Les Arbres, en hiver

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vendredi 29 mars

Contenu

Roman - Policier

Les Arbres, en hiver

Social - Tueur en série - Drogue - Rural MAJ mardi 18 octobre 2016

Note accordée au livre: 4 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 12,9 €

Patrick Eris
Gudensberg-Gleichen : Wartberg, octobre 2016
218 p. ; 20 x 12 cm
ISBN 978-3-8313-2799-7
Coll. "Zones noires"

Retour à la forêt

Nous ne vous tromperons pas. Sous le pseudonyme littéraire de Patrick Eris se cache Thomas Bauduret, chroniqueur émérite (parce que impénitent lecteur de l'œuvre de James Patterson) et de la première heure de k-libre. Mais l'homme a un parcours d'exception et une culture à l'image de son parcours. Il est, a été, sera à nouveau à n'en pas douter, romancier, traducteur de l'anglais, directeur de collection, animateur de revues, avec toujours en point d'orgue l'idée de faire resplendir la culture populaire. Donc cette chronique pourra être taxée de subjectivité. Il n'en demeure pas moins qu'avec Les Arbres, en hiver Patrick Eris nous propose l'un de ses romans les plus ambitieux et les plus aboutis.
Son narrateur est un simple adjudant de gendarmerie de Clairvaux-les-Lacs, une petite commun du Jura, non loin de Lons-le-Saunier, autant dire en plein cœur de la Plouquie, comme il le dit lui-même avec toute l'affection qu'il y met. À la tête du Scooby Gang (composé de Serge et Caro), il n'a à faire qu'à des délits mineurs. Ceci expliquant cela, c'est peut-être pour ça qu'ils n'ont qu'une vieille voiture de fonction et que de vieux ordinateurs qu'il faut sans cesse dépanner. Le narrateur est à l'image de son créateur. Il possède une connaissance vaste du cinéma populaire et il passe son temps libre dans son appartement à écouter les Variations Golberg (il n'y a pas de frontières entre les cultures populaires et classiques). Surtout, il considère (le narrateur, pas le romancier) qu'il a un lien ténu avec la forêt qu'il se doit d'entretenir. Seulement, la forêt est corrompue et pas seulement parce que sur les ondes cathodiques passe en boucle l'émission de télé-réalité "Rameau doré" qui abêtit les masses qui ne demandent qu'à être incultes. La forêt est corrompue parce qu'elle accueille en son sein un être malfaisant. La petite équipe de gendarmes ne va pas tarder à se retrouver aux prises avec un tueur en série, un serial killer, qui plus est familicide. En l'espace de quelques jours trois familles de trois demeures isolées sont retrouvées sauvagement assassinées. Le pire dans cette histoire, c'est que cela n'intéresse personne. C'est donc avec les moyens du bord que l'adjudant va devoir enquêter. Il va se retrouver peu à peu de plus en plus esseulé et va en faire une affaire personnelle.
Bien entendu, résolution de l'énigme, il y aura, et elle sera limpide avec un hommage à l'un des auteurs que Patrick Eris a contribué à faire connaître puisque le coupable a le même nom, ami lecteur tu peux enquêter). Ce qui est intriguant dans cette intrigue, c'est son traitement. Ici, point de tueur en série retors prêt à affronter des enquêteurs aussi intelligents que lui avec des moyens démesurés. On est en plein Jura avec des personnages simples et faillibles, laborieux dans leur enquête et surement pas rigoureux. Ils n'ont pas l'habitude de ces enquêtes et ne cessent de se le ressasser. Alors ils piétinent beaucoup et parfois énervent le lecteur aguerri. Mais c'est à dessein. Patrick Eris dresse en parallèle le portrait actuel de notre société avec à la fois fatalisme et aigreur. On sent le romancier attiré par un retour à la nature et révulsé par ses congénères (qui génèrent des cons). Alors bien sûr, on observe quelques tics d'écriture, d'autres de langage (quand avant tout on le connait personnellement), il ne va pas forcément au bout de son ambition littéraire (dans le traitement de la forêt), mais l'histoire est trépidante, sans temps mort, avec une enquête plaisante à dérouler et une fin emplie d'amertume et de noirceur. Comme peut l'écrire lui-même en ces pages : contrat rempli, et amplement !

Citation

Je m'aperçus alors que sans m'en rendre compte, je me cognais doucement le front contre le haut de mon ordinateur. Ce qui, somme toute, était une métaphore parfaite de cette putain d'enquête.

Rédacteur: Julien Védrenne lundi 17 octobre 2016
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