Meurtres rituels à Imbaba

De temps en temps, quelqu'un rentrait chez lui et trouvait un junkie oscillant au beau milieu du salon avec un four à micro-ondes dans les bras, et il appelait la police. Le junkie avouait vingt ou trente autres cambriolages à prendre en considération par le juge pour le faire condamner. Puis ces cambriolages étaient classés avec la mention 'résolu', et chacun se sentait plus fier de lui-même.
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mardi 16 avril

Contenu

Roman - Policier

Meurtres rituels à Imbaba

Ethnologique - Tueur en série - Religieux - Terrorisme - Urbain MAJ mardi 13 septembre 2016

Note accordée au livre: 4 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 21,5 €

Parker Bilal
Dogstar Ring - 2013
Traduit de l'anglais par Gérard de Chergé
Paris : Le Seuil, février 2016
396 p. ; 23 x 15 cm
ISBN 978-2-02-114194-8
Coll. "Policiers"

Victoire des ténèbres

Le Caire à l'aube des années 2OOO. Makana, le personnage central de ce nouveau roman de l'auteur anglo-soudanais Parker Bilal, est un ancien policier soudanais, obligé de fuir son pays phagocyté par les islamistes. Réfugié en Égypte, il croit pouvoir se reposer comme détective privé mais le monde moderne le rattrape. Or ce monde moderne, c'est le retour du religieux et des forces spirituelles. Aussi va-t-on croiser un ange qui parcourt les toits de la ville et protège les coptes, des références constantes à l'apocalypse, des appels d'imams à une plus grande rigueur morale et une guerre larvée entre les musulmans et les chrétiens dans les rues des villes égyptiennes. C'est au fil de l'enquête le passage en revue de la situation au Caire (et plus tard dans les lieux touristiques le long du Nil) qui constitue une évocation sensible, intelligente et très prenante, statistiquement bien rendue, de la vie quotidienne : police politique qui arrête les islamistes car mieux vaut une dictature militaire qu'une dictature religieuse, gabegie financières et scandales incessants, grouillements des paumés, des petites gens qui doivent survivre entre les différents pouvoirs légaux ou illégitimes qui gangrènent la ville (on verra successivement des parrains locaux, un chef de la police politique, des policiers dépassés, un chef religieux illuminé), orphelins abandonnés par leurs familles et que tente de sauver un prêtre bien esseulé, attaques d'un responsable religieux qui utilise les anciennes ficelles antisémites des nazis qu'il réactive contre les chrétiens, insalubrité et chaos urbain.
L'enquête est simple au départ le responsable de l'Ibis bleu, une agence de tourisme, a peur car il reçoit des lettres anonymes. Mais Makana en menant ses investigations découvre des éléments plus complexes qui le mettent sur la trace d'une part d'une importante affaire de blanchiment d'argent afin de financer les réseaux terroristes et, d'autre part, sur un dangereux tueur en série qui sème dans la ville les cadavres de jeunes adolescents torturés. Ce tueur se déguise-t-il en ange qui vole de toit en toit ou bien, au contraire, cet envoyé divin n'est-il pas un autre inspecteur céleste envoyé pour confondre le coupable ? L'intrigue est construite de manière intelligente et rythmée. Par delà l'histoire, la tentative de Bilal Parker de restituer l'esprit de Raymond Chandler ou Dashiell Hammett pour l'âge d'or du roman noir, ou celui de Jean-Patrick Manchette ou Didier Daeninckx pour une période plus récente, c'est-à-dire de présenter une situation politique et humaine, complexe, au sein d'une histoire policière de qualité. Avec une pointe de cynisme, Bilal Parker montre comment les extrémistes se renforcent les uns les autres, comment sous couvert de principes, certains pensent surtout à s'enrichir ou à augmenter leur pouvoir. Malgré la résolution de l'énigme, le récit s'achève par la vision des deux tours du World Trade Center s'écroulant le 11 septembre 2001, annonciatrice de la réussite ironique de l'apocalypse annoncée dès les prémices de son roman.

Citation

Nous ne savons pas si nous sommes éveillés ou endormis. Lumières, films, musique... tout ça, c'est un sortilège qui maintient le peuple dans un profond sommeil. Qui va nous réveiller ?

Rédacteur: Laurent Greusard mardi 13 septembre 2016
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