Message personnel

Trente ans, c'est plus qu'assez vieux pour être policier. Mais je n'arrive pas à voir Mark Wren en homme de trente ans – je revois un adolescent de quatorze ans, couvert d'acné, avec du duvet sur la lèvre supérieure, se voûtant pour compenser sa carcasse de 1,87 mètres. Je me demande s'il se souvient de nous. S'il se souvient du jeu.
Ruth Ware - Les Cinq règles du mensonge
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vendredi 29 mars

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Roman - Espionnage

Message personnel

Économique - Social - Corruption - Finance MAJ lundi 19 décembre 2016

Note accordée au livre: 5 sur 5

Poche
Réédition

Tout public

Prix: 9,9 €

Arne Dahl
Viskleken - 2011
Traduit du suédois par Rémi Cassaigne
Arles : Babel, novembre 2016
564 p. ; 18 x 11 cm
ISBN 978-2-330-07049-6
Coll. "Noir", 168

L'horreur mondialisée

Voilà un livre auquel il est d'entrée imposé un double handicap : la couverture la plus HIDEUSE que l'on puisse imaginer (un grand bravo au prodigieux maquettiste capable d'enlaidir à ce point une forme de base allant déjà très loin dans la laideur) et une liste de personnages d'une quinzaine de noms tous plus rébarbatifs les uns que les autres et occupant divers postes importants au sein des polices européennes. Pour le surmonter, le recenseur doit mobiliser les ressources ultimes de son sens du devoir, à l'idée des cinq cent soixante-quatre pages qui l'attendent.
Et cela ne s'arrange pas au début de la lecture, puisqu'il se trouve face au récit d'un massacre perpétré en 1692 en un lieu dont le nom est lui-même sinistre : Glencoe. Et cela débouche sur le sommet du G20 réunissant à Londres Obama, Sarkozy, Brown, Hu Jintao et autres potentats, l'évocation d'une Apocalypse financière et la mort d'un Chinois, fauché par une voiture manifestement pour l'empêcher de confier à un officiel occidental ce qu'il désirait lui dire. On peut rêver plus drôle en une vingtaine de pages. Le polar n'est certes pas fait pour être drôle (encore que certains prodiges y soient parvenus) mais tout de même. Le chapitre suivant narre la surprise d'une femme de ménage chinoise (travaillant bien entendu au noir), lorsqu'elle tape un mot sur le clavier d'ordinateur de son employeur, à Stockholm. C'est le troisième chapitre qui nous introduit au cœur du sujet : le groupe "Opcop" d'Europol, placé sous la direction du Suédois Paul Hjelm et par nature international (mais de façon sélective), dont l'existence doit rester secrète au moins provisoirement. Puis nous prenons connaissance de la première de cinq lettres électroniques échangées par deux survivantes du 11-Septembre (normalement, elles auraient dû se trouver dans l'une des tours au moment fatal). L'une d'elles, qui se fait appeler Ariane, demande à l'autre (Phèdre) si elle veut bien l'aider à dévider la pelote d'un fait effrayant dont elle vient d'avoir connaissance tout à fait par hasard. Et l'intrigue s'enclenche autour de la découverte de la femme de ménage et sur celle d'un cadavre, à Hampstead Heath, à Londres, dans l'anus duquel a été glissé un message à l'intention de l'Opcop d'Europol (pourtant "inexistant ").
C'est donc du polar au plus haut niveau de technicité et de complexité auquel le lecteur a affaire. Pour suivre l'action, il n'est pas inutile d'être informé sur les derniers en date des moyens de communication électronique, les produits ignifugeants bromés et substances perfluorées, la 'Ndrangheta, le tibétain (et la prononciation du mandarin), l'hyperhydrose, les sarcophages romains, l'ornithologie (et les films de James Bond !), l'hypnose, les circuits financiers internationaux, l'héroïne nord-coréenne, etc. Une véritable encyclopédie, à dimension futuriste, en plus ! Que l'on se rassure, pourtant, cela reste très lisible, voire passionnant, à certains moments, la fin est même un peu trop haletante et tout s'explique un peu trop bien, comme c'est volontiers le cas dans les polars savamment concoctés. Mais l'ensemble est horriblement convaincant, même si le lecteur potentiel doit être averti qu'il ne parviendra sûrement pas à tout comprendre, dans ce livre qui fait froid dans le dos quand on pense que l'essentiel de ce qui y est révélé n'est sans doute que trop vrai ou du moins vraisemblable, et qu'il ne faut pas s'attacher aux endroits où il se déroule précisément : son cadre, c'est le monde entier et en même temps, mondialisation oblige.
On a ainsi l'un des réquisitoires les plus effrayants que l'on puisse imaginer sur ce phénomène que l'on nous décrit comme aussi irréversible que totalement suicidaire pour l'Humanité dans son ensemble, et une splendide illustration du pouvoir démoniaque engendré par tous les moyens modernes de communication, y compris les réseaux qualifiés de "sociaux". Au total : une lecture dont on ne ressort pas indemne et sans se demander ce que l'auteur pourra inventer de plus effrayant encore dans les futurs volumes de ce qui est présenté comme une série à compléter.

Citation

C'est une histoire sans commencement, une histoire où tout est déjà en cours, où rien ne peut commencer sans que tout le reste soit déjà à l'œuvre. C'est un univers en spirale descendante.

Rédacteur: Philippe Bouquet lundi 19 décembre 2016
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