Le Ventoux pour témoin

En passant sous le ruban de police, je m'aperçus qu'une feuille de papier était restée collée sous ma chaussure ; c'était une fiche technique sur la directive Diesel que Sandrine avait emportée dans sa chute.
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mardi 16 avril

Contenu

Roman - Policier

Le Ventoux pour témoin

Assassinat - Gastronomie MAJ mardi 11 juillet 2017

Note accordée au livre: 2 sur 5

Grand format
Inédit

Tout public

Prix: 14 €

Robert Reumont
Orléans : Pavillon noir, avril 2017
248 p. ; 20 x 12 cm
ISBN 978-2-917843-31-4

Du vin rouge, divin blanc

J'ai espéré un temps (que j'évaluerais à une cinquantaine de pages) que l'intrigue de ce polar ferait pencher la balance de ma lecture vers la joie plutôt que vers l'ennui. Malheureusement, ce ne fut pas le cas. Je suis toujours désolé de dire ça car il y a derrière chaque bouquin, qu'on y adhère ou pas, des heures et des heures de travail d'un écrivain. Pas seulement à la table devant son écran, mais aussi dans son ciboulot à se torturer les méninges pour que son histoire tienne la route. Et, à la base, elle tient la route l'histoire de Robert Reumont. Le cadavre d'un jeune homme, Bruno Moustiès, est retrouvé près du "mur de la peste" sur le Mont Ventoux. Le fait que la victime soit vigneron et que ses parents soient viticulteurs font que l'enquête est confiée à trois spécimens de l'OENO (Office National des Enquêtes Œnologiques). Le commissaire Placide Boistôt, sa collaboratrice Wyvine, au caractère bien trempée, et l'inventif Joseph Marnay débarquent dans le Vaucluse pour prêter main forte au natif de l'étape : le pittoresque commissaire Roustagnou. Le lieu où le corps a été découvert n'est pas un hasard. Bruno n'a pas été tué là, mais si son cadavre y a été "déposé" c'est pour une raison bien précise. Laquelle ? D'interrogatoires en interrogatoires, Placide, Wyvine et Joseph remontent le temps, plongent dans les dernières semaines de vie de Bruno pour tenter de trouver son meurtrier et de comprendre les raisons de son assassinat. Rapidement, le trio découvre que le garçon de bonne famille fréquentait depuis peu une certaine Faïqa Khafi, musulmane pratiquante, ce qui n'était ni du goût de ses parents, ni du goût du père et des frères de la jeune femme.
Donc, à la base, elle tient la route l'histoire de Robert Reumont. Le problème c'est qu'elle a plusieurs problèmes. Des problèmes qui la plombent terriblement. D'abord, à mon sens, elle est beaucoup trop longue. Près de trois cent cinquante pages pour une solution qui apparaît évidente deux cents pages plus tôt ! Alors c'est vrai, je lis beaucoup de polars, et j'ai sûrement des réflexes de déduction aiguisés dus à ma consommation élevée de romans à intrigues mais, quand même, je suis loin d'être Sherlock Holmes ! À aucun moment je ne me suis posé de questions, j'ai douté de ce que je pensais, j'ai changé d'avis à l'entrée en scène d'un nouveau personnage. Non, je savais directement où on allait et, sans surprise, on y a été. Ensuite, les personnages se veulent truculents mais ils ne le sont pas. Ils n'ont tous qu'une seule couleur, qu'un seul trait de caractère dont l'auteur abuse jusqu'à ce qu'on ne les supporte plus (ce qui est quand même emmerdant pour des héros). L'humour est un peu facile et l'ensemble est très naïf. Entre autre qu'une femme flic (Wyvine, décrite en plus comme une bombasse à la plastique plus que parfaite de face comme de dos) aille seule (à la Bébel version polar musclé des années 1980) dans une cité aux mains des cailleras, c'est-à-dire une cité où les flics n'ont plus le droit de foutre ni les pieds, ni les roues (mais qui est le con qui a supprimé la police de proximité ?), pour ramener un chef de bande de treize ans, et réussir à le convaincre en lui disant simplement : "T'es pas cap' de me reconduire avec ton scoot' jusque devant le commissariat" (bon entre temps elle lui a acheté un portable volé pour lui donner confiance)... Heu, comment dire ? Non. Pour avoir des amis dans la police (j'assume), franchement : non. Ou alors faut écrire une parodie. Mais là, ce n'est pas l'intention de l'auteur. Pour finir, j'ai été dérangé par une sensation désagréable de règlement de compte envers le Prix Goncourt (pour avoir récompensé Les Bienveillantes de Jonathan Littell en 2006) et envers Amélie Nothomb (dont le sujet du roman Acide sulfurique sert d'excuse). Je trouve cette démarche inutile et surtout malhonnête. Et si je me trompe, s'il n'y a pas règlement de compte, la façon dont sont désignées ces deux romans (mais l'impression demeure que l'auteur en veut à l'Académie Goncourt de son choix et à Nothomb) est plus que maladroite et prête réellement à confusion sur le contenu des dits romans.

Citation

Elle me reconfie ses lèvres suaves puis file sans se retourner. Ces baisers en pareille circonstance ont une saveur intense à la fois délicieuse et amère. Chaque fois, je crains que ce soit le dernier. Déjà à notre première enquête, Wyvine m'avait embrassé avec cette même fougue généreuse, dans les mêmes circonstances et... je l'ai retrouvée à demi-morte prise à son propre piège.

Rédacteur: François Legay mardi 11 juillet 2017
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