Le Blues de La Harpie

Aucune mansuétude envers l'ennemi et leurs collabos, la haine appelle la haine, inch'Allah. Docilement, le barbu hoche la tête en signe d'approbation. Émettre la moindre des réserves n'est pas inscrit au programme. Ni souhaitable.
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vendredi 29 mars

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Roman - Noir

Le Blues de La Harpie

Social MAJ vendredi 27 janvier 2017

Note accordée au livre: 4 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 21,5 €

Joe Meno
How the Hula Girl Signs - 2001
Traduit de l'anglais (États-Unis) par Morgane Saysana
Paris : Agullo, janvier 2017
308 p. ; 21 x 15 cm
ISBN 979-10-95718-14-7
Coll. "Agullo Fiction"

Des oiseaux et des hommes

Le Blues de La Harpie, de l'Américain Joe Meno, est une histoire d'amitié entre deux ex-taulards en quête de rédemption et qui tourne mal. Le premier, Luce Lemay n'était pas destiné à devenir délinquant, mais il a commis un petit braquage et, sur le retour, a écrasé un landau et le bébé qui s'y trouvait. S'il a fait trois ans de prison, et qu'il est encore hanté par son geste, la bonne société entendra par la suite le lui faire expier. Junior Breen, lui, serait sûrement à classer parmi les délinquants sexuels. Il a un petit côté attardé, et c'est un enfant dans un corps imposant d'adulte. Pour tout dire, il n'est pas sans rappeler Lennie Small, l'un des deux protagonistes du roman Des souris et des hommes, de John Steinbeck, auquel ce livre fait irrémédiablement écho. C'en est encore plus flagrant lorsqu'on le découvre caressant un oiseau mort, qu'il finira par enterrer énucléé. Malgré ça, Junior Breen est plutôt sympathique (pour peu qu'il ne tente d'imposer certains jeux sexuels à des prostituées) et fidèle en amitié, prêt à mettre son dernier cent dans la balance pour acheter une voiture rutilante et tape à l'œil. Seulement, dans cette petite ville de La Harpie, dans l'Illinois, les habitants ont la mémoire facile, et le pardon difficile. Malgré leur intégration par le biais d'un travail dans une station service – Junior Breen se sert des panneaux lumineux pour distiller des poèmes de son cru -, malgré deux chambres contigües dans une étrange pension, malgré Charlene dont Luce tombe amoureux fou, ou peut-être à cause de tout ça justement, les habitants vont commencer à devenir violents. D'abord verbalement. Puis les premiers à lancer des pierres seront des gamins, dont un on ne sait trop pourquoi. Ensuite, ce sera une voiture qui brûlera puis des balles qui seront tirées. L'escalade inéluctable qui ne pourra conduire qu'à la fuite, à l'affrontement, à la mort. Cette montée de la violence assortie au portrait saisissant de Luce Lemay donne à ce roman un aspect singulier. Luce Lemay est un individu qui veut à la fois être sauvé et détruit alors il se fixe des buts qu'il sait vains et il fuit ses responsabilités et une certaine idée du bonheur. Pourtant, le roman se clôt sur une incertitude, Joe Meno laissant au lecteur de choisir pour lui la destinée de son héros. Mélancolique !

Citation

C'est peut-être pour ça que les gens ont des amis, en fin de compte. Pas parce qu'ils les apprécient tant que ça, mais plutôt parce qu'à leurs côtés, ils se sentent un peu moins minables.

Rédacteur: Julien Védrenne vendredi 27 janvier 2017
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