presse du genre, de Détective à Qui, Police ? en passant par Radar, La Vie parisienne et France-Soir. L'âge venant, avec la popularité et surtout le goût du second degré, voilà Di Marco récupéré par L'Événement du Jeudi, Libération, Télérama, Le Monde... Autant dire qu'il incarne un sous-genre à lui tout seul ! Les quinquagénaires et peut-être même les quadragénaires gardent en souvenir ces pages-annonces punaisées sur panneau devant les maisons de la presse où, sous un slogan racoleur, s'affichait en contreplongée ou en plongée, une victime au visage contracté par l'épouvante tandis qu'en arrière-plan se distinguait un train, une voiture, une cascade, un gouffre, un lion ou un incendie, bref LE danger imminent ! Le génie de Di Marco était de saisir, et encore mieux que Cartier-Bresson, le fameux "instant décisif" : ce quart de seconde où tout bascule dans la tragédie.
Le (ou la) coupable n'était pas oublié(e). L'assassin était là, en profil perdu, dans un coin de la page, le corps hors champ, sa main tenant la ficelle, la corde, le poignard, le pistolet, le piolet, la fiole de poison, bref L'arme du crime ! Assassin, victime, moyens et circonstances, tout était donc réuni en une illustration pour pousser le lecteur à découvrir ensuite le récit détaillé de cette histoire à faire peur...
L'ouvrage incriminé reprend des illustrations en pleine page avec un détail agrandi. Ce détail agrandi était-il indispensable ? Il aurait pu laisser la place à d'autres illustrations. Le choix des histoires aurait pu être plus "second degré" à l'exemple de : "Il attache sa femme et son rival sur les rails" (en couverture) ; "Le Train déraille dans le bayou infesté" ; "Elle achève son mari sur son lit d'hôpital" ou "Emmurée vivante avec son amant". Ce sont ces histoires-là et ces phrases choc qui ont fait la gloire de Di Marco. Mais cela ne change en rien la qualité des illustrations d'affaires plus connues comme "L'Assassinat de Kennedy", "Omar m'a tuer", "Le Petit Grégory" ou "L'Enlèvement du baron Empain".
La bonne idée est d'avoir confié à Brendan Kemmet le soin de résumer l'histoire. Les éditions Hoëbecke avaient publié en 1992 un grand beau livre sur Di Marco mais avec l'impasse sur le texte ce qui est quand même frustrant. Ici, Brendan Kemmet parvient même à résumer avec compétence des affaires très étalées dans le temps comme celle d'Omar Raddad ou de Grégory Villemin. Subsistent des petits dysfonctionnements entre texte et image. Par exemple, dans "Mesrine abattu", l'illustration (il doit s'agir de l'enlèvement d'Henri Lelièvre) est incompréhensible avec son flic suspendu en l'air et à l'envers. L'assaut de la ferme où s'étaient cachés les membres d'Action Directe est illustrée par une attaque contre deux flics dans un parking en sous-sol ! Il en est de même à propos de la femme du pharmacien allemand qui l'empoisonne au thallium. Le rédacteur explique l'affaire et détaille les effets du thallium sans se préoccuper de l'illustration qui représente la femme avec des ciseaux en train de couper le tuyau d'oxygène à l'hôpital ! Qui est l'homme qui semble voler le dossier "Grégory" dans l'obscurité (une lampe de poche allumée est posée à côté de lui) ? Nadine Vaujour pilotait un hélicoptère pour faire évader son mari. "À bord, le complice met en joue les surveillants avec un fusil d'assaut." Sur l'illustration, il est sur le toit avec le deuxième candidat à l'évasion. Tous ces détails non explicités, (même s'ils s'avèrent transformés par la rédaction ou l'illustrateur) perturbent la lecture.
"Emmurée vivante avec son amant", publié dans Qui, Police ? clôt cependant l'album en beauté. Brenda Kemmet résume non seulement l'histoire mais fait état de ses recherches pour la vérifier. Et là... Surprise !
Au final, outre les illustrations toujours incroyables et qui sont au cœur de l'ouvrage, le mérite de ce recueil est de faire redécouvrir aux jeunes générations un style de dessin de presse s'apparentant aux fameux pulps américains. Autre mérite, la mémoire des faits divers terribles comme l'incendie du 5-7 titré, cyniquement, "Le Bal des maudits", ou "Le Drame du barrage de Malpasset" qui ne doivent pas être oubliés.
Angelo Di Marco est un monument du fait divers !

Citation

Fin 1946, Ellen Peper surprend son mari et sa voisine en délicate posture. Les amants lui annoncent qu'ils vont partir, ensemble. Ellen Peper ne veut pas de scandale et leur propose un cocktail d'adieu...

Rédacteur: Michel Amelin jeudi 28 avril 2016
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