Meurtris

À ce point de l'histoire, impossible de vous dire, lectrice chérie, lecteur adoré, si ce nom était déjà inscrit sur le collier lorsque la minette fit la rencontre de Bénuchot, pour la bonne raison que celui qui écrit ce livre n'était pas là pour le constater.
Jean-Jacques Reboux - L'Esprit Bénuchot
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vendredi 19 avril

Contenu

Roman - Noir

Meurtris

Social - Faits divers MAJ samedi 11 juin 2016

Note accordée au livre: 4 sur 5

Grand format
Inédit

À partir de 12 ans

Prix: 15,5 €

Siobhán Parkinson
Bruised - 2011
Traduit de l'anglais (Irlande) par Dominique Kugler
Paris : L'École des loisirs, mai 2016
206 p. ; illustrations en noir & blanc ; 22 x 15 cm
ISBN 978-2-211-20819-2
Coll. "Médium GF"

Le poids des responsabilités

Jono a une petite sœur qu'il adore, Julie, une petite fille espiègle et drôle ; il a aussi une mère, qui boit trop, chaque jour, et dont il pallie depuis des années les manquements. Mais il les aime toutes les deux et est résolu à conserver le semblant de famille qu'il a – et il y est très bien parvenu jusqu' à il y a peu. Pourtant, depuis que sa grand-mère est décédée, il n'a plus de soutien, ni d'endroit où se réfugier avec sa sœur quand sa mère est trop ivre pour se maitriser. Arrive donc ce qu'il craignait depuis toujours : un soir, c'est sa petite sœur qui fait les frais d'un de ses accès de violence. Jono n'a alors plus d'alternative – car appeler la police reviendrait à alerter les services sociaux et conduirait très probablement à leur séparation : il doit quitter la maison et les éloigner tous les deux d'une mère devenue dangereuse. Commence alors un périple incertain pour les deux enfants, une aventure émouvante sublimée par les mots et la plume de Siobhán Parkinson. Jono le sait, cette fois les mensonges ne suffiront plus, et les bleus sur le visage de Julie ne pourront être justifiés. Si pour protéger sa sœur et sa mère, et leur permettre de rester malgré tout ensemble, il avait toujours tenté de trouver des excuses et des raisons valables, il lui faut bien admettre cette fois que sa mère est allée trop loin. Quelle cruelle découverte que cette violence exercée sous l'emprise de l'alcool d'une mère sur ses enfants... On sent la révolte, la tristesse de ce jeune garçon devenu trop vite adulte. Entrecoupé par le récit de ses plus beaux mais aussi de ses pires souvenirs d'enfant, la narration de la fugue des enfants est passionnante. En même temps que les kilomètres parcourus, ce sont ses émotions, regrets et désillusions que décortique Jono en écrivant ce cahier de bord. Il couche sur le papier ce qui aurait pu être, ce qui est finalement, et ce qu'il peut offrir à Julie pour la suite. Il nous tire tour à tour les larmes et des sourires, nous expliquant la complexité de ses situations familiales dramatiques, et de ces enfants qui se débattent face à des adultes et un système qui trop souvent les malmènent. Mené à la première personne, ce roman jeunesse est largement caractérisé par l'authenticité et la sincérité de son ton dues à ce choix narratif. En découvrant la situation à travers le regard de ce jeune garçon, nous sommes comme lui tiraillés entre la condamnation du comportement de la mère démissionnaire et l'amour inconditionnel qu'un enfant, aussi conscient soit-il des manquements de sa maman, porte à ses parents. Nous comprenons donc le dilemme auquel il est confronté mais aussi la clairvoyance de ses réflexions : sans juger sa mère, il sait qu'il ne peut compter que sur lui pour protéger sa sœur, devenue sa priorité. Et nous sommes submergés dès les premières lignes par l'amour qu'il lui voue et qui le pousse à multiplier les risques pour fuir le danger que représente leur mère. Quand l'amour entre en ligne de compte, plus rien ne relève de l'évidence, et c'est ce que nous démontre avec talent Siobhán Parkinson. La détermination de Jono à préserver Julie est mise en mots avec justesse, et l'auteur nous offre ainsi un roman émouvant et fort qui, s'il aborde un sujet régulièrement choisi par la littérature jeunesse, est ici particulièrement bien développé.

Citation

On croit que les adultes sont tous plus ou moins les mêmes, et qu'ils savent des tas de choses que nous on ignore. On n'imagine pas que certains d'entre eux sont mabouls.

Rédacteur: Catherine Thiéry jeudi 02 juin 2016
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